Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 6 – Le principe de segmentation

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Votre mission aujourd’hui est la suivante : vous devez transmettre en vidéo 4 heures de contenu sur les différents types de tabourets, leurs caractéristiques, leurs origines et leurs utilisations.

Bien que le sujet soit passionnant, 4h c’est long, même pour un amateur de mobilier d’intérieur. Vous avez pourtant appliqué tous les principes précédemment présentés pour réduire la charge extrinsèque du dispositif. Mais votre apprenant se met à bailler, votre vidéo de 4h ne passe pas.

Vous en êtes aux différentes étapes de construction d’un tabouret, moment décisif de la présentation. Malheureusement, l’apprenant n’a pas le temps d’assimiler l’étape 1 avant que la seconde ne soit présentée. Il est donc à la fois ennuyé et fatigué, mais n’est pas non plus capable de comprendre globalement les différentes étapes de construction. Il pourra éventuellement se souvenir d’un élément en particulier mais aura du mal à s’approprier l’essentiel des informations proposées.
 

Bref, votre apprenant a décroché. Mais pourquoi ?

 
Voici une hypothèse proposée par la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia (Mayer, 2004) : confrontée à une leçon multimédia présentée d’un seul trait, la mémoire de travail de votre apprenant est surchargée face à la complexité du matériel. La quantité nécessaire pour traiter le matériel dans le temps imparti est inférieure aux capacités réelles de votre apprenant. Pour reprendre le vocabulaire utilisé dans le cadre de cette théorie, la charge intrinsèque de votre dispositif (complexité du matériel) est trop grande, ce qui nuit au déploiement des ressources en charge utile nécessaire à l’apprentissage.

Une solution à ce problème est le principe de segmentation, composé de deux caractéristiques essentielles :

– Premièrement, le principe recommande de segmenter votre leçon en différentes parties présentées succinctement. Par exemple, plutôt qu’une grosse vidéo de 15 minutes sur les différents bois de tabouret, choisissez de réaliser une vidéo de 3 minutes sur les tabourets en bois de chêne, une autre sur les tabourets en osier et une dernière sur les tabourets en bambou (et pourquoi pas ?).

– La deuxième caractéristique de ce principe est de permettre à votre apprenant d’avoir le contrôle du rythme de présentation entre chaque partie (un e-learning en somme). Par exemple en utilisant un bouton « continuer » entre chaque segment ou des interfaces plus complexes telles qu’un système de chapitrage, de liens, d’onglets, etc.

Si vous respectez ce principe l’apprenant s’approprie en profondeur les informations avant de passer à l’étape suivante. Si cela est nécessaire, il peut aisément revisionner la séquence.

Ce principe de segmentation est d’autant plus important pour des apprenants disposant d’une faible capacité de mémoire de travail (qui ne sont pas capables de stocker un grand nombre d’informations en même temps) comme les enfants. Le principe est également très intéressant lorsque votre apprenant n’est pas du tout familier avec le sujet ce qui est très improbable dans notre exemple (qui pourrait ne jamais s’être intéressé aux différents types de tabourets ?).

Ainsi, en segmentant le contenu proposé, vous permettez à l’apprenant de :
s’approprier le contenu à son rythme et revenir plus facilement sur un aspect en particulier
– et donc réduire la charge intrinsèque de votre dispositif (complexité du matériel à apprendre)

De plus, en segmentant votre dispositif en différents modules, vous pouvez faire évoluer le format de présentation (mini-jeux/vidéo/infographie).
 
 
Je parlerai dans un futur article de l’avantage de l’apprentissage distribué (réparti dans le temps) par rapport à l’apprentissage massé (en une fois). Pour résumer, segmenter le contenu et le répartir dans le temps est beaucoup plus pertinent que présenter un gros contenu en une seule fois.

Bon je retourne à ma formation sur les tabourets
, qui est bien plus passionnante et stimulante que ces articles ! À la semaine prochaine.
 
 
Et si vous voulez en savoir plus sur la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia :
 
Article 1 : La surcharge cognitive
Article 2 : Le principe de cohérence
Article 3 : Le principe de signalisation
Article 4 : Le principe de redondance
Article 5 : Le principe de continuité
 
 


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Youri Minne

  • Doctorant en psychologie cognitive

Apprendre des connaissances c’est bien. Mais les transmettre, c’est encore mieux ! Ayant toujours été passionné par l’apprentissage durant mon cursus de psychologie, j’ai la chance d’écrire des articles de vulgarisation sur des théories scientifiques. J’espère ainsi, au travers de mes articles, transmettre mes connaissances avec la même passion qui m’animait lors de la découverte de celles-ci.

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