Je remonte le temps, je remonte le temps pour arriver en classe de CM1-CM2 dans une école primaire de quartier dit “difficile” et qui compte pourtant parmi mes plus belles années scolaires. Les enseignements y ont été riches, je m’en souviens encore si bien…
Le déroulé de la classe
Chaque matin, notre enseignant de CM1-CM2 venait à 7h, avant le début de la classe, pour préparer le déroulé de la journée. De gauche à droite, il remplissait le tableau de toutes les tâches à faire pour la journée proprement dite.
Après avoir préparé la classe, il rentrait chez lui prendre son petit déjeuner pour ensuite nous retrouver pour une journée.
Installés à nos grands bureaux individuels regroupés par huit, nous découvrions les activités du jour avec les explications de l’enseignant. Au programme notamment :
– un exercice de mathématiques que nous corrigions en classe une fois que tout le monde avait fini ;
– un chapitre d’histoire à découvrir dans le manuel. L’enseignant nous contait ensuite les dessous de chaque événement historique ;
– ou encore une rédaction en français à déposer dans la boîte aux lettres (disposée sur le bureau de l’enseignant) en tant que devoir noté.
Une journée assurément riche !
Seule règle : traiter les activités toujours de gauche à droite. Nous ne passions à l’activité suivante qu’une fois la précédente finie.
Aujourd’hui il n’est pas rare que nous évoquions l’époque du primaire avec mon frère, en reparlant de cet enseignant comme d’un enseignant précieux qui savait donner un “cours qui marche”.
Qu’est-ce qui a marché ?
Laisser chacun apprendre à son rythme. Si nous avions plutôt tendance à finir dans les premiers, nous avions toujours de nouvelles activités à réaliser en attendant la correction commune. A contrario, si nous avions besoin de plus de temps pour appréhender la consigne et réaliser l’activité, l’enseignant et les autres élèves nous laissaient le temps d’essayer.
Autonomie et responsabilisation. Nous jouissions d’une grande liberté d’organisation dans notre apprentissage, qui passait notamment par une liberté de mouvement dans la classe, un luxe ! Si nous avions besoin de faire une pause, nous pouvions par exemple nous rendre au coin bibliothèque pour lire pendant la classe.
Apprentissage par les pairs. Du fait notamment de la liberté de mouvement évoquée, un système d’entraide s’était naturellement mis en place entre les élèves sans jugement de valeur. Moi qui aimais particulièrement les mathématiques, je pouvais aider d’autres élèves avant que nous passions tous ensemble à la correction.
Enfin, l’organisation spatiale de la salle a favorisé ces différents aspects. Nous avions la chance d’avoir chacun un grand bureau avec toutes nos affaires à disposition sur la table et d’être organisés par grande table de huit personnes. Original, non ?
Je tenais à rendre hommage à cet enseignant qui a pu être parfois décrié par ses pairs et les parents mais jamais par les élèves car “il ne faisait pas comme les autres”…
N’avait-il pas raison de faire de sa classe un terrain d’expérimentation, avec son lot d’échecs (il y en a eu aussi bien évidemment 😉 ) et de succès ?
Voici les liens des autres articles de cette série :
– Les cours qui marchent #1 – Le biologiste artiste
– Les cours qui marchent #2 – L’économiste infiltré
– Les cours qui marchent #3 – La marge à droite
– Les cours qui marchent #4 – Le codeur allumé
– Les cours qui marchent #5 – L’Histoire incarnée
– Les cours qui marchent #6 – Païssagoreusse
– Les cours qui marchent #7 – Le prof pas comme les autres
– Les cours qui marchent #8 – Les outils détournés