Engagez l’apprenant, rengagez l’apprenant qu’ils disaient, vous verrez du pays qu’ils disaient. Ce n’est pas toujours évident, et pourtant, c’est un facteur primordial dans la réussite de l’apprentissage. Alors, comment engager l’apprenant ?
Nous l’avions tout d’abord mentionné dans l’article sur le principe de personnalisation en évoquant la théorie de Social Agency qui postule que l’intégration d’indices sociaux dans une leçon multimédia va créer un rapport social chez l’apprenant. Ce rapport social va l’amener à mobiliser ses ressources cognitives et rendre l’apprentissage plus efficace.
Le principe d’embodiment développé dans la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia suggère qu’un agent pédagogique (AP) avec des gestes, expressions faciales et mouvements aide à apprendre plus profondément (Mayer, 2014). Ce principe répond donc à cette problématique, en intégrant un instructeur à l’écran qui va interagir avec l’apprenant et le guider dans son apprentissage.
Quels intérêts ?
Les résultats de méta-analyses récentes ont révélé que les AP ont un effet sur l’apprentissage notamment sur deux points :
– Premièrement, l’utilisation des AP dans l’apprentissage multimédia améliore les dimensions non-cognitives des élèves, telles que la motivation et l’engagement (Chin, Hong, Huang, Shen et Lin, 2016), notamment si l’AP s’adresse directement à l’apprenant et adopte la posture que pourrait prendre le formateur en présentiel. À cet égard, il permet de réduire la distance inhérente à un apprentissage multimédia.
– Deuxièmement, l’agent pédagogique améliore les dimensions cognitives de l’apprenant en attirant son attention sur les éléments importants du contenu présenté. On parle alors d’attention conjointe. Cet effet rejoint notamment le principe de signalisation déjà mentionné dans cette série.
Vous savez, je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais AP… (si)
Mais attention, tous les AP ne se valent pas. Pour préciser le rôle de l’AP, on intègre la notion de présence. On parle de présence lorsque l’apprenant a réellement l’impression que cet agent existe et est présent dans notre apprentissage. La présence de l’AP maintient l’engagement des apprenants et confère de la crédibilité aux activités de l’environnement d’apprentissage (Towns, Voerman, Callaway, & Lester, 1998). Plusieurs caractéristiques sont déterminantes :
– L’anthropomorphisation de l’AP (l’idée d’ajouter des caractéristiques humaines à l’agent), qui permet d’augmenter le sentiment de présence.
– Les gestes de l’AP : il est important que celui-ci soit animé et fasse beaucoup de gestes.
– Le regard de l’AP : l’agent pédagogique doit garder un contact visuel avec l’apprenant pour simuler une discussion.
– Les expressions faciales de l’AP : le fait que l’agent pédagogique ait des expressions faciales, notamment émotionnelles.
Les limites de l’AP
Les AP peuvent parfois agir en tant que distracteurs dans l’apprentissage. Par exemple, il a été montré que les apprenants passent 56% de leur temps à regarder l’agent (Van Mulken, Andre, & Muller, 1998).
On parle alors d’effet de split-attention : l’attention de l’apprenant est divisée entre le contenu à apprendre et l’agent pédagogique, ce qui puise des ressources cognitives. Les études montrent une augmentation de la charge cognitive extrinsèque dans l’apprentissage.
Moreno explique ainsi que la motivation procurée par l’agent pédagogique permet de compenser cette charge extrinsèque après un certain temps. Le design de l’agent pédagogique joue un rôle très important afin qu’il ne prenne pas une place trop dominante et qu’il n’ajoute pas trop de coût cognitif à la tâche.
Pour avoir plus d’informations sur l’agent pédagogique, je vous conseille la lecture de The design and impact of the pedagogical agent: a systematic literature review (2019) accessible gratuitement et qui décrit justement tous les éléments les plus pertinents dans le design de l’AP !
Et si vous voulez en savoir plus sur la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia :
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 1 – La surcharge cognitive
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 2 – Le principe de cohérence
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 3 – Le principe de signalisation
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 4 – Le principe de redondance
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 5 – Le principe de continuité
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 6 – Le principe de segmentation
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 7 – Le principe de pré-training
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 8 – Le principe de modalité
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 9 – Le principe de personnalisation
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 10 – Le design émotionnel
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 11 – L’agent pédagogique
– Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia : La fiche mémo Sydologie
apprentissage, Apprentissage multimédia, attention, Cognition, mémorisation, UX Design