Il était une fois l’e-learning (épisode 3) : Un e-learning ? Génial ! Mais pourquoi donc ?

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Avant de se jeter à corps perdu dans l’élaboration d’un e-learning, il est indispensable de prendre le temps de s’interroger : POURQUOI faire un e-learning ?
 
Si cela peut paraître aussi incongru que de s’interroger sur la nécessité de faire un powerpoint quand on a une réunion, dans un cas comme dans l’autre, remettre en question ce qui paraît évident nous permet de ne pas faire fausse route. En effet, même si le dispositif est à la mode, et au risque de passer pour réactionnaires ou technophobes, nous pensons qu’il n’est pas farfelu d’éclaircir les raisons qui nous poussent à vouloir faire de l’e-learning. Si celles-ci peuvent être multiples, mais elles ne semblent pas toutes recevables par nature.
 

Quelques chiffres

D’après un sondage réalisé par Talentsoft (Chiffres clés du digital learning – 2016 et 2017), les motivations des responsables de formation en la matière sont réparties comme suit :

  • 43% déclarent vouloir (ou devoir) faire des économies sur le budget de la formation
  • 40% souhaitent moderniser l’image de leur structure
  • 15% veulent suivre les tendances (on ne voit pas très bien la différence entre cette catégorie-ci et la précédente, sauf à considérer qu’il existe des « tendances » en dehors de toute modernité)
  • Enfin, pour 2% d’entre eux, le présentiel est dépassé et voué à disparaître.

En définitive, on opte pour l’e-learning parce qu’on n’a plus assez d’argent pour faire du présentiel, ou tout simplement parce que ça fait classe.
 

La formation présentielle coûte trop cher

Examinons donc la raison la plus répandue : la formation en présentiel coûte cher, il faut faire des économies, et l’e-learning est la solution. Si elle peut être fondée, cette motivation nécessite cependant quelques mises en garde. L’e-learning n’est pas forcément moins cher que le présentiel. Certes, à distance, on économise les déplacements des collaborateurs, la location des salles et une partie du temps de travail des formateurs liée à la nécessité de multiplier les sessions de formations. On peut même avoir pour objectif d’économiser une partie du temps de travail des formés eux-mêmes : là où ils doivent consacrer souvent une journée entière à une formation en présentiel, participer à un e-learning leur prendrait moins de temps – voire ne leur prendrait pas de temps du tout, si l’on va jusqu’à leur préconiser de se former en dehors du temps de travail (nous reviendrons sur ce point dans un article ultérieur). Mais si l’on veut faire un e-learning correct, il faut financer l’ingénierie pédagogique nécessaire, le développement, la plateforme dédiée, la mise en œuvre au sein de l’entreprise, le suivi, les mises à jour, les transferts de compétences, etc.

Tout cela a un coût, et choisir les solutions les moins chères peut avoir des conséquences préjudiciables au résultat final : e-learning inefficace, rébarbatif, inaccessible ou rapidement obsolète notamment.

 

La raison dont on ne va pas parler

Quant à la 2e raison (et à la 3e) (au XXIe siècle, une entreprise se doit d’avoir son e-learning : comme « digital », « numérique », « innovant » et « disruptif », l’expression sonne bien et s’avère être du meilleur effet sur les plaquettes de présentation ou les offres d’emploi), inutile de passer 10 lignes à en parler.

 

Les motivations de l’e-learning

Pour nous aider à mieux cerner quels peuvent être les bénéfices d’un dispositif d’e-learning, listons quelques autres motivations possibles. Bien entendu, la raison principale devrait toujours être le désir de mieux former les collaborateurs : si le dispositif de formation en cours, quel qu’il soit, porte ses fruits, pas besoin de passer des heures à essayer d’en élaborer un autre, si numérique soit-il.

Mais au-delà de cet enjeu, il serait légitime de souhaiter mettre en place des formations à distance pour :

  • Lancer de nouvelles formations: en optant d’emblée pour la formation à distance, on se trouve dans une configuration qui permet de faire l’économie des comparaisons présentiel/e-learning et des problèmes d’adaptation de l’un à l’autre dispositif. On est libre de penser directement « à distance » et de se poser les bonnes questions.
  • Réduire le temps alloué aux formations en présentiel: réduction des coûts oblige, on a examiné le contenu de ces formations et l’on s’est rendu compte que certaines parties se prêteraient tout à fait à l’apprentissage à distance. Cela implique nécessairement que d’autres parties des formations ne peuvent souffrir la distance : on ne le dira jamais assez, l’e-learning n’a pas vocation à remplacer l’apprentissage en présentiel. Dans certains cas, il sera donc possible de réduire à une demi-journée le temps d’une formation en présentiel durant initialement un jour entier. Pour cela, il faudra repenser l’ensemble de la formation sur le mode du « blended learning », ou formation mixte : les parties maintenues en présentiel seront à articuler avec les phases d’apprentissage à distance et ne pourront, bien entendu, pas être conservées telles quelles.
  • Compléter des formations en présentiel: on constate par exemple que certaines formations en présentiel ne donnent pas de bons résultats. Dans ce cas, et si les conditions budgétaires le permettent, on peut augmenter le temps de formation en proposant aux apprenants des phases d’e-learning en amont et en aval des journées de formation existantes.

 

En prenant le temps d’identifier les véritables raisons qui nous poussent à vouloir faire de l’e-learning (on peut les assumer même si elles sont mauvaises), on crée les conditions de sa réalisation et de son succès.
 


 ,

Aurélien Dorvaux

  • Master « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » – Certifié de lettres modernes

Après huit années passées à réfléchir aux meilleurs moyens d’enseigner le français à des collégiens et des lycéens, j’ai eu envie d’utiliser mes savoir-faire et de prolonger mes réflexions sur la pédagogie dans un autre contexte. J’aime m’interroger sur les mécanismes qui conduisent à la compréhension et sur l’apprentissage. Et comme tous les sujets m’intéressent, je trouve chaque jour chez Sydo de quoi satisfaire ma curiosité !

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 3 commentaires


  • Christelle

    Merci pour cet article ! Je note aussi que le e-learning est devenu un effet de mode pour tout un tas de raisons et par forcément pour les raisons auxquelles je m’attendais ….

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  • Wahiba M

    Bonjour,
    J’aime beaucoup le paragraphe « la raison dont on ne va pas parler » 🙂
    Pour ma part, c’est le professionnel de l’ingénierie pédagogique qui peut se positionner sur le choix e-learning/ pas e-learning/ blended.
    Parce qu’avant d’être une économie, l’e-learning est une modalité. On ne fait pas du e-learning histoire d’en faire. On en fait parce que c’est un moyen à disposition qui se prête parfaitement/ qui sied au déroulement d’une formation donnée (public, contenus, temps disponible, coûts bien entendu, objectifs…). Ca ne doit pas être la considération première dans un projet de formation. Sinon, l’entreprise risque de voir apparaître une montée en compétence moindre car les applications d’ancrage n’auront pas été adaptées par exemple. Là on aura fait des économies mais on sera passé un peu à côté du ROI…
    C’est un avis qui n’engage que la personne qui le rédige 🙂

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  • MP

    J’aime beaucoup vos articles toujours pertinents… Quant aux illustrations, elles me font rire aux éclats tellement elles sont « impertinentes ».
    Malheureusement je constate, en tant que formatrice, que la pédagogie et l’adaptation des modalités aux individus on en parle beaucoup, mais n’est pas toujours une option prioritaire.
    Le blended-learning bien pensé peut coûter plus cher à mettre en place si du temps suffisant est pris, pour réfléchir à la typologie du public, aux objectifs et contenus, mais également aux outils d’évaluation.
    Ensuite une réflexion est obligatoire sur l’ergonomie des ressources pédagogiques dont on parle peu…
    Ce coût, parfois élevé, est le prix à payer pour le travail de toute une équipe qui se met au service du client final.
    Marian

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