PEDAGOGO #41 – OVIDE DECROLY

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Chaque lundi, nous vous proposons de voyager dans l’Histoire de la pédagogie, à travers les portraits des plus grand.e.s pédagogues et théoricien.e.s qui ont influencé nos modèles contemporains.
 

Ovide Decroly, c’est qui ?!

 

Né le 23 juillet 1871 à Renaix, en Belgique, et mort le 10 septembre 1932 à Uccle, en Belgique, Ovide Decroly est un pédagogue, psychologue, médecin-éducateur et célèbre professeur de psychologie de l’enfant.
 
Issu d’un milieu bourgeois, Ovide est un enfant dit “difficile” qui rejette la formation que lui imposent ses parents. Au contraire, le jeune Ovide se passionne pour les arts et les sciences naturelles via l’observation.
 
C’est donc tout naturellement qu’il se dirige vers des études de médecine à l’Université de Gand. Au fur et à mesure de son parcours, il s’intéresse de près à la médecine mentale, ce qui l’amène à passer un séjour à la Salpêtrière à Paris. Ovide Decroly s’oriente ensuite vers la neuropsychiatrie et la psychologie.
 
En 1898, il s’établit à Bruxelles où il entreprend des recherches sur les maladies mentales et sur l’anatomie pathologique du cerveau. Il devient assistant au service de neurologie la Polyclinique de Bruxelles où il prend en charge le département des « enfants anormaux et troublés de la parole ».
 
Il s’intéresse de près aux enfants des quartiers populaires de la capitale belge, ces enfants vivant dans la misère, abandonnés de tous, parfois mutiques, handicapés ou à la santé mentale dégradée, qu’il appelle “les irréguliers”.
 
Ainsi, dans la lignée des travaux des précurseurs de l’éducation nouvelle que sont Jean Itard ou Maria Montessori, il fonde en 1901 l’Institut d’Enseignement Spécial – Laboratoire psychologique du Dr Decroly pour ces enfants déficients laissés pour compte (puis une seconde école, pour les “enfants normaux”, l’école de l’Ermitage, qui se base sur les mêmes principes).
 
L’institut offre un accompagnement particulier à ces enfants négligés par l’école populaire, cette école catholique traditionnelle qu’il fustige. Toute sa vie, il n’aura de cesse de se battre pour une école pour tous, plus humaine, intégratrice, adaptée et laïque.
 
À ses débuts, il reçoit ces enfants déscolarisés directement chez lui pour les observer dans leur quotidien. Son objectif ? Offrir un accompagnement global, une éducation large et démontrer que ces enfants sont tout aussi “éducables” que les autres (avec un accompagnement adapté).
 
Il entend révolutionner le système scolaire belge en abolissant l’organisation traditionnelle, reposant entièrement sur les disciplines classiques, au profit d’une éducation plus globale et de projets longs, basés sur l’observation et la pratique et choisis par les enfants eux-mêmes, afin qu’ils y trouvent du sens.
 
Il voit la réforme de l’école et de l’éducation qu’il promeut comme un vecteur de changement et de rapprochement des peuples, mais aussi comme un levier pour lutter contre les inégalités et les injustices.
 
Plus tard, il participe au Ier Congrès international de Pédagogie, qu’il préside en 1911 à Bruxelles, et au Congrès international de Calais de 1921. La même année, il participe à la fondation de Ligue internationale pour l’Éducation nouvelle aux côtés de John Dewey et Maria Montessori.
 

Et Ovide Decroly, quelles sont ses idées ?

 
Les idées maîtresses de la pédagogie d’Ovide Decroly reposent sur trois principaux piliers : les centres d’intérêt de l’enfant, la globalisation et l’observation.
 
Pour Decroly, afin de développer l’intelligence d’un enfant, il faut stimuler sa curiosité, rendre attractif l’apprentissage, s’adresser à ce qui le motive : ses centres d’intérêt. Les intérêts des enfants sont directement en lien avec leurs besoins fondamentaux (se nourrir, se reposer, lutter contre les intempéries, se défendre et produire/travailler). Ce n’est que grâce à l’évocation de ces centres d’intérêt que les enfants feront des liens entre ce qu’ils ont observé et abordé, afin de créer des associations d’idées qui répondront à l’un de leurs besoins.
 
À partir de ces centres d’intérêt, la classe élabore des projets sur différents sujets de son choix. Ainsi, à partir de l’observation d’un objet ou d’une situation, les enfants construisent leurs apprentissages en associant ces observations avec d’autres ou avec des sujets déjà explorés puis, enfin, ils expriment ce qu’ils en retirent.
 
Pour Decroly, l’école est un laboratoire et ne doit pas se cantonner à la classe. Il faut certes apprendre entre quatre murs (et pas seulement en classe mais aussi dans une cuisine, dans un atelier, etc.) via la manipulation d’objets ou la création de maquettes, mais aussi expérimenter dehors, dans le milieu naturel ou même en ville, afin de s’immerger dans le quotidien des enfants, de donner du sens à leurs apprentissages et de les préparer à l’avenir.
 
Enfin, il part du principe que l’enfant n’est pas spontanément analytique, il apprend et observe sans établir d’ordre, il saisit les choses de façon globale (et parfois de façon confuse). Pour organiser et structurer l’apprentissage, il faut que l’école s’adapte et qu’elle propose aux enfants d’appréhender les choses dans leur ensemble, via l’observation du concret, puis, dans un deuxième temps, que le professeur propose de passer au particulier, aux détails. C’est à partir de ce constat qu’a été créée la “méthode globale” de lecture et d’écriture.
 
La “globalisation” pousse aussi à l’interaction interdisciplinaire autour d’une idée pivot préalablement identifiée, “le projet”.
 
Chez Decroly, il n’y a pas de programme classique à terminer, de manuel ou même d’horaires. Tout s’articule autour de projets et de plans de travail à moyen/long terme autour de sujets librement choisis par les enfants. En effet, n’importe quel sujet permet de déboucher sur des apprentissages scientifiques, économiques, géographiques, etc. Cette liberté de choix stimule le travail car les apprentissages développés et les exercices tirent leur sens de leur utilisation immédiate.
 
La méthode de Decroly repose aussi sur d’autres points, notamment :
– le jeu,
– le travail en équipe,
– l’instauration de responsabilités et la création d’une société miniature régie par des règles de vie en communauté,
– la suppression des systèmes de notation.
 
Après la mort de Decroly en 1932, ses écoles lui survivent et une nouvelle école portant son nom est même créée en 1943 à Saint-Mandé. Dans de nombreux pays (Turquie, Bolivie, Chili, Equateur, Uruguay, Brésil, Colombie, etc.), les programmes éducatifs s’inspirent de ses méthodes et de sa vision.
 

Quelques ouvrages d’Ovide Decroly à consulter :

– Causeries à Renaix/Toespraak te Ronse, 1904
– Causeries du Docteur Decroly, 1908
– Le programme d’une école dans la vie, 1908
– Initiation à l’activité motrice et intellectuelle par les jeux éducatifs, 1914
– Le rôle du médecin dans l’orientation professionnelle, 1914
– Vers l’École rénovée. Une première étape, 1921
– La fonction de globalisation et l’enseignement, 1929

 
 
 


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Aymeric Debrun

  • Diplômé de Sciences Po Lyon – Master Coopération internationale et aide au développement

Découvrir un domaine inconnu, une nouvelle idée, une information ignorée. Se mettre à lire, étudier, analyser, comprendre. Puis approfondir, creuser, se passionner. Et enfin intriguer, intéresser, expliquer, transmettre. Et recommencer.

Un chemin maintes et maintes fois parcouru aussi bien dans ma vie personnelle qu’étudiante. Chez Sydo, j’ai trouvé un travail pour continuer à l’arpenter et faire de ce chemin… un schéma pédagogique.

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