Si vous écoutez des discussions volées lors d’un salon dédié à l’apprentissage, tout le monde le dira, c’est LA RÉVOLUTION de la décennie. Ensuite quand on revient à la réalité, on se rend compte que bon… La technologie ne semble pas encore vraiment au point. Et puis au final, l’investissement en vaut-il la peine ?
Vous l’aurez compris, je ne serai pas objectif dans cet article, mais j’essaierai (métier de chercheur oblige) d’être le plus impartial possible (j’essaierai hein).
Mais de quoi parle-t-on en fait ? On parle ici de technologies assez novatrices : la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Pour les plus âgés d’entre nous (coucou Aurélien), la réalité virtuelle correspond à l’utilisation d’un casque permettant d’être plongé dans une scène en 3 dimensions avec laquelle on peut interagir. La réalité augmentée, quant à elle, permet, à partir de son smartphone, d’ajouter une surcouche d’information à la réalité captée grâce à la caméra, comme par exemple m’ajouter des cheveux .
Il est vrai que l’utilisation de ces deux outils s’est énormément démocratisée depuis quelques années, et ce rapport pointe les possibilités d’utilisation pour l’apprentissage. En voici quelques unes :
– Utiliser la réalité virtuelle pour explorer des endroits qui nous seraient inaccessibles en temps normal (comme une bibliothèque pour certains de mes collègues)
– Voyager dans le temps afin de découvrir une chronologie particulière
– Connecter des personnes qui sont éloignées dans le monde réel.
D’après ce rapport, la réalité augmentée permet d’avoir une immersion totale dans l’activité en créant des scénarios et en pointant des éléments pertinents dans l’environnement de l’utilisateur. Il permet également d’aller plus loin dans la compréhension des éléments qui nous entourent. De plus, la réalité virtuelle permet de tester des choses plusieurs fois sans conséquence et donc d’apprendre sur la répétition sans coût réel (cette technologie est par exemple utilisée par des écoles de coiffure, un lieu que je pourrais ainsi découvrir).
Alors, la réalité virtuelle dans le domaine de l’apprentissage ou de la formation est encore aujourd’hui compliquée à mettre en place et demande des compétences techniques poussées afin de l’utiliser correctement. Certaines plateformes proposent ainsi aux concepteurs pédagogiques des templates de scénarios de réalité virtuelle. Mais soyons clairs, équiper une salle de formation entière de casque virtuels n’est pas à la portée de tout le monde. De plus, il peut être intéressant d’utiliser cette technologie une fois de temps en temps, et dans un cadre très précis, mais elle a certaines limites sur la durée. Les résultats de la recherche présentée dans le rapport montrent que l’intérêt de la réalité virtuelle est encore assez flou (Kavanagh, S et al, 2017).
La réalité augmentée quant à elle me semble très intéressante et peut être plus simplement utilisable dans le cadre de la formation et de l’apprentissage. Elle permet d’apporter de l’information supplémentaire et une nouvelle perspective à des éléments déjà connus. A voir, comment les concepteurs pédagogiques peuvent s’en saisir.
Bref pour conclure : des innovations certes, mais pas véritablement au point pour les appliquer (ou ne respectant pas les contraintes d’apprentissage). La littérature scientifique est florissante sur le sujet, et de nombreuses études sont encore à envisager. Peut-être que vous me donnerez tort dans 20 ans… Au final c’est peut-être moi qui suis vieux et pas mon Rédacteur en chef !
PS : Pour une revue des résultats de la recherche sur l’utilisation de la réalité virtuelle en éducation, je vous conseille l’article de Kavanagh, S., Luxton-Reilly, A., Wuensche, B., & Plimmer, B. (2017).
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Le Mag' 
2 commentaires
Pourtant, certains usages sont très prometteurs en termes d’immersion et tout ce que vous avancez dans votre écrit.
Au nom du principe de la variété des activités pédagogiques, la VR ou la VA peut compléter un parcours de formation et tout dépend du scénario du dispositif et ce que l’on vise comme objectif·s.
Un exemple concret que j’ai lu dans un article :
Lors de la situation stressante d’une classe réelle, les nouveaux enseignants⋅e⋅s ne se tournent pas vers les connaissances acquises à l’université, mais vers leurs expériences antérieures en tant qu’étudiant⋅e⋅s en les reproduisant. Par conséquent, créer des expériences immersives qui peuvent être stockées avec des souvenirs aide les nouveaux enseignants⋅e⋅s à activer ces souvenirs dans une situation d’enseignement dans une classe réelle.
Bonjour,
Je vais être un peu plus optimiste que vous dans les potentiels de la RA et de la RV en éducation, peut etre parce que je suis « dedans » depuis quelques années. Pour la RA en particulier, plusieurs études sont sorties qui sont assez cohérents sur les avantages (voir par exemple https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10494820.2021.1879872?journalCode=nile20)
Il est vrai que ces technologies sont encore un peu compliquées à mettre en place mais les choses changent vite, en particulier avec la démocratisation des casques autonomes. Pour travailler que un programma a destination des jeunes en apprentissage je suis étonné des usages que j’ai vu, à l’initiative des profs!
Au plaisir d’échanger sur le sujet.