Si vous n’avez pas lu le début de mes aventures, c’est juste ici.
En fait, c’était pas du tout un informaticien qui arrivait, c’était le type qu’on a désigné volontaire pour régler toutes les foirures ayant trait, de près ou de loin, à tout ce qu’on peut appeler « machine » (son domaine de compétences s’étend donc de l’installation d’un clavier sans fil à celle du réseau téléphonique du campus, en passant par la résolution des bourrages papier de la photocopieuse et des problèmes de chasse d’eau). Je lui ai expliqué tout ce que j’avais essayé pour le vidéoproj : câbles, configurations, reboots en tout genre, etc. Après m’avoir écouté de l’oreille gauche, il a intégralement retenté tout ce que j’avais tenté, et il avait beau être « informaticien », ça a donné le même résultat, c’est-à-dire que dalle.
A 10h30, on avait toujours pas de projection possible, le mec trifouillait dans un coin des trucs qui n’avaient aucune chance de marcher pendant que j’utilisais un paper-board pour dessiner les slides que je voulais montrer : heureusement, les formés n’avaient pas besoin d’ordinateurs dans la première partie de la formation.
A 11h, l’expert abandonna la connexion au vidéoprojecteur en disant que c’était pété pour se concentrer sur les identifiants et mots de passe nécessaires. A 12h00, je lui demandai s’il avait fait le nécessaire et si les formés allaient pouvoir se connecter : il répondit par une moue molle. A 12h30, nous partîmes tous déjeuner : j’allais devoir faire une formation sur les supports de présentation sans pouvoir en montrer. C’était un peu comme animer un cours de salsa dans le silence total. L’andouillette cramait.
« J’adore qu’un plan se déroule sans accrocs »
Ça faisait déjà beaucoup de galères pour une seule journée et j’aspirais à une suite plus clémente, mais les dieux de la formation étaient taquins… Sur un campus dans la forêt en juillet, on est obligé de manger au restau universitaire. Au restau universitaire d’un campus en juillet, il n’y a plus de cuisiniers donc on doit manger des plats tout faits qui attendent leur victime dans du plastique, mais on ne peut pas les payer par carte bancaire. Donc on doit manger des choses qui se trouvent dans un distributeur acceptant la CB, c’est-à-dire 3 barres chocolatées, un paquet de madeleines et de l’eau plate. Je rêvais d’une andouillette, même cramée.
On a donc passé l’aprem à parler de supports projetés autour d’un paper-board, à faire des activités sur des feuilles A4 et à ne pas toucher le logiciel sur lequel les présents étaient censés être formés. J’ai fait passer mon ordi pour montrer quelques trucs et astuces, et me suis efforcé de militer, avec les moyens du bord, pour des PowerPoint sobres et efficaces, véritables supports du discours et non pas mémo géant pour formés et formateurs. Ma super formation spécialement adaptée à un public de 2 personnes dormait pépouze dans un des dossiers bleutés de mon ordinateur.
On dirait donc que tout est bien qui finit bien, mais non. Au terme des 8h de formation sur le sujet annoncé, les 2/7 formés m’ont interpelé : en fait, ça leur allait très bien les PowerPoint remplis de texte, les slides innombrables et les visuels bidon. Ils ne voyaient pas vraiment le problème. Mon sang s’est glacé jusqu’au fond de mon cœur. Je leur demandai donc pourquoi ils s’étaient inscrits à une formation « optimisez vos PowerPoint ». Ils avaient été inscrits par leur responsable.
J’ai retraversé la forêt.
Quand les formés ne savent pas pourquoi ils sont là, quand ils sont venus sans ordinateurs, quand ils sont plus de 3 fois plus nombreux que prévu et quand il est impossible de projeter quoi que ce soit, que faire ?
On peut pleurer. Ça fait du bien.
Un commentaire
Bravo pour la trouvaille “Moue molle”