Pour faire suite aux précédents articles sur “Les cours qui marchent”, je vais raconter un de mes souvenirs. Un des cours les plus marquants que j’ai suivis.
C’était en seconde. Il y avait dans notre lycée la possibilité de faire une option SI (Science de l’Ingénieur), qui ressemblait au cours de technologie du collège mais en un peu plus poussé.
C’était un des premiers cours d’informatique de l’année, les lignes de codes avec des expressions bizarres n’intéressaient pas grand monde, personne ne voyait un intérêt quelconque à ce que nous faisions. Le prof nous avait expliqué les bases et l’ennui se faisait ressentir dans la classe. Lors de la pause, nous sommes allés discuter avec l’autre partie de la classe qui faisait l’option SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) : nos camarades ont parlé d’expériences manuelles, de maquettes à fabriquer, de sorties pour récupérer des cailloux et autres mousses à examiner plus tard en cours avec des microscopes. Et nous ? Nous étions là avec nos quelques lignes incompréhensibles qui n’avaient aucun réel objectif.
C’est lors de la deuxième partie du cours que tout a changé. Le prof avait modifié la disposition des tables. Une table au centre d’un U avec plusieurs circuits électroniques et un ordinateur. Au tableau était affiché un des programmes que nous avions faits un peu plus tôt. Ce programme, une fois chargé sur la carte, allumait des LED de couleur et affichait ce que l’on avait choisi avec nos lignes de code. Après quelques secondes de chargement, un smiley apparut. Un autre programme affichait du texte, un autre des vagues qui défilaient. Tout d’un coup l’intérêt de la classe avait changé, car avec des 1 et des 0, on pouvait afficher tout ce qu’on voulait !
Durant l’année tous les cours étaient séparés en deux : une partie d’explication et une partie pratique. Chaque notion était ensuite appliquée lors d’un exercice que nous faisions chacun de notre côté avec un ordinateur et une carte électronique. Nous étions plus ou moins libres de faire ce que l’on souhaitait, tant que nous utilisions la partie du cours vue plus tôt. À chaque nouveau chapitre, nous avions hâte de savoir sous quelle forme marrante nous allions appliquer les points abordés, qui arriverait à réaliser le dessin le plus drôle ou à faire avancer les voitures le plus rapidement. Et nous avons pu nous exercer sur plein de supports : principalement des LED mais aussi des robots, des voitures, des volets électriques, des tapis roulants, etc.
En plus de ça le prof était un passionné, les exercices l’amusaient tout autant que nous. Il pouvait passer le cours entier à nous expliquer à quoi pouvait servir telle ou telle fonction, à expliquer à quelqu’un qui n’avait pas compris, ou à nous montrer comment était utilisé ce qu’on apprenait dans la vie de tous les jours. Il était même disponible lorsqu’il n’avait pas cours, la salle était ouverte si nous avions envie de nous exercer.
Je dois le dire, c’est grâce à ses cours que je me suis autant intéressé à l’informatique et à l’électronique, et que j’ai su dans quelle branche m’orienter plus tard !
En résumé, le cours marchait bien car :
– chaque notion était mise en pratique dans un exercice. Ce que nous avions appris était vu dans un contexte différent ;
– les exercices étaient ludiques. La partie amusante et “fun” de la mise en pratique nous poussait à chercher un peu plus de nous-mêmes pour réaliser ce que nous avions en tête.
Voici les liens des autres articles de cette série :
– Les cours qui marchent #1 – Le biologiste artiste
– Les cours qui marchent #2 – L’économiste infiltré
– Les cours qui marchent #3 – La marge à droite
– Les cours qui marchent #4 – Le codeur allumé
– Les cours qui marchent #5 – L’Histoire incarnée
– Les cours qui marchent #6 – Païssagoreusse
– Les cours qui marchent #7 – Le prof pas comme les autres
– Les cours qui marchent #8 – Les outils détournés
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