LES BIAIS COGNITIFS #6 : LE BIAIS DE NEGATIVITE

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Aujourd’hui nous allons parler d’un nouveau biais cognitif. N’avez-vous pas l’impression que vous avez retenue facilement la fois où vous étiez dans cet hôtel calamiteux, alors que vous ne pourriez pas aisément vous rappeler tous les bons ou très bons hôtels dans lesquels vous êtes allés. En effet, on a, dans certains cas, tendance à davantage retenir les expériences et émotions négatives que les expériences positives. Non seulement on les retient davantage, mais on y accorde plus de poids. C’est le biais de négativité.
 

Et la formation dans tout ça ?

 
Si c’est pour dire que :
– vos formés se souviendront mieux de LA moins bonne formation que vous donnerez (et quand on dit cela, ce n’est évidemment pas du contenu mais bien de l’expérience de la session dont on parle)
– ou, inversement, que si vous animez une formation où les formés sont particulièrement peu impliqués ou peu attentifs, c’est cette fois-là qui va davantage vous marquer en tant que formateur…

ce n’est pas très intéressant, dans les deux cas!

Non, là où je veux en venir, c’est que cette tendance à retenir le négatif peut être utilisée à votre avantage, lors d’une activité par exemple.
 

Comment retourner à son avantage ce biais de négativité en formation ?

 
Pour expliquer quelque chose, vous pouvez partir de ce qui ne marche pas, des mauvaises expériences ou mauvaises pratiques.

Par exemple, si vous voulez mettre en évidence les bonnes pratiques de la formation en présentiel, demandez donc à vos formés de décrire des sessions auxquelles ils ont assisté et qu’ils n’ont pas du tout apprécié ! Pour aller plus loin (et car ils ont peut-être vécu uniquement de super expériences), demandez-leur même d’imaginer et de décrire une formation qui ne marcherait pas.

Vous verrez, vos formés feront preuve d’une imagination débordante et vous recevrez beaucoup de réponses !

Maintenant, il ne reste plus qu’à les organiser, et trouver les bonnes pratiques correspondantes ! Ainsi, partir de l’anti-modèle peut s’avérer très pertinent pour faire émerger le modèle.

Bien évidemment, cette « méthode » peut être déroutante. En effet, cela implique de passer du temps à parler de ce qui ne marche pas, de ne se qu’il ne faut pas faire, ou de situations absurdes inventées pour l’occasion. Alors que l’on pourrait très bien passer plus de temps à approfondir les bonnes pratiques directement, non ?

Pourtant, ce type d’activité, testé et approuvé (par mes soins !), permet un engagement plus fort des apprenants dans la mesure où ils auront plus d’inspiration ou d’expériences dont ils se souviennent à partager. Merci le biais de négativité !

Bien sûr, ce type d’activité est indissociable d’un bon feedback pour faire émerger le modèle opposé et ainsi les bonnes pratiques correspondantes.

Et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres, pensez le négatif peut parfois être utile et inspirant !
 

Bonus : Le « CIA »

 
En y réfléchissant bien… c’est un peu sur cela que se basent les CIA. Les quoi, me direz-vous ? Les CIA (Capter l’attention, Intéresser au sujet, Annoncer le plan) sont des introductions complètement aux antipodes de ce qu’on attend, des mauvaises entrées en somme, qui sont souvent utilisés en formation.

Par exemple, pendant les 5 premières minutes d’une conférence ou d’une formation, on joue le rôle d’un « mauvais formateur » en faisant tout ce qu’il « ne faut pas faire » : ne pas donner la parole, avoir une présentation PowerPoint illisible ou trop dense, parler très vite ou de manière inaudible voire même tout simplement agressif.

Votre auditoire aura une impression très négative, et aura certainement envie de partir dès les premières minutes. Au bout d’un moment (idéalement avant que la salle soit complètement vide), vous faites tomber le masque et vous expliquez quelle était votre intention en démarrant de cette manière.

Puis, vous profitez du fait que leur attention soit captée pour présenter le sujet de la formation ou de la conférence (qui a déjà été introduit durant le CIA, de manière décalée). Ainsi, le sujet doit être en lien avec le CIA. Par exemple : le formateur multiplie les mauvaises pratiques durant son CIA afin d’introduire le sujet de la formation « Comment animer une formation ? ».

Ainsi le CIA, dans ce cas, vous permet de :
Capter l’attention et intéresser vos apprenants
Introduire le sujet durant le CIA et mettre en exergue d’éventuelles mauvaises pratiques
Annoncer votre plan et expliquer comment adopter la bonne méthode, les bonnes pratiques
Créer un « évènement », des émotions pour marquer les apprenants sur le long terme

À la lecture de ce qu’on s’est dit précédemment, cette première impression négative (puis le soulagement qui s’ensuit, voire le rire !) s’ancrera plus facilement dans leur mémoire (et vous aurez réussi en prime à capter leur attention !).

Alors, prêt.e à être négatif-ve ?
 
 
 


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Héléna Coudurier-Curveur

  • Master de Sociologie Recherche – Normes, économie et société – Sorbonne Université

Curieuse et intéressée par de nombreux domaines, il m’était difficile de faire un choix de spécialisation dans mes études. Pourtant dans cette vague d’intérêts, j’ai réussi à orienter les flots de mon enthousiasme avec… la pédagogie !

Car si ma première satisfaction est de comprendre, la seconde est de transmettre.

Je suis ravie de faire partie de l’équipe Sydo, où savoir-faire et émulsion d’idées mènent à la réalisation d’outils véritablement pédagogiques.

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 Un commentaire


  • Thomas HUBERT

    Bonjour,
    merci pour cet article,
    j’utilise cette astuce renommé plutôt « Pre Mortem ». A l’inverse des réunion « post mortem » (après un problème), je propose d’imaginer le pire avant de démarrer.
    Puis, on fixe des objectifs, et on démarre le module 1.
    🙂

    Répondre

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