Pédagogie et andragogie : soyons précis ! (Part 2)

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Cet article est le 2nd d’une trilogie ; cliquez ici pour voir le 1er et pour voir le 3e !

Trois modèles de pédagogie

 

En Occident, on distingue généralement trois modèles en matière de pédagogie : le modèle de l’empreinte, le modèle béhavioriste et le modèle constructiviste. Ces modèles reflètent les évolutions de la société et ont chacun des avantages et des faiblesses à prendre en considération en fonction de la situation, du contenu à transmettre, de l’enseignant, de l’apprenant etc. 

  • Le modèle de l’empreinte 

Dans ce modèle, dit aussi modèle « transmissif », l’apprenant est considéré comme une page blanche, vierge de toute connaissance sur le sujet abordé, que l’enseignant a pour mission de remplir. L’apprenant est passif dans ce processus : il doit écouter et observer mais on ne lui demande pas ou peu de réfléchir ni de poser des questions. L’accent est donc mis sur la relation didactique entre l’enseignant et le savoir.

On part également du présupposé que le savoir transmis ne sera pas déformé si l’enseignant est clair et que les élèves sont attentifs.

Le modèle de l’empreinte a l’avantage d’être économe en temps et en moyens ; il peut donc être approprié lorsque les apprenants sont attentifs et motivés. Cependant, il manque d’efficacité si les apprenants arrivent avec des connaissances préalables sur le thème étudié : comme elles ne seront pas débattues, elles peuvent brouiller la compréhension du message transmis par l’enseignant. De plus, sans discussion, il n’y a aucun moyen de vérifier que tous les apprenants ont compris la même chose.

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  • Le modèle béhavioriste

Dans ce modèle, dit aussi de « conditionnement », on considère que la tête de l’apprenant est une « boite noire » dans le sens où l’on ne peut pas savoir quels processus s’y opèrent au moment de l’apprentissage. L’enseignant estimant qu’il ne peut pas agir sur cette boite noire, il s’intéresse à ce qui « entre » et « sort » de la boite noire, c’est-à-dire aux comportements de l’élève avant et après l’apprentissage. Son objectif est de conditionner l’apprenant pour que ses comportements initiaux se transforment en « bons » comportements (les réponses qu’il donne aux questions par exemple).

Concrètement, ce conditionnement consiste à décomposer l’apprentissage en plusieurs étapes. Chaque étape valide l’acquisition d’un comportement par des exercices. L’enseignant peut ainsi suivre l’évolution de l’apprentissage et repérer les étapes bloquantes pour l’apprenant ; ce qui lui permet de s’adapter au rythme de l’élève et de lui proposer des activités personnalisées. L’apprentissage est achevé lorsque l’apprenant est capable de faire toute la série d’exercices prévue. Pour les béhavioristes, l’apprentissage passe donc par l’expérience.

Si cette méthode très graduelle pour apprendre est souvent couronnée de succès et est pratique pour l’évaluation, elle possède malgré tout une limite majeure. En effet, le découpage en étapes entraine parfois un manque de vision d’ensemble, de compréhension globale, pour l’apprenant. Par conséquent, seul et sans balisage, il n’est pas toujours capable de retrouver la logique qui l’a amené au résultat final.

  • Le modèle constructiviste 

Pour les constructivistes, l’apprenant n’est jamais vierge de tout savoir. L’enseignant n’a pas pour rôle de transmettre le savoir mais d’amener l’apprenant à construire son apprentissage à partir de ses propres connaissances et expériences.

Pour cela, il doit d’abord créer une situation destinée à faire prendre conscience à l’apprenant de son manque de connaissances initiales (c’est ce qu’on appelle la création d’un « conflit cognitif »). Par exemple, l’enseignant peut lui présenter un problème venant démentir ses idées ou un travail de groupe qui l’amènera à confronter ses croyances avec celles de ses pairs. Cette prise de conscience déstabilise l’apprenant car elle remet en question ses représentations initiales ; mais elle est nécessaire pour que l’élève comprenne la nécessité de sortir de sa zone de confort pour chercher une nouvelle solution.

L’enseignant doit ensuite aider l’apprenant à intégrer le nouveau savoir en l’accompagnant dans sa réflexion, en le laissant commettre des erreurs, en lui permettant de tâtonner jusqu’à ce qu’il parvienne à une solution. Enfin, il doit proposer des exercices personnalisés pour que l’apprenant puisse consolider ses nouvelles connaissances.

Avec une pédagogie constructiviste, l’apprentissage prend tout son sens pour l’apprenant car il a conscience que cela lui permet de résoudre un problème. Il ne fait pas les exercices demandés seulement parce que c’est imposé par l’école mais parce qu’il en a compris l’intérêt. De plus, les conceptions initiales en contradiction avec le nouveau savoir étant détruites ou remodelées, il y a peu de risques pour qu’elles ressurgissent et viennent perturber la compréhension acquise.

Néanmoins, ce modèle a également des limites : il exige de l’enseignant non seulement d’avoir du temps à consacrer à l’élaboration d’une véritable stratégie pédagogique mais aussi de disposer d’un haut niveau de compétences et de créativité. De plus, la phase de déstabilisation est parfois très délicate, surtout pour les élèves en difficulté et/ou qui manquent de confiance en eux.

Par la prise en compte des caractéristiques de l’apprenant et la volonté de donner du sens à l’apprentissage, c’est le modèle constructiviste qui se rapproche le plus des principes de l’andragogie, la « pédagogie pour adultes ». Mais il faudra attendre la semaine prochaine pour le détail des similitudes et différences entre pédagogie et andragogie !


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