L’écriture égalitaire en formation : oui ou non ?

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écriture égalitaire

Une bonne partie du travail d’ingénieur·e pédagogique, c’est d’écrire.
 
Il est donc important de respecter les règles de grammaire, d’orthographe, de ponctuation. Il est important d’user de formulations claires, exactes, précises. En cas de doute : une vérification des règles d’écriture ou la relecture d’un·e collègue nous aident. Presque facile !
 
Mais il y a un point (petite blague) qui n’est pas si évident à trancher (au premier abord… mais j’espère qu’il le sera plus à la fin de cette série d’articles), c’est : l’utilisation de l’écriture égalitaire (1).
 
Est-ce qu’on utilise le féminin et le masculin lorsqu’on s’exprime ou est-ce que le masculin suffit ? Après tout « il est neutre », on l’a appris à l’école…
 

La question sous-jacente est : quel est l’intérêt de l’écriture égalitaire ?

 
J’aime bien réfléchir en matière de « coût/bénéfice » pour faire mes choix : c’est ce que je fais quand je réfléchis à l’utilisation de l’écriture égalitaire. Spoiler alert : je l’utilise au maximum ! C’est désormais un réflexe et ça me surprend quand elle n’a pas été utilisée. Afin de vous éviter tous ces calculs (ou de vous aider à faire les vôtres), je vous propose une série d’articles sur le sujet de l’écriture égalitaire en formation (2). Ce premier article traitera du « Pourquoi ? », le prochain du « Comment ? », etc.
 

Qu’est-ce que l’écriture égalitaire ?

 
L’écriture égalitaire est une manière d’écrire qui permet de représenter les femmes et les hommes. On ne part pas du principe que le masculin est neutre et qu’il englobe les deux genres. De manière concrète et courante, c’est l’utilisation de termes masculins et féminins pour désigner un groupe mixte, comme dans « bonjour à toutes et tous ».
 
Pourquoi pas ?
 
Pour commencer, regardons les freins à l’utilisation de l’écriture égalitaire. Les deux principaux sont : c’est plus long et c’est plus compliqué.
 
Au premier abord, je vous l’accorde, on dit que l’on vient ajouter les termes féminins… ça semble plus long. Et cela pose aussi des questions d’accords des adjectifs, etc. Mais c’est un a priori.
 
Écrire de manière égalitaire n’est pas spécialement plus long. Selon l’étude de Pascal Gygax et Noelia Gesto (3), la vitesse de lecture d’un texte avec double flexion (au masculin et au féminin) est la même que celle d’un texte employant seulement le masculin, dès la deuxième lecture.
 
De plus, certaines techniques d’écriture égalitaire, comme l’emploi des termes épicènes (c’est-à-dire identiques au masculin et au féminin), permettent de simplifier le texte. En effet, avec quelques règles clés (à venir dans le prochain article #teasing) et de l’entraînement, cela devient vite un réflexe. Le langage n’est pas moins intelligible.
 

Pourquoi l’écriture égalitaire ? À quoi ça sert ?

 
Eh bien oui, à quoi ça sert ?
 
Le masculin n’est pas si neutre.
 
Selon une enquête de l’institut Harris interactive de 2017 (4), lorsqu’on demande à des personnes de citer des écrivains, 12% des réponses sont des femmes ; mais ce chiffre passe à 24% lorsque la formulation est égalitaire (“citer des écrivains et écrivaines”).
 
La formulation des questions – et de manière plus générale, le langage – est donc un élément indispensable à l’égalité de représentation entre les femmes et les hommes.
 
Cet exemple démontre par ailleurs que l’emploi du terme au masculin, bien loin d’être neutre, reste associé, de manière consciente ou non, à une figure masculine.
 
L’écriture égalitaire, en mentionnant systématiquement le féminin et le masculin pour évoquer un groupe mixte, permet de rendre visible la diversité des personnes, mais permet également à tout le monde de se sentir concerné.
 

Et donc ?

 
La manière de nous exprimer, à l’écrit comme à l’oral, a un effet sur le réel. Le choix des mots est important. L’écriture égalitaire est un moyen d’aller vers un monde meilleur. Oui, ce seront les derniers mots de cet article, il est tard et je n’ai pas trouvé mieux. Bonne soirée !
 
 
 
 

Pour aller plus loin :

« Neutral is not fair enough: testing the efficiency of different language gender-fair strategies »
 
 
 
 
 
 
 
 
(1) D’ailleurs, notons que l’on préfère le terme “égalitaire” à “inclusive” : il est question de mettre le masculin et le féminin au même niveau plutôt que d’inclure (les femmes, en l’occurrence).

(2) Le sous-titre est “Et dans votre quotidien !” mais c’était un peu long et moins approprié pour Sydologie. Mes rubriques lifestyle seront à retrouver sur mon blog personnel.

(3) Etude « Féminisation et lourdeur de texte » Pascal Gygax Noelia Gesto, l’année psychologique, 2007.

(4) « La population française connaît-elle l’écriture inclusive ? Quelle opinion en a-t-elle ? », Etude Harris Interactive, 2017
 
 
 
 


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Héléna Coudurier-Curveur

  • Master de Sociologie Recherche – Normes, économie et société – Sorbonne Université

Curieuse et intéressée par de nombreux domaines, il m’était difficile de faire un choix de spécialisation dans mes études. Pourtant dans cette vague d’intérêts, j’ai réussi à orienter les flots de mon enthousiasme avec… la pédagogie !

Car si ma première satisfaction est de comprendre, la seconde est de transmettre.

Je suis ravie de faire partie de l’équipe Sydo, où savoir-faire et émulsion d’idées mènent à la réalisation d’outils véritablement pédagogiques.

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