Un atelier fresque parfait : Episode 2 – Quelle entrée en matière ?

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Avec quelques collègues, nous avons participé à des ateliers “fresques” et, déformation professionnelle oblige, on n’a pas pu s’empêcher de réfléchir à la conception et à l’animation de ces ateliers ! Cette série d’articles met en lumière ce que nous avons apprécié dans ce format… et apporte quelques pistes d’amélioration.
 
Comme expliqué lors du premier épisode, la Fresque du climat, c’est un atelier collaboratif de sensibilisation d’une durée de 3h. Les participants viennent de tous les horizons et ne se connaissent pas. Alors, comment débuter cet atelier et lancer une dynamique de groupe ?
 

Que nous propose la Fresque du climat ?

 
Après une rapide introduction, les participants sont divisés en deux groupes (5 à 7 personnes environ).
 
Là, les participant.e.s sont mis en action pour la première fois, avec le test d’auto-positionnement (en réalité, je ne sais plus comment ils l’ont appelé, et c’est moi qui l’ai renommé ainsi.)
 

Le test d’auto-positionnement : qu’est-ce que c’est ?

 
L’idée est simple, un graphique avec deux axes (dessiné ou affiché) représentant :
– notre niveau de connaissance du sujet (ici : le réchauffement climatique),
– et notre niveau d’intérêt /sensibilité sur le sujet (ici : à quel point ce sujet nous préoccupe).
 
Chaque participant.e.s doit écrire son nom sur un post-it et le placer sur ce graphique.
 
Par exemple : j’estimais que j’étais plutôt intéressée par le sujet et que j’avais un niveau de connaissance moyen. Bien sûr, cette estimation est totalement subjective.
 

 
Chaque participant dépose son post-it sur la matrice et en profite pour se présenter et expliquer pourquoi il participe à l’atelier.
 
Puis, l’activité de la Fresque à proprement parler commence. Il s’agit de positionner des cartes les unes par rapport aux autres, afin de reconstituer une chaîne d’éléments liés (cette partie sera développée plus en profondeur dans un autre article de cette série).
 
À la fin de l’atelier, si le temps le permet, nous revenons sur le graphique d’auto-positionnement. L’objectif ? Repositionner notre post-it. À quel point l’atelier nous a permis d’acquérir plus de connaissances ?* Ou encore d’être plus sensibilisé ? Déplacer notre post-it permet de visualiser ce changement.
 

D’accord, mais à quoi ça sert ?

 
Cette courte activité présente selon moi plusieurs intérêts à différents niveaux.
 
Pour les participants, de façon collective :
 
– Cela permet (grossièrement certes) de situer le profil des personnes de notre groupe et potentiellement de dédramatiser : non, tout le monde n’est pas déjà super calé sur le sujet.
 
– Mais aussi, ce format est assez utile pour retenir les prénoms (!), ce qui facilite les échanges dans le groupe.
 
Pour les participants, individuellement :
 
– Au début d’une formation, se poser la question de son propre niveau de connaissances et d’intérêt pour le sujet permet notamment de se projeter dans ce que la formation peut nous apporter.
 
– Pour sensibiliser efficacement, il faut que les participant.e.s se sentent concerné.e.s et impliqué.e.s (on n’est pas là uniquement pour transmettre des informations de façon descendante) : ce processus autoréflexif dès le début de la séance a donc toute sa place !
 
– À la fin de formation, se poser à nouveau ces questions et repositionner le post-it permet d’estimer et de voir son évolution : c’est une manière positive de conclure l’atelier mais aussi de voir si l’atelier a rempli les objectifs qu’on s’était fixés ! (enfin on espère que les participants se sentent plus concernés ou plus connaisseurs à la fin !).
 
Pour l’animateur :
 
– Ce graphique permet de faire un état des lieux. En situant le niveau de connaissances des participant.e.s (même si cela est subjectif) cela permet de voir où placer le curseur des informations et de s’adapter. Selon le niveau de base, l’animateur pourra aller plus ou moins loin dans les informations (si bien évidemment l’animateur utilise cet outil à bon escient).
 
Le graphique final est aussi une petite évaluation de la formation (qu’est-ce que cet atelier a apporté aux participants ? Ont-ils le sentiment d’avoir progressé ? )
 

Comment l’améliorer ?

 
Ce test d’auto-positionnement pourrait aussi servir pour former les groupes. En effet, en fonction du placement des personnes, on peut faire en sorte que les groupes soient homogènes ou au contraire hétérogènes (au choix, selon l’orientation que l’on souhaite donner à l’activité).
 
Par exemple, rassembler les personnes avec un niveau de connaissances plus élevé peut avoir un intérêt pour pousser le niveau de précision des informations et approfondir le sujet.
 
À l’inverse, créer des groupes hétérogènes permet aux apprenants de se compléter, en prenant garde à ce que les personnes plus intéressées, et a priori connaisseuses du sujet, ne monopolisent pas la parole (vous pouvez lire nos articles sur l’enseignement mutuel pour creuser sur l’intérêt de l’hétérogénéité dans un groupe d’apprenants).
 

Finalement, on garde l’idée ?

 
Oui, ce test d’auto-positionnement est une bonne idée quand il est bien mené et utilisé ! Il peut être bénéfique tant pour le formateur que pour les apprenant.e.s (tout en étant facile et court à mettre en place).
 
Désormais, il nous arrive d’utiliser cette activité dans nos formations en petits groupes !
 
Et si on parlait maintenant du cœur de l’atelier : des cartes et des mécanismes utilisés ? La suite au prochain épisode !
 
 
 
* Est-ce possible, à la fin de l’atelier, de déplacer son post-it vers “moins de connaissances” ? Eh bien, je dirais que oui ! Cela s’explique par l’effet Dunning-Kruger, qui est un biais de jugement : quand on s’intéresse à un sujet, au début, on a l’impression de connaître de plus en plus de choses. Puis, plus on avance, plus on se rend compte de l’étendue et de la complexité des connaissances, et on a alors l’impression de connaître si peu de choses (on devient plus humble). Un article sur ce thème devrait sortir bientôt…! Stay tuned.
 
 
 


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Héléna Coudurier-Curveur

  • Master de Sociologie Recherche – Normes, économie et société – Sorbonne Université

Curieuse et intéressée par de nombreux domaines, il m’était difficile de faire un choix de spécialisation dans mes études. Pourtant dans cette vague d’intérêts, j’ai réussi à orienter les flots de mon enthousiasme avec… la pédagogie !

Car si ma première satisfaction est de comprendre, la seconde est de transmettre.

Je suis ravie de faire partie de l’équipe Sydo, où savoir-faire et émulsion d’idées mènent à la réalisation d’outils véritablement pédagogiques.

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