Les innovations pédagogiques de demain – Les moments optimaux d’apprentissage

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Chaque année, l’université anglaise Open university propose un dossier des 10 innovations qui vont révolutionner la pédagogie. Ce dossier a le mérite d’être détaillé et sourcé scientifiquement. Il est rédigé avec le soutien du laboratoire Human Language.
 

Mais finalement, mythe ou réalité ? Mode ou véritable avancée scientifique ? Pain au chocolat ou chocolatine ?

 
Nous avons demandé aux équipes de Sydologie de vérifier la véracité de ces différents principes, leur portée dans le métier de formateur et surtout, de produire un article Sydologie sur chacun de ces sujets. Je vous propose pour ce mois de décembre de réaliser un dossier qui reprend les 10 innovations pédagogiques en les présentant et en évaluant leurs limites.
 
Aujourd’hui nous commençons avec la première innovation : l’idée de moments optimaux d’apprentissage.
 
Un apprenant engagé est un apprenant qui retient. Tel est le maître mot de cette innovation pédagogique. L’idée selon laquelle l’état d’esprit de l’apprenant impacte directement ses performances d’apprentissage n’est pas nouvelle.
 
Ce principe a pour appui la théorie du flow proposée par Mihaly Csikszentmihalyi, un psychologue américain, né en 1934 en Hongrie. Le flow est un état d’immersion totale dans une activité qui se caractérise par un sentiment d’effort et de plaisir. C’est un état dans lequel on est totalement concentré et impliqué dans ce que l’on fait. Ces moments sont des moments où l’apprenant est totalement concentré sur ce qu’il est en train de faire, où il prend plaisir à apprendre et où il a l’impression de progresser.
 
Pour mettre en place ces moments de flow, il est important de créer l’environnement adapté. Le contexte d’apprentissage doit être stimulant et suffisamment difficile pour que l’apprenant ne s’ennuie pas, mais pas trop difficile pour que l’apprenant n’abandonne pas la tâche. Pour cela, il est important :
 
– Que les objectifs soient clairs et précis ;
– Que l’apprenant ait les compétences nécessaires pour atteindre l’objectif ;
– Que les apprenants aient un feedback immédiat.
 
Le rapport d’Open university propose d’utiliser des systèmes d’apprentissage améliorés par la technologie pour déclencher cet état chez nos apprenants.
 

Apprendre avec un téléphone

 
D’après ce rapport, le téléphone permet de rendre participatif l’apprentissage tout en s’adaptant aux contextes personnels de l’apprenant. Nous avons tous des petits moments opportuns d’apprentissage, comme 5 minutes dans le bus, pendant lesquels nous avons le réflexe d’aller sur notre téléphone. Ce moment opportun pourrait être utilisé pour apprendre.
 
L’accessibilité sensorielle du téléphone favorise l’apprentissage. De plus, le téléphone peut envoyer des notifications afin de favoriser la répétition en prenant en compte cette fameuse courbe de l’oubli.
 

Apprendre en jouant

 
Inclure des éléments de gamification tels que les avatars, les scénarios, les défis, les récompenses, etc. permet de déclencher des moments optimaux d’apprentissage chez l’apprenant.
 

Des environnements immersifs

 
Il s’agit d’environnements immersifs et virtuels pour l’apprenant afin de lui donner une sensation d’exploration, de découverte et d’aventure. Ils lui permettent de s’engager dans la tâche. Ces environnements nous permettent alors d’avoir des sentiments d’immersion et d’excitation. On peut prendre l’exemple de la réalité virtuelle qui nous permet de rentrer dans un environnement totalement nouveau et de jouer un rôle dans un scénario qui nous permettrait d’être dans cet état de flow.
 

Des innovations pas toujours faisables…

 
Pour prendre l’exemple du jeu, tout le monde n’a pas envie de jouer en apprenant. De plus, il a été montré qu’une gamification non adaptée au profil du joueur peut se révéler négative pour l’apprentissage. (Lavoué, 2018)
 
Concernant le téléphone, il est intéressant d’utiliser la technologie pour simplifier l’accès aux documents. Néanmoins, il est parfois préférable d’utiliser un ordinateur, car la taille de l’écran peut être limitante. L’utilisation d’un téléphone peut aussi être une source de distraction avec les différentes notifications d’autres applications. De plus, la lecture sur téléphone est très superficielle.
 
Pour autant, ce sentiment de flow est le graal de tout formateur ou concepteur pédagogique. Certes, il n’est pas toujours aisé à mettre en place. Mais sans parler d’innovation, il serait déjà très intéressant de prendre en compte les capacités de nos apprenants afin d’être en mesure de proposer un parcours adapté qui suit cette logique du flow (pas trop dur, ni trop facile).
 
Pour reprendre le grand philosophe Jules Fereol : “Faut que ça gratte mais pas que ça pique”.
 
A demain pour une nouvelle surprise !
 
 


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Youri Minne

  • Doctorant en psychologie cognitive

Apprendre des connaissances c’est bien. Mais les transmettre, c’est encore mieux ! Ayant toujours été passionné par l’apprentissage durant mon cursus de psychologie, j’ai la chance d’écrire des articles de vulgarisation sur des théories scientifiques. J’espère ainsi, au travers de mes articles, transmettre mes connaissances avec la même passion qui m’animait lors de la découverte de celles-ci.

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