Cet article est le 3e d’une trilogie ; cliquez ici pour voir le 2nd et là pour voir le 1er !
-
Comment l’andragogie se distingue-t-elle de la pédagogie ?
Etymologiquement, le terme « andragogie » vient du grec andros qui désigne l’homme – au sens adulte de sexe masculin – et de agô, « mener, conduire, élever ». Ainsi, l’andragogie désigne la formation pour adultes (essayons de faire abstraction mesdames du fait que l’adulte est ici assimilé à l’homme uniquement !). La différence principale entre la pédagogie et l’andragogie est donc le public visé même si, par abus de langage, « pédagogie » est généralement employé pour les enfants et les adolescents comme pour les adultes.
L’andragogie part du postulat que l’adulte est différent de l’enfant et qu’il a donc besoin d’un enseignement distinct. En effet, l’apprentissage semble se heurter à plus de difficultés chez un apprenant adulte : celui-ci a généralement des capacités de mémorisation moins grandes que l’enfant (par manque de pratique essentiellement) et son esprit est moins ouvert à la nouveauté, moins malléable car déjà empli de convictions et de certitudes. Mais rassurez-vous les enfants ne gagnent pas sur tous les plans ! L’adulte a tout de même pour lui une expérience plus longue qui peut servir la compréhension et un esprit critique plus développé qui lui permet de trier les informations et de les exploiter avec justesse.
Pour prendre en compte les caractéristiques des adultes, plusieurs principes doivent être respectés en andragogie. D’abord, l’élément essentiel pour élaborer une formation pour adultes efficace est de lui donner du sens. Un adulte est motivé pour apprendre s’il y voit un intérêt. Le formateur doit donc amener l’apprenant à prendre conscience des besoins et envies qu’il peut satisfaire grâce à la formation. Il doit également être capable de justifier ses choix et de convaincre de la cohérence et de l’utilité du programme de formation proposé. Par ailleurs, un adulte cherche à acquérir des compétences et des connaissances qui peuvent lui servir dans la vie réelle. C’est pourquoi il faut concevoir la formation autour de situations réelles, se baser sur les expériences socioprofessionnelles de l’apprenant et l’encourager à être actif dans son apprentissage. Enfin, un adulte a une forte conscience de soi, de sa singularité en tant que personne. Il est pour cela plus en recherche d’échanges avec le formateur et les autres apprenants que d’une simple transmission du savoir. L’enseignement doit donc être interactif.
Mais alors, me direz-vous, dans ce cas quelle différence entre les pratiques de pédagogie et d’andragogie ? En effet, en lecteur assidu, vous avez lu les deux premiers articles de cette série « Pédagogie et andragogie : soyons précis ! », et vous savez qu’en pédagogie aussi (notamment dans le modèle constructiviste), il est préconisé de donner du sens à l’apprentissage, de privilégier l’interaction et de partir des expériences et connaissances de l’apprenant. Cela s’explique par l’évolution de la conception de l’enfant dans la société. En effet, on s’est peu à peu rendu compte que l’enfant partage en fait de nombreuses caractéristiques avec l’adulte et que, par conséquent, les méthodes initialement spécifiquement destinées à l’adulte peuvent également s’appliquer en pédagogie.
Finalement, si l’âge de l’apprenant ne peut évidemment pas être ignoré, distinguer une démarche pédagogique d’une démarche andragogique semble aujourd’hui un peu dépassé. On ne le dira jamais assez : il n’y a pas de recette miracle pour faire une bonne formation ou un bon cours. Tout dépend du contexte, de l’objet d’apprentissage et du profil de l’apprenant. C’est en tenant compte de l’ensemble de ces facteurs que l’enseignant ou le formateur peut atteindre ses objectifs.
5 commentaires
Bonjour,
Je suis arrivé sur votre site par hasard et je me permet de vous signaler une erreur dans votre définition de l’andragogie.
Andragogie vient du Grec anir (ανήρ) au nominatif qui devient andros (άνδρας) au génitif, qui veut dire « homme » (dans le sens d’homme mûr, et de l’être humain adulte, (non genré)) et (αγωγός) agogos qui veut dire « guide ».
Rassurez-vous, nombreux sont ceux qui commettent la même erreur.
Bien Cordialement
Bonjour,
Dans tout ce que vous avancez, je ne vois pas la place de l’adolescent.Peut-on parler de pédagogie à son niveau ou andrologie. Il n’est n’y enfant ni adulte.
Bonjour, et merci pour votre retour.
Effectivement, la différence entre pédagogie et andragogie n’est pas clairement définie pour l’adolescent, et on ne sait au final pas vraiment dans quelle case mettre cette période. Mais est-ce forcément un problème ? Notre article se termine en disant que peu importe que l’on parle de pédagogie ou d’andragogie, l’importance est de prendre en compte le contexte, l’objet d’apprentissage ou encore le profil de l’apprenant. C’est en tenant compte de l’ensemble de ces facteurs que l’enseignant ou le formateur peut atteindre ses objectifs, qu’il ait affaire à un adulte, un enfant ou un adolescent.
E.C. Lindeman (l’un des pères de l’andragogie) aurait tendance à parler de pédagogie concernant les adolescents. Je m’explique: dans l’un des fondements de sa théorie, l’orientation de l’apprentissage, il dit que: “Contrairement aux enfants et aux adolescents dont l’apprentissage est orienté autour du programme, les adultes orientent leur apprentissage autour de la vie […]”. Tiré de l’ouvrage de Dominique Chalvin, Formation méthodes et outils – encyclopédie des pédagogies pour adultes – tome 2, ESF Editeur, Issy-les-Moulineaux, 1996.
De nos jours , on parle de différenciation pédagogique. Le contexte ,l’objectif et le type d’apprenant déterminent la conduite à tenir pour un bon enseignement apprentissage.