Ou pourquoi laisser les choses en suspens peut être une bonne chose…
Vous êtes confortablement installé sur votre canapé, en train de binge-watcher votre série préférée, et d’un coup… cliffhanger ! Vous ne pouvez pas vous empêcher de regarder l’épisode suivant pour savoir ce qui va arriver (j’ai tellement perdu de temps pour savoir si Michel allait vraiment épouser Sylvie…).
Voici l’effet Zeigarnik : les gens se souviennent mieux des tâches inachevées que des tâches terminées. Pourquoi ? Parce que notre cerveau aime le suspens et l’anticipation.
L’effet Zeigarnik a été initialement découvert par la psychologue russe Bluma Zeigarnik dans les années 1920. Selon l’anecdote, elle aurait observé que les serveurs se souviennent mieux des commandes non encore servies que de celles qui avaient été livrées. Intriguée, elle aurait décidé de mener des expériences pour en savoir plus sur ce phénomène.
Dans l’expérience originale de l’effet Zeigarnik, les participants effectuent diverses tâches, telles que faire des puzzles ou assembler des objets. Dans certains cas, on interrompt les participants avant qu’ils n’aient terminé la tâche. Plus tard, on leur demande de se rappeler les différentes tâches qu’ils ont effectuées. Les résultats montrent que les participants se souviennent deux fois mieux des tâches interrompues que des tâches terminées.
Illustration de l’effet Zeigarnik
Mais comment l’effet Zeigarnik peut-il être utilisé pour captiver vos apprenants et les inciter à poursuivre l’apprentissage?
FIN
(J’ai vraiment hésité à stopper l’article ici)
1. Ménagez du suspense dans vos scénarios et vos histoires. Par exemple, montrer un personnage face à un dilemme sans révéler immédiatement la solution. Laissez vos apprenants se questionner sur ce qui se passera ensuite. Ils seront plus motivés pour continuer et découvrir la réponse.
2. Proposez des activités ou des exercices en plusieurs étapes, où chaque étape dévoile progressivement une information clé ou une solution. Vos apprenants seront plus enclins à passer à l’étape suivante pour résoudre le mystère.
3. Jouez avec le rythme de vos modules. Alternez les moments de suspens avec des moments de “résolution”, comme des pauses pour que les apprenants puissent réfléchir ou des révélations inattendues. De cette façon, vous maintenez un équilibre entre tension et détente, captivant ainsi l’attention de vos apprenants.
4. Posez des questions suffisamment difficiles auxquelles les apprenants devront réfléchir un moment avant de pouvoir répondre. Une fois qu’ils auront la réponse, ils seront plus susceptibles de se souvenir de l’information, car elle était associée à un défi.
Mais attention, n’en faites pas trop non plus ! Un trop-plein de suspens ou de tâches inachevées peut se retourner contre vous et stresser inutilement vos apprenants. Comme toujours, il s’agit de trouver l’équilibre (dans la force).
En résumé, bien que l’effet Zeigarnik puisse paraître contre-intuitif, il est en réalité un levier puissant pour améliorer l’engagement, la motivation et la mémorisation de vos apprenants. Alors n’hésitez pas à pimenter un peu vos modules d’apprentissage en y intégrant un soupçon de mystère et de suspens.
Et comme l’a dit un sage (ou pas):
“La clé du succès, c’est de finir ce que l’on a commencé… même si parfois, il faut laisser planer un peu de suspens.”
Pour aller plus loin :
– L’article original : Zeigarnik, B. (1927). Das Behalten erledigter und unerledigter Handlungen. Psychologische Forschung, 9, 1-85.
– Un article sur le sujet de l’UX très complet
– Learn Better with the Zeigarnik Effect