Utiliser le toucher en formation

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On dit souvent qu’il faut multiplier les canaux de perception pour mieux apprendre : visuel, auditif et kinesthésique (qui concerne la perception par le toucher). Or, lorsqu’on réfléchit aux canaux qui sont classiquement sollicités lors de l’apprentissage, seuls le visuel et l’auditif entrent en jeu régulièrement. En effet, nous sommes habitués à écouter un formateur parler ou à regarder ce qui est écrit sur un support projeté. Le seul contact physique impliqué dans l’apprentissage est souvent celui du stylo et de la feuille (si l’on exclut le contact avec les autres apprenants, mais il s’agit là d’une forme d’éducation tout à fait différente … hum).  Alors, comment le canal kinesthésique peut-il être mis à contribution lors de l’apprentissage ?

Multiplier les canaux

Maria Montessori, qui a créé une méthode pédagogique aujourd’hui enseignée dans plus de 20 000 établissements, a été la première à utiliser le canal kinesthésique, notamment pour l’apprentissage des mathématiques et de la lecture. En effet, pendant longtemps on a parlé de « profil auditif » pour les personnes qui apprenaient mieux en écoutant ou de « profil visuel » pour  caractériser celles qui retenaient mieux les informations lorsqu’elles les voyaient. Aujourd’hui, on considère que ces affirmations font partie des neuromythes (des idées fausses que l’on se fait sur le cerveau, cf. l’article de Raphaël sur le sujet). En réalité, le cerveau mémorise bien mieux les informations lorsqu’elles se présentent à lui via différents canaux de perception.

Ajoutez le toucher !

Une équipe de chercheurs du Laboratoire de Psychologie et Neurocognition de Grenoble a montré que le toucher facilite l’apprentissage de la lecture en permettant de mieux connecter la vision et l’audition. Généralement, pour déchiffrer des mots nouveaux, nous apprenons à associer un stimulus visuel (le mot écrit) à son stimulus auditif (le son).

Les chercheurs ont comparé deux méthodes d’apprentissage dans lesquelles des adultes devaient apprendre 15 stimuli visuels nouveaux, inspirés de lettres japonaises, et leurs 15 sons correspondants. La première méthode ne sollicitait que l’ouïe et la vision. La seconde faisait appel au toucher en plus. Les chercheurs ont ensuite effectué des tests pour déterminer laquelle des deux méthodes était la plus efficace.

Les résultats révèlent que les sujets sont capables d’apprendre les associations entre stimuli visuels et auditifs avec les deux méthodes mais que les performances sont bien meilleures avec la seconde méthode. Le toucher jouerait un rôle de « ciment » entre la vision et l’audition, favorisant ainsi la connexion entre ces sens.

Et en formation ?

Dans le cadre d’une formation, on sollicite généralement le canal kinesthésique pour faire apprendre des gestes professionnels. Par exemple, pour expliquer comment on installe un appareil, on peut tout d’abord montrer les actions à réaliser sur un schéma, tout en décrivant ce qui doit être fait et ensuite demander aux apprenants de réaliser eux-mêmes les gestes en situation réelle. Cette implication du corps, par l’intermédiaire du toucher, permet de mieux mémoriser ce qui a été présenté.

Mais, comme pour l’apprentissage de la lecture, on peut également réfléchir aux moyens d’impliquer le toucher pour transmettre des contenus théoriques. Lors de la création de Mind Map avec un groupe d’apprenants, on peut par exemple leur proposer de suivre les chemins avec le doigt afin qu’ils puissent ressentir le lien entre les idées. Le fait de manipuler des post-it, lorsqu’ils sont utilisés en réunion pour construire une stratégie d’entreprise par exemple, peut également faire intervenir le canal kinesthésique.

Utiliser le toucher, c’est donc donner les meilleures chances aux apprenants de comprendre et de mémoriser. Toucher c’est gagné !


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