LES COURS QUI MARCHENT #8 – LES OUTILS DÉTOURNÉS

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Je vous amène aujourd’hui dans une école Freinet de Marseille où nous sommes au total 72 élèves, de la petite section au CM2. La pédagogie développée par Célestin Freinet fait partie des pédagogies dites “actives”, où l’apprenant est acteur de son apprentissage.

Elle est fondée sur l’expression libre, la coopération, la participation démocratique à la vie de la classe, le tâtonnement expérimental et le travail individualisé. Il existe en France une vingtaine d’écoles publiques qui suivent cette pédagogie alternative.

Pionnière dans mon quartier, l’école ne donne pas de devoirs aux enfants et les professeurs ne les notent pas. Imaginez l’angoisse de ces parents qui voient leurs enfants libres de toutes contraintes une fois l’école terminée ! Et pourtant, les années que j’y ai passées représentent les plus beaux souvenirs que j’ai de l’école.

La force de cette pédagogie est sa capacité à donner le goût d’apprendre, à éveiller la curiosité et à rendre autonome, libre et responsable dans l’apprentissage tout en permettant d’évoluer dans un collectif. Dans le vocabulaire de la pédagogie actuelle, on pourrait parler d’« apprendre à apprendre », d’« apprentissage individualisé » ou encore d’« apprentissage par les pairs ».

Dans cet article, je vous présente deux outils : la boîte à questions et le travail individuel. Je vous explique également comment je les ai détournés pour les utiliser en formation.
 

La boîte à questions

 
Une fois par semaine se déroule un « conseil » pendant lequel les élèves échangent pour régler les éventuels conflits et faire des propositions. Chaque sujet discuté doit avoir été écrit sur un papier et mis dans une boîte appelée « la boîte à questions ». Cette boîte sert aussi à féliciter un(e) camarade et/ou l’enseignant(e).
 
Comment ai-je détourné la boîte à questions en formation « français langue étrangère » (FLE) ?
 
Je me suis inspirée de la boîte à questions pour créer pour chaque groupe d’apprenants « une boîte à idées ». L’objectif de cette boîte est de permettre aux apprenants de :
donner leurs retours sur le cours qu’ils viennent de suivre en disant ce qu’ils ont aimé et moins apprécié
proposer des sujets pour les prochains cours.

Cette boîte est à disposition tout au long du cours et des papiers de différentes couleurs sont fournis afin que les apprenants puissent écrire à tout moment leurs suggestions et les insérer dans la boîte. Les apprenants sont libres de choisir le papier qu’ils souhaitent.

Le choix des papiers de couleurs, dans ce contexte, est purement personnel car la couleur peut être, selon moi, une source d’inspiration pour certaines personnes. En revanche, certaines écoles utilisent des papiers de couleurs différentes pour définir une thématique : par exemple, les félicitations, un problème, etc.

Les cours étant gratuits et sans obligation de présence, cet outil est fondamental pour motiver les apprenants à venir de manière assidue et pour les engager dans l’apprentissage. Il permet de construire avec eux et pour eux un plan d’apprentissage et de suivre leur progression.

En entreprise, pour des formations qui durent plusieurs jours, il peut aussi être intéressant pour le formateur d’utiliser ce genre d’outil pour collecter les retours afin d’adapter au maximum et dans la mesure du possible, sa posture, ses activités et son contenu.
 

Le travail individuel (TI)

 
La pédagogie Freinet cherche à responsabiliser l’enfant et à développer son autonomie en lui octroyant une certaine liberté dans son apprentissage. Chaque semaine, l’élève a un contrat à remplir (écriture d’un texte libre, lecture d’un livre, exercices de mathématiques, de français, etc.) selon son rythme d’apprentissage.

Il réalise ces tâches durant un temps quotidien consacré au travail individuel. L’enseignant(e) reste disponible si l’élève a besoin d’aide ou de corrections pour avancer dans son travail.
 
Comment ai-je détourné le contrat de travail individuel en FLE ?
 
Dans un cours de langue, un des objectifs est que les apprenants s’expriment un maximum dans la langue en cours d’apprentissage, à l’oral comme à l’écrit. La notion de liberté est ici essentielle pour motiver les apprenants à réaliser des productions car il n’y a ni note ni certificat à la clé.

Systématiquement, deux productions au choix sont proposées, une avec un thème imposé et l’autre libre, chacune devant respecter les notions abordées lors de la séance.

Dans une formation en entreprise, on peut imaginer adapter cet outil en :
demandant une restitution libre en fin de formation pour vérifier ce que les apprenants ont retenu de la formation
– sollicitant une seconde restitution libre, quelques semaines plus tard, afin de voir comment les apprenants ont mis en pratique les connaissances et compétences développées lors de la formation et ainsi s’assurer de l’efficacité de la formation.
 
 
 
Nous avons donc vu dans cet article deux outils de la pédagogie Freinet que vous pouvez détourner et utiliser dans vos formations. Ils ne sont bien évidemment pas les seuls outils disponibles. Les responsabilités, les réussites, le journal de classe, l’imprimerie, le conseil et bien d’autres sont des pratiques inspirantes pour dynamiser vos formations et placer l’apprenant au cœur de son apprentissage.
 
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur ces outils, vous pouvez parcourir le site officiel de l’ICEM, l’Institut Coopératif de l’École Moderne – pédagogie Freinet et pour une introduction ludique à cette pédagogie, vous pouvez visionner la vidéo Youtube « La Pédagogie Freinet : une éducation coopérative » de la chaîne Edukey.
 
 
 

 


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