Relation et apprentissage : une belle histoire d’amour

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Nul besoin d’être un génie pour comprendre que l’apprentissage est un processus social. On peut même avancer avec les adeptes du socioconstructivisme que l’apprentissage est fondamentalement un acte de communication entre individus : Vygotski définit ainsi l’apprentissage comme un processus social.
 
Le contexte social dans lequel l’apprentissage a lieu est donc un élément important à prendre en compte pour favoriser la motivation intrinsèque. Cela peut sembler évident, mais il est important de le rappeler. En effet, on sait que la motivation intrinsèque est étroitement liée à la satisfaction que l’on ressent à apprendre. Or, cette satisfaction n’est pas uniquement fonction de ce que l’on apprend, mais aussi de la manière dont on apprend.
 

Le besoin de relation

 
On touche ici à l’un des trois besoins fondamentaux proposés par la théorie de l’autodétermination (Déci et Ryan, 1985) : le besoin de relation. Plus l’apprenant se sent en relation avec les autres, accompagné et soutenu, plus il est motivé intrinsèquement.
 
Diverses études ont montré que les élèves qui sont dans un environnement de classe positif et motivant sont plus intrinsèquement motivés que ceux qui sont dans un environnement négatif et peu motivant (Deci & Ryan, 1985 ; Ryan & Deci, 2000). D’autres études ont également montré que la motivation intrinsèque à apprendre est plus élevée lorsque les élèves se sentent en confiance et respectés par leurs pairs et leurs enseignants (Niemiec & Ryan, 2009).
 
Enfin, il a également été démontré que la motivation intrinsèque est plus importante lorsque les élèves se sentent en sécurité et en confiance dans leur environnement scolaire (Skinner, Furrer, Marchand, & Kindermann, 2008). Ainsi, il est clair que le contexte social a un impact direct sur la motivation intrinsèque à apprendre : il est important de favoriser un environnement de classe positif, motivant, respectueux et sécurisant si l’on souhaite favoriser la motivation intrinsèque des élèves.
 

Comment mettre en place un contexte social favorable à l’apprentissage ?

 
On peut favoriser plusieurs facteurs, notamment un climat de bienveillance, une relation de confiance et un sentiment d’appartenance à un groupe.
 
Le climat de bienveillance passe par l’adoption de comportements qui évitent la compétition et mettent l’accent sur la réussite de l’apprenant plutôt que sur l’échec. Ces comportements favorisent la prise de risque et l’innovation et sont indispensables pour favoriser la motivation intrinsèque.
 
La relation de confiance est un sentiment fondamental dans les relations humaines. En effet, la confiance est une des rares choses qui puissent exister sans preuve. Elle permet de favoriser la motivation intrinsèque car elle favorise la prise de risque : quand on a confiance, on est plus disposé à prendre des risques. Par exemple, j’ai confiance en notre rédacteur en chef, Aymeric, donc je peux divulguer ici son penchant pour la boisson sans craindre de représailles de sa part, pour les besoins de ma démonstration.
 
Enfin, l’appartenance à un groupe permet de se sentir utile et reconnu par ses pairs et d’avoir confiance en soi. Elle favorise l’apprentissage, la créativité et la résilience. Pour renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe, il est important d’encourager les apprenants à se socialiser entre eux en leur proposant des travaux en petits groupes, en faisant en sorte qu’ils se sentent bien dans leur groupe et reconnus par leurs pairs ou encore en encourageant le partage et l’entraide.
 

Le cas complexe de l’apprentissage multimédia

 
Et en e-learning, on fait comment ? Le distanciel est souvent perçu comme plus isolant que le présentiel. De plus, les contenus numériques sont souvent peu attrayants… C’est pourquoi il est important d’essayer de favoriser les interactions sociales dans ce type de support également. Cela peut se faire de différentes manières : en favorisant les échanges entre apprenants via les forums, les chats, les vidéoconférences, ou en organisant des rencontres en présentiel de manière régulière. L’usage d’un agent pédagogique permet aussi, dans une certaine mesure, de construire une relation sociale dans l’apprentissage (voir mon article sydologie sur le sujet)
 
 
Et vous, comment faites-vous pour favoriser la mise en place d’un contexte social propice à développer la motivation intrinsèque dans vos formations en présentiel et à distance ?
 
 
 


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Youri Minne

  • Doctorant en psychologie cognitive

Apprendre des connaissances c’est bien. Mais les transmettre, c’est encore mieux ! Ayant toujours été passionné par l’apprentissage durant mon cursus de psychologie, j’ai la chance d’écrire des articles de vulgarisation sur des théories scientifiques. J’espère ainsi, au travers de mes articles, transmettre mes connaissances avec la même passion qui m’animait lors de la découverte de celles-ci.

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 Un commentaire


  • Marloie

    Merci Youri pour cet article.
    En complément, j’aimerais partager l’importance des apports de Carl Rogers, psychologue américain du XXè, qui a créé et développé l’Approche Centrée sur la Personne (ACP). Cette approche est une manière singulière de conduire tout processus d’évolution, de développement de la personne (ou d’un collectif) – l’actualisation de ses potentiels -, et pour se faire, Carl Rogers a identifié trois attitudes fondamentales auxquelles doit tendre le psychothérapeute / facilitateur / formateur… :
    – la compréhension empathique : je tente de m’approcher au mieux du cadre de référence de l’autre et je le fais savoir que je tente de le faire
    – le regard ou l’accueil positif inconditionnel : j’ai confiance dans les capacités de la personne que j’accompagne dans son processus de formation, et j’accueille ses réactions, ses limites, et toute situation de manière inconditionnelle
    – la congruence : je suis lucide quant à mes propres mouvements internes et j’en fais part si cela s’avère utile au processus de la personne ; je suis pleinement moi-même dans ma relation avec la personne accompagnée, je ne me cache pas derrière un masque d’expertise, de fonction.

    En exerçant ces trois attitudes, nous pouvons espérer créer un climat relationnel facilitant et permettant aux personnes, aux stagiaires de s’autoriser à être pleinement elles-mêmes, à accueillir leurs propres limites pour mieux les dépasser, à développer leur compétence, à actualiser leur potentiel.

    L’ACP est facile à comprendre intellectuellement, mais elle est d’une finesse infinie lorsqu’on tente de la mettre en application.
    C’est le chemin que j’ai choisi depuis plusieurs années maintenant et que je tente au mieux de mettre en oeuvre dans mes diverses interventions !

    Je vous invite à découvrir cette très belle et puissante approche…

    Bien à vous

    Aurélie

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