La lecture rapide : comment ça marche ?

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Lecture rapide

La lecture rapide est à la mode de nos jours (c’est un euphémisme) : elle est très très régulièrement mise en avant dans les médias, que ce soit dans le JT de TF1 (à grand renfort de reportages sur les championnats du monde de lecture rapide), sur des émissions pseudo-scientifiques comme E=M6, sur les réseaux sociaux, sur des vidéos courtes de Konbini ou Brut, ou dans des publicités pour des formations (douteuses) sur YouTube par exemple.
 
Vous êtes un bouffeur de livres et vous aimeriez accélérer la cadence afin de dévorer chaque livre en un clin d’œil (ou simplement vous avez la flemme de passer plusieurs jours à passer du livre “La Horde du Contrevent” à son marque-page avec ces foutus symboles toutes les 2 secondes) ? La lecture rapide vous fait rêver ? Mais les promesses de lecture à une vitesse folle sont-elles réelles ou bien sommes-nous en présence d’un énième neuromythe ?
 

La lecture rapide : la promesse

 
Les partisans de la lecture rapide prétendent que, grâce à des techniques spéciales, vous pouvez transformer votre cerveau en une machine de lecture ultrarapide. Ils affirment que vous pouvez non seulement lire plus vite, mais aussi comprendre et mémoriser tout aussi rapidement (voire mieux mémoriser et comprendre, car on est plus concentrés !).
 
Et nombre de ces “partisans” se sont transformés en “formateurs”. Car oui, la lecture rapide est un business et de nombreux individus vendent des formations à la lecture rapide. Il existe même des championnats du monde de lecture rapide dont les organisateurs sont… ces mêmes formateurs et les champions… leurs formés. Un peu chelou non ? Et ce n’est pas fini : certains des champions font aussi partie du comité d’arbitrage. On peut aussi ajouter que plus de ¾ des participants sont des Français et que la quasi-totalité sont francophones. Allons enfants de la Patriiiiiie ieuh…
 
Mais attention, souvent les partisans (et formateurs) de la lecture rapide ne s’arrêtent pas là. Non, non, non, ils vous affirment aussi qu’il est possible d’apprendre une nouvelle langue ou de nouvelles compétences en quelques jours seulement. Eh oui ! Ils parlent même de “super-pouvoir” et de “l’élévation de l’humain”. On n’utilise que 10% de notre cerveau du coup ? (cette blague n’est pas anodine : les promoteurs de la lecture rapide baignent dans la mode du développement personnel (et du lot de formations qui va avec) sur lequel ils s’appuient, relayant ainsi bon nombre de neuromythes).
 
Cela semble presque trop beau pour être vrai, n’est-ce pas ?
 

Des techniques fantaisistes

 
La lecture rapide propose toute une gamme de techniques extravagantes. Parmi les plus populaires, on peut citer :
 
la suppression de la subvocalisation (le fait de prononcer silencieusement les mots que vous lisez dans votre tête). La suppression de ce réflexe, qui est certes chronophage, est impossible et serait même contre-productive car il est prouvé scientifiquement que la subvocalisation aide à la compréhension et la mémorisation.
 
la diminution des saccades oculaires (mouvements rapides involontaires des yeux entre deux points d’intérêt visuel). Là encore, ce serait inefficace, car ces saccades font perdre un temps totalement anodin, voire dangereux, car ces saccades aident à l’encodage et à la compréhension.
 
la diminution des mouvements oculaires, naturels quand on lit. Là encore, mauvaise idée, car ces mouvements participent à la compréhension.
 
– le recours à la vision périphérique qui consiste visiblement à regarder uniquement le centre d’une page (ou d’une ligne) en misant sur le fait que notre vision périphérique nous permettrait de lire les mots qui se trouvent autour du centre, sans poser directement les yeux dessus. Ainsi, d’après certains, il suffirait de lire un ou deux mots par ligne seulement. Certains font aussi des S avec leurs yeux pour balayer rapidement une page. Sauf que la vision périphérique ne permet pas de déchiffrer des mots, et encore moins des lettres mais seulement des formes floues. Nos yeux et notre cerveau ne nous permettent pas de lire plus de 7 lettres de façon claire en même temps…
 
Certains promoteurs de la lecture rapide proposent même d’utiliser des outils spéciaux parmi lesquels :
 
des guides de lecture, utilisés pour “guider” les yeux sur les pages pour ne pas vous attarder sur des mots ayant une valeur moindre. Ils peuvent être physiques (règles ou stylos par exemple) ou virtuels, via des applications.
 
des logiciels de lecture rapide, qui permettent d’afficher le texte de manière séquentielle et à une vitesse prédéterminée.
 
des compte-mots, qui affichent le texte mot par mot à un rythme rapide, pour éviter les mouvements oculaires naturellement trop lents.
 
Bon, sinon, est-ce que la lecture rapide ça marche vraiment ? Découvrez-le la semaine prochaine :).
 
 
 


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Aymeric Debrun

  • Diplômé de Sciences Po Lyon – Master Coopération internationale et aide au développement

Découvrir un domaine inconnu, une nouvelle idée, une information ignorée. Se mettre à lire, étudier, analyser, comprendre. Puis approfondir, creuser, se passionner. Et enfin intriguer, intéresser, expliquer, transmettre. Et recommencer.

Un chemin maintes et maintes fois parcouru aussi bien dans ma vie personnelle qu’étudiante. Chez Sydo, j’ai trouvé un travail pour continuer à l’arpenter et faire de ce chemin… un schéma pédagogique.

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