Donnez un marteau à un enfant, et il verra des clous partout, n’est-ce pas ? Enfin… les enfants ont bon dos : cette histoire est également valable pour nous, les adultes !
En effet, nous avons tendance à utiliser toujours le même outil, celui que l’on connaît le mieux, pour faire les choses. Quand bien même il ne serait pas le plus adapté à la situation (mais pourquoi utilisez-vous Word pour faire la plaquette de présentation de votre entreprise ???). Cette tendance a été théorisée et porte le doux nom de “Loi du marteau”, “Loi de l’instrument” ou encore “Marteau de Maslow”.
“J’imagine qu’il est tentant, si le seul outil dont vous disposiez est un marteau, de tout considérer comme un clou” Abraham Maslow, en 1966.
Quel risque en tant que concepteur de formation (ou formateur) ?
Lorsqu’on imagine une formation en présentiel, il peut nous arriver de privilégier le même brise-glace ou la même activité qui fonctionne bien. De même, lors de la conception d’un e-learning, on peut avoir tendance à utiliser le même outil ou le même mécanisme que l’on connaît bien, et qui nous semble a priori convenir.
Par exemple : je sais qu’avec le logiciel Storyline je peux réaliser une activité d’appariement utilisant un mécanisme de drag’n’drop (je l’ai déjà fait plusieurs fois). Alors, dès qu’un des objectifs pédagogiques est d’associer deux éléments, cette activité avec cet outil me semble la plus appropriée.
Nous agissons ainsi sans forcément avoir un œil neuf et faire le tour des outils à notre disposition, ou sans même se tourner vers de nouvelles choses que l’on n’aurait pas encore testées. Ceci converge vers l’idée que l’outil que nous utilisons n’est pas forcément toujours le plus adapté malgré le fait que nous le maîtrisions bien.
D’accord, mais est-ce si mal de fonctionner ainsi ?
Comme dans le cas de la majorité de nos biais cognitifs, prendre de tels raccourcis n’est pas absurde et nous permet, la plupart du temps, d’être efficace. En effet, apprendre à utiliser un nouvel outil ou même réfléchir à une nouvelle activité prendrait bien souvent plus de temps.
De plus, parfois (souvent) nous avons dans notre sac une palette restreinte d’outils ! Certes, si j’ai seulement une licence Storyline à ma disposition, je ne peux pas tout imaginer puisque je ne pourrai pas forcément tout produire… Cependant, il est important de laisser libre cours à son imagination et d’essayer de produire en “tordant les outils” ou, en tout cas, de ne pas se sentir trop limité par ceux-ci.
Comment faire pour limiter cette tendance à l’inertie ?
Avoir conscience de ce biais permet de réfléchir à nos pratiques et de mettre en place certaines méthodes pour les améliorer :
– Repartir du cadre de départ (qui est différent pour chaque formation) donc se poser les questions sur le contexte, l’objectif, le public cible, et non pas partir des outils à notre disposition. Ne pas prendre directement marteau.
– Commencer notre conception pédagogique comme si on était libéré de toute contingence matérielle, pour ensuite trouver l’outil adapté.
– Faire de la veille, aller s’inspirer ailleurs et s’ouvrir des perspectives.
La loi du marteau, inversée ?
Chez Sydo, nous avons tendance à faire l’inverse (“La loi de l’homme-orchestre ?) ! En effet, nous réalisons des formations sur-mesure et nous réfléchissons souvent en repartant de zéro (il faut dire que l’on aime la nouveauté)… alors que parfois il serait plus judicieux d’utiliser des choses déjà produites.
Bref, il n’y a pas de recette magique ni d’outil qui marche pour tout. On le sait ! Alors n’hésitons pas à élargir notre caisse à outils autant que possible et à essayer de nous en libérer le plus possible, dans un premier temps en tout cas.
Si ce sujet vous intéresse, voici les principaux ouvrages des deux auteurs auxquels on attribue cette théorie :
– The Psychology of Science: A Reconnaissance, Abraham Maslow (1966)
– The Conduct of Inquiry, Abraham Kaplan (1964)