“S’il vous plaît ! Je vais vous commander une mission d’ingénierie de formation pour une journée de formation présentielle. Attention, elle doit aussi marcher en distanciel ! Et puis vous me mettrez un café avec ça, pour moi et tous les apprenants, en présentiel et à distance. Merciiiiiiii.”
Depuis la petite pandémie mondiale que nous avons connue, les entreprises et organismes de formation ont réalisé qu’il était nécessaire de digitaliser leurs formations. Tout est alors devenu classes virtuelles, MOOC, COOC ou SPOC et ce, à la vitesse grand V.
Mais depuis notre retour progressif à la normale, les formations en présentiel fleurissent de nouveau, parce qu’on en a quand même marre de ne plus se voir en vrai. Présentiel donc, MAIS avec back-up en distanciel, au cas où un autre pangolin fasse des siennes ou parce que la moitié des gens sont en distanciel, télétravail oblige.
Bref, un nouveau besoin émerge, celui d’une formation tout-terrain qui fonctionne pour tout le monde, en même temps, mi-présentielle, mi-distancielle (puis re-mi-présentielle derrière).
On va crever l’abcès tout de suite : si vous voulez la formation la plus efficace et captivante en présentiel, il faut que tout le monde soit en présentiel et qu’elle soit pensée et conçue entièrement en présentiel (c’est-à-dire en profitant des avantages que procure cette modalité). De même, si vous voulez la meilleure formation qu’il soit en classe virtuelle, il faut la concevoir comme telle.
NON, il n’est pas possible d’avoir le meilleur des 2 mondes, en même temps.
Mais, on y a quand même réfléchi puisqu’on nous le demande, et qu’on aime bien les nouveaux défis. Alors voici quelques idées pour concevoir une formation Pré-stancielle (ou en Di-senciel, c’est comme vous préférez).
1. Prévoyez des séances courtes, ou au minimum, prévoyez des pauses et respectez-les ! Bon, ça c’est une bonne pratique en général vous me direz. Mais il ne faut pas oublier que la fatigue n’est pas la même en présentiel et à distance ! Donc si la moitié de votre groupe est à distance, il est important de leur prévoir (aussi) des temps de pause et de bien granulariser vos sessions de formation pour garder une dynamique adaptée. Cela bénéficiera aussi à vos apprenants en présentiel, et s’ils trouvent les pauses superflues (déjà, commencez par insister, en leur expliquant pourquoi les pauses c’est important d’un point de vue pédagogique), invitez-les à débriefer entre eux des contenus abordés : ce n’est plus du temps perdu !
2. Équipez vous d’un bon système son et d’un bon système vidéo dans la mesure du possible, pour qu’on se voit et qu’on s’entende le mieux possible en présentiel et à distance. Si vous avez des micros “pieuvres” par exemple, répartissez-les dans la salle et demandez aux personnes présentes de les activer lorsqu’elles interviennent.
3. Intégrez bien les apprenants à distance ! Ok, ils ne sont pas là, mais n’en faites pas pour autant des fantômes qui entendent tout mais que personne ne voit. Pour cela :
– dès le début de la formation, faites-les apparaître à l’écran pour les présenter. Il faut que les apprenants présents dans la salle comprennent bien que le groupe est complété par des personnes à distance ;
– organisez un brise-glace mettant en relation tous les apprenants. C’est quand même plus sympa quand on sait combien on est, comment on s’appelle et pourquoi on est là (ou pas là d’ailleurs) ;
– favorisez la participation et les interventions des apprenants à distance. Dans la salle, les apprenants peuvent lever la main ou intervenir à la sauvage, mais c’est moins facile à distance. Alors gardez cela en tête et n’hésitez pas à leur demander régulièrement s’ils ont des questions, pour favoriser leur prise de parole (vous pouvez même les interpeller nommément si vous le sentez).
4. Prévoyez des activités en petits groupes. Vous pouvez privilégier le rassemblement des personnes à distance entre elles (pareil pour les personnes en présentiel), afin de fluidifier les échanges, car :
– si jamais il y a plusieurs personnes en présentiel devant un écran et des personnes à distance, ce n’est pas très agréable pour les personnes à distance. En effet, avec les latences des outils de visio, on ne discute pas au même rythme, et la personne à distance peut se sentir en décalage, du fait de conversations en off ou autre ;
– les personnes en présentiel viennent généralement justement pour VOIR des gens en chair et en os, et ne plus parler uniquement à un écran. Elles vous seront donc reconnaissantes de valoriser ce temps d’échange “en réel”.
5. Favoriser le confort des échanges. Si jamais, lors d’une activité, vous décidiez de former des groupes mixtes afin de créer du lien entre les apprenants à distance et en présentiel, veillez à offrir une expérience optimale :
– mettez à disposition des espaces de rencontre en ligne (comme gather.town par exemple, on vous fera bientôt un article dessus) ;
– allouez aux apprenants présents un endroit tranquille pour échanger, avec une bonne connexion (rien de pire que de ne pas s’entendre ou de subir un lag) ;
– demandez aux présents de bien allumer leurs caméras pour que ceux à distance puissent voir les visages et n’entendent pas seulement “le brouhaha du groupe” ;
– invitez-les à tirer partie de leur position (ceux en présentiel peuvent peut-être avoir accès à du matériel que les autres n’ont pas ?).
6. Exploitez à fond les outils de quiz et les activités synchrones en ligne, comme kahoot, wooclap et autres, qui permettent une expérience dynamique à la fois en présentiel et à distance. Si possible, choisissez-en une avec un peu de gamification, pour favoriser le sentiment de groupe malgré la distance. Mais attention, veillez à ne pas utiliser trop d’outils différents pour ne pas perdre vos apprenants et pensez ces moments d’activités avec des objectifs pédagogiques spécifiques, éviter de faire du quiz pour du quiz.
Notre recommandation ?
Dans des conditions optimales, avec le bon matériel, des apprenants dégourdis et motivés, et une ingénierie pédagogique hyper bien rodée, on peut arriver à quelque chose de pas trop mal finalement ! Mais ce n’est pas vraiment facile de rassembler toutes ces conditions… alors notre recommandation, idéalement, c’est de prendre un parti et d’organiser une formation soit présentielle, soit distancielle. Cela vous permettra de simplifier (énormément) l’ingénierie et l’animation de la formation, de limiter les risques techniques et d’exploiter à fond chaque modalité (mais aussi, potentiellement, de montrer à vos clients que vous avez de vrais partis pris justifiés d’un point de vue pédagogique).
Une piste pour profiter du meilleur des 2 mondes ?
Allez on est sympa, on ne veut pas que vous perdiez espoir ! Si vous avez des difficultés à rassembler vos apprenants, mais que l’occasion se présente par-ci par-là (lors d’un séminaire par exemple), peut-être que la formation hybride pourra répondre à vos attentes ! Prévoyez un temps de formation en présentiel le jour où c’est possible, puis déclinez le reste de la formation à distance, en classe virtuelle ou via des plateformes de social learning par exemple, pour maintenir le lien créé en présentiel et profiter à fond des opportunités offertes par le distanciel.
À bientôt pour de nouveaux défis !
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