Avec l’âge et l’expérience, viennent un ensemble de croyances, d’habitudes, de certitudes même ! L’adulte a un vécu individuel important et des acquis scolaires différents de ceux des autres adultes. Les motivations, besoins, centres d’intérêt et manières d’apprendre varient également d’une personne à l’autre. En principe, sur ces aspects, les groupes en formation pour adultes peuvent être plus hétérogènes que les classes d’élèves.
Nous en venons au troisième principe de la théorie de Knowles (1998) : « The learner’s prior experiences ». D’après Knowles, il est impératif de prendre en compte, dans la formation, l’expérience individuelle de l’apprenant qui constitue une ressource précieuse. Le rôle du formateur est alors de réaliser une passerelle entre le contenu de la formation et l’expérience, les compétences et le vécu de l’apprenant. Un des points intéressants serait de partir de l’expérience de l’apprenant pour baser sa formation. Cela exige une certaine adaptation mais peut fournir un réel engagement de la part des apprenants.
En effet, ne pas prendre en compte cette expérience peut entraîner des conséquences négatives sur la formation, notamment quant à la motivation de l’apprenant.
L’effet néfaste du rejet de l’expérience d’un apprenant adulte peut être compris à travers la théorie de l’auto-détermination (Deci et Ryan, 1985), notamment sur le lien entre expérience et estime de soi. Quand un éducateur rejette l’expérience, il la dévalorise et sape le besoin de compétence (un besoin inné « d’interagir efficacement avec son environnement social et d’atteindre les performances souhaitées”).
Ainsi, lorsque le formateur rejette l’expérience de l’apprenant, il touche précisément à la relation avec l’instructeur, ce qui peut amener l’individu à remettre en question la valeur de son expérience. En raison de cette dissonance entre l’expérience passée d’un adulte et la réaction négative de l’instructeur, l’apprenant peut refuser l’apprentissage. Lorsque leurs expériences sont ignorées ou dévalorisées, les adultes peuvent se sentir rejetés en tant que personnes (Knowles, et al. 1998, p. 67).
Et les enfants ?
D’après cette théorie, l’expérience de l’enfant est une ressource qui possède dans l’ensemble une valeur limitée pour l’apprentissage. Celle qui compte le plus est celle de l’enseignant, du pédagogue. Cela ne signifie pas que les expériences accumulées par l’enfant ne comptent pas, mais simplement qu’elles sont une ressource bien plus limitée que chez l’adulte.
Knowles reconnaît que les enfants ont aussi de l’expérience, mais la relation entre l’adulte et son expérience est différente : un adulte tire son identité de ses expériences, alors que l’identité de l’enfant a tendance à provenir de liens sociaux, par exemple la famille, l’école ou les équipes sportives.
En conclusion
Mon avis personnel est qu’il est possible qu’un enfant dont on ne prend pas en compte l’expérience soit moins vexé et ne subisse pas de baisse de motivation. Cependant, il a été montré que les enfants savent véritablement observer et tirer parti de leur environnement : le rôle du formateur pourrait être de faire le lien entre l’observation des situations de vie et le contenu à apprendre. Cela rejoint notamment un facteur de motivation intrinsèque pour l’apprentissage chez l’enfant.
Alors oui, encore une fois, il existe des différences entre enfant et adulte sur ce principe. Cependant, l’on pourrait tendre à dire qu’il est utile de valoriser l’expérience chez nos deux populations. Une étape de diagnostic de l’apprenant dans notre conception pédagogique de la formation peut alors être judicieuse pour valoriser cette expérience.
Et vous qu’en pensez-vous ?
Pour lire les autres articles de la série :
– Article 1 : Entre Pédagogie et Andragogie : quelles différences ?
– Article 2 : Entre Pédagogie et Andragogie : Le principe du “Need to know”
– Article 3 : Entre pédagogie et andragogie : Les adultes sont-ils des apprenant autonomes ?
Adultes, andragogie, attention, expérience, formation, pédagogie