Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 8 – Le principe de modalité

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Dans ce dossier, nous avons vu, avec le principe de redondance, qu’il était judicieux des présenter des informations complémentaires via différents canaux (visuel et auditif). Mais nous n’avons pas répondu à une seconde question : Est-il plus pertinent de présenter du texte écrit ou narré ?
 
Une réponse à cette question est le principe de modalité. Ce principe soutient que des mots parlés sont mieux retenus que des mots écrits. Une présentation multimédia classique comprend des images et graphiques accompagnées de textes. Cette approche peut surcharger cognitivement votre apprenant en surstimulant le canal visuel.
 
Par exemple, vous devez présenter une animation sur la construction d’un tabouret à votre apprenant. Vous accompagnez votre animation d’un texte explicatif permettant de mieux saisir toute la subtilité du tabouret. Dans ce cas, l’apprenant n’aura pas forcément la possibilité de suivre le texte et l’animation en même temps, et choisira donc de se fixer sur l’un des deux éléments (généralement l’animation). Pourquoi ? Car l’on surcharge le canal visuel de l’apprenant, qui doit donc restreindre l’allocation de ses ressources.
 
Une proposition de la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia est de présenter des informations textuelles via le canal auditif à la place du canal visuel. Par exemple en accompagnant le visuel d’une voix qui serait complémentaire (cf redondance) par rapport à ce qui est présenté à l’écran. Vous permettrez, par ce dispositif, à l’apprenant de se centrer sur l’animation et d’écouter en même temps la voix off qui l’accompagne.
 


 
Pour nuancer ce principe, les chercheurs ont établi un certain nombre de conditions dans lesquelles il apparait plus pertinent :
 
– Lorsque le matériel est complexe (théorie anthropologique du tabouret par exemple).
– Lorsque le rythme de présentation de l’animation est rapide.
– Lorsque l’apprenant n’est pas familier avec le matériel.
– Lorsque le texte est composé de mots complexes.
 
A contrario, ce principe est peu pertinent lorsque votre apprenant n’est pas familier avec la langue. Et, bien entendu, il faut également penser aux conditions dans lesquelles votre apprenant va être confronté avec le matériel. Si votre apprenant n’a pas la possibilité d’écouter le contenu, alors il passera à côté de la moitié des informations.
 
Bref, vous l’aurez compris, la prise en compte de son public est primordiale dans la conception d’un outil pédagogique. Dans votre quotidien de concepteur, vous devez parfois être confronté à un client qui ne sera pas le premier consommateur de votre e-learning. Le risque serait donc que le client ait des exigences entrant en contradiction avec ce qui devrait être fait suivant cette théorie en fonction du public ciblé.
 
J’espère que ces articles, et cette théorie, pourront vous aider à faire des choix pour concevoir des outils pédagogiques efficaces !
 
 
 
Et si vous voulez en savoir plus sur la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia :
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 1 – La surcharge cognitive
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 2 – Le principe de cohérence
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 3 – Le principe de signalisation
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 4 – Le principe de redondance
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 5 – Le principe de continuité
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 6 – Le principe de segmentation
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 7 – Le principe de pré-training
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 8 – Le principe de modalité
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 9 – Le principe de personnalisation
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 10 – Le design émotionnel
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia – Article 11 – L’agent pédagogique
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia : La fiche mémo Sydologie

 
 
 


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Youri Minne

  • Doctorant en psychologie cognitive

Apprendre des connaissances c’est bien. Mais les transmettre, c’est encore mieux ! Ayant toujours été passionné par l’apprentissage durant mon cursus de psychologie, j’ai la chance d’écrire des articles de vulgarisation sur des théories scientifiques. J’espère ainsi, au travers de mes articles, transmettre mes connaissances avec la même passion qui m’animait lors de la découverte de celles-ci.

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 Un commentaire


  • Belflifli Yahya

    Que la paix soit sur vous cher chercheur !
    Je tiens à vous remercier,cher artisant pédagogique,pour vos oeuvres qui traduisent et exhibent fienemt le sublime de votre univers intérieur . Je suis Yahya ,un enseignant du français en herbe,et militant de cette langue qui, Hélas,commence à perdre sa valeur au sein des pays francophones. Ma religion l islam a une corrélation avec ce que vous venez de transmettre, dans cet article appétissant et motivant : l apprnetissage du saint Coran joue un rôle primordial dans l épanouissement du système cognitif : il favorise les cellules de la mémorisation ainsi l appareil phonatoire et autres bienfaits qu on les siterait dans une occasion…
    Les maître apprennent à leurs disciples le saint Coran,primo , à travers l écoute, bien sûr avant l’apprentissage des lettres de l alphabet, ce qui facilite leur mémorisation, bien après…
    Avec mes élèves ,qui vivent dans un tribut rural,que le français est une langue étrangère et compliquée, jai essayé non avec magie,mais avec amour de cette mission sacrée qui est le enseignement,et l art de sa transmission que j avais reçu au sein de l organisation spirituelle qui m’adopote dont son guide était un grand pédagogue.

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