Fauché en pleine gloire car incompris par des collègues et une direction bornés et obtus, j’avais à contrecœur mis un terme au journal du formateur (JDF) en mai 2018 (voir ici) – mais pas à l’animation de formations. J’ai donc, depuis, formé des tas de gens à des tas de trucs, et vécu des tas de galères, si bien que j’ai aujourd’hui de la matière pour 45 saisons du JDF. Considérant à juste titre que de l’eau avait coulé, j’ai ainsi proposé au rédac chef le grand retour du JDF – en promettant de ne pas retomber dans les « travers » qui avaient conduit à sa fin tragique. Il m’a écouté attentivement, s’est gratté la barbe et a répondu « Barre-toi, Aurel ». J’ai apprécié son style concis et efficace.
Si vous lisez ces lignes, c’est donc que j’ai réussi mon entreprise de publication clandestine. Certes, je prends des risques inconsidérés, mais la journée de formation que je voudrais raconter vaut son pesant de cacahuètes : jugez plutôt.
Robin des bois
Pour commencer, il m’a fallu littéralement traverser une forêt pour parvenir au lieu de la formation, en banlieue parisienne, ou plutôt en banlieue de banlieue, en banlieue au carré quoi, parce qu’au-delà de 3h de RER depuis gare de Lyon on peut considérer qu’on est plus proche de Toulouse que de Paris. J’aime la forêt, c’est pas le problème, mais pas à 8h du matin début juillet par 31° et en m’étant levé 4 heures plus tôt… Ok ok, c’est mon boulot, je pars pas en vacances. Traversons cette forêt.
Je sifflotai donc sous les tilleuls et les orangers (je suis nul en reconnaissance d’arbres) en fignolant intérieurement la formation sur mesure que j’avais prévue : il n’y avait que 2 inscrits, nous allions pouvoir prendre notre temps, j’allais personnaliser mes interventions et bosser en binôme avec chacun des 2 formés, tout ça sur un campus au beau milieu d’une forêt magique et multiséculaire. Que du bonheur.
Premiers nuages
Il s’agissait d’une formation à l’utilisation raisonnée de PowerPoint pour la conception de supports de présentation utiles, c’est-à-dire comptant moins de 440 slides, sans photos de mecs qui se serrent la main ni polices médiévales. Je préparai la salle avant l’arrivée du duo de formés et me rendis compte que le vidéoprojecteur ne fonctionnait pas. J’essayai mes 12 câbles, éteignis et rallumai tout et fouillai dans les paramètres tandis que des gouttes de sueur se formaient sur mon front. L’heure tournait, mes 2 inscrits allaient arriver. Fort heureusement, le numéro de l’informaticien était inscrit sur une pancarte affichée dans la salle : avec un peu de chance, il serait présent et disponible malgré les vacances commençantes. Il répondit immédiatement : pas de problème, il serait là d’une minute à l’autre.
Mes 2 formés arrivèrent petit à petit sur ces entrefaites : ils étaient 7. Les voies de l’administration sont impénétrables. Adieu tout ce que j’avais prévu spécifiquement pour cette session : 2 ou 7, c’est peu, mais c’est pas pareil. Je bidouillai donc mon contenu pour qu’il coïncidât avec cette nouvelle situation de formation. Autre surprise : aucun d’eux n’avait d’ordinateur. Lorsque je rappelais, étonné, sur quoi la formation portait, ils m’expliquèrent avoir prévu d’utiliser ceux de la salle, qui en comptait effectivement une vingtaine… bloqués, ils s’en rendirent compte un poil tard, par des identifiants et mots de passe différents des leurs. Ça commençait à sentir l’andouillette cette histoire… Heureusement, l’informaticien arrivait.
A suivre…