Chers lecteurs, je ne vous ai jamais assez remercié de vos feedbacks sur mes différents articles. Vous êtes, chaque semaine, dans l’attente de mes écrits et, malgré vos différents mails de menaces, ainsi que vos appels nocturnes d’insultes, je dois vous remercier aujourd’hui.
La gratitude serait-elle un levier pédagogique ? C’est en tout cas ce que propose le rapport d’Open university dans sa troisième innovation.
La gratitude permettrait d’améliorer les relations apprenant-apprenant et apprenant-formateur, de rendre les apprenants plus concentrés et capables de résister aux difficultés rencontrées dans l’apprentissage. Elle permet aussi d’améliorer leur bien-être dans la classe, de gérer le stress et de permettre plus globalement une bonne ambiance favorisant la collaboration.
Et en pratique ?
L’approche proposée dans ce rapport propose de créer un état de préparation dans lequel les étudiants et professeurs examinent leurs attitudes avant de commencer l’apprentissage. Cela permet d’éviter des comportements négatifs pouvant impacter la classe entière. On pourrait parler alors de méta-attitude. Pour développer cet état, il est proposé de demander aux étudiants et professeurs de réfléchir à l’activité d’apprentissage envisagée en utilisant les termes suivants : pensée, mots, émotions, monologue intérieur et états physiques. À partir de cette réflexion, les étudiants sont amenés à analyser les attitudes et comportements négatifs qu’ils pourraient avoir vis-à-vis de la tâche d’apprentissage et à chercher à les remplacer par des éléments plus “positifs”.
Théorie de l’engagement et gratitude
L’engagement affectif peut être défini comme la réponse affective de l’apprenant vis-à-vis d’un dispositif d’apprentissage (Pekrun & Linnenbrink-Garcia, 2012; Skinner & Belmont, 1993). L’émotion est souvent sous-estimée dans le dispositif de formation. L’engagement émotionnel fait généralement référence aux sentiments d’identification et d’appartenance des élèves à l’école, ainsi qu’au niveau d’intérêt, de plaisir, de bonheur, d’ennui et/ou d’anxiété qu’ils éprouvent en effectuant des travaux universitaires (p.ex., Pekrun et Linnenbrink-Garcia, 2012). Utiliser la gratitude en tant que pédagogie permet d’améliorer l’engagement affectif de l’étudiant face au dispositif d’apprentissage. En théorie, les deux valences (négative et positive) permettent un engagement mais il est montré que les émotions positives sont plus efficaces pour un apprentissage (Broughton, Sinatra, & Nussbaum, 2011; Heddy & Sinatra, 2013).
De plus, il a clairement été montré un lien entre l’engagement émotionnel et le succès scolaire. Plus l’apprenant ressent des affects positifs envers l’école, la classe et la tâche d’apprentissage, plus il est susceptible d’y retourner, d’y participer activement (Pekrun & Linnebrink-Garcia, 2012 ; Heddy & Sinatra, 2013 ; Heddy et al., 2014 ; Blackorby & Cameto, 2004).
Pour conclure, la gratitude en tant que méthode pédagogique est donc un outil qui permet de cultiver une atmosphère de respect, d’encouragement et de soutien. Elle permet également de développer une attitude positive et de motiver les apprenants à poursuivre leurs efforts et à persévérer dans leurs apprentissages. Il est important de souligner que la gratitude peut également être un outil pour encourager l’apprentissage actif, en permettant aux apprenants de se sentir appréciés et encouragés par leurs pairs et leurs enseignants.
Pour aller plus loin, le rapport propose un guide pour les enseignants afin d’utiliser la gratitude dans leur pédagogie.
Voici l’ensemble des articles de la série :
– Les innovations pédagogiques de demain – Les moments optimaux d’apprentissage
– Les innovations pédagogiques de demain – La réalité virtuelle et augmentée
– Les innovations pédagogiques qui feront demain – Gratitude et pédagogie
– Les innovations pédagogiques qui feront demain – Chatbots et apprentissage
– Les innovations pédagogiques qui feront demain – La télécollaboration
– Les innovations pédagogiques qui feront demain – Evidence based teaching
– Les innovations pédagogiques qui feront demain – La pédagogie basée sur le corpus de textes