Jeu ne suis pas un héros : le jeu pédagogique oui, mais pas n’importe comment

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Jeu pédagogique

La semaine dernière, nous avons vu que le jeu pédagogique peut renforcer la motivation et l’attention mais aussi favoriser la mémorisation et les interactions, à condition d’être bien conçu. Aujourd’hui, nous allons voir que le jeu doit être utilisé à bon escient et bien pensé pour atteindre ses objectifs.

Jeu ne suis pas un héros

 
Attention, le jeu en formation, ce n’est pas la panacée. Le jeu, bien que puissant, n’est pas une solution à tous vos problèmes.
 
En effet, dans certaines situations, le jeu est à proscrire. Dans certains cas, les formés, déjà intéressés par le sujet, souhaitent obtenir des informations directement, sans artefact. Le risque est de les démotiver, qu’ils aient l’impression de perdre leur temps voire qu’ils se sentent infantilisés. C’est ce qu’expliquent Kyewski E. & Krämer N. C. (2018) dans leur article “To gamify or not to gamify? An experimental field study of the influence of badges on motivation, activity, and performance in an online learning course”.
 
Par exemple, pour un onboarding, les formés sont déjà motivés “intrinsèquement” par le sujet : ils veulent accéder à des informations-clés pour réussir leur intégration dans leur nouvelle entreprise et directement se présenter comme un élément pouvant apporter à celle-ci. Aussi, produire un jeu dans ce cadre là, pour cet objectif et ce public, serait inutile voire contre-productif car l’attention et l’engagement des joueurs seraient alors très faibles.
 
Le risque ainsi de l’ajout d’éléments de ludification dans un processus d’apprentissage est de diminuer fortement la motivation intrinsèque de personnes qui sont d’origine motivées, soit le désir de réaliser une activité pour le plaisir ou l’intérêt qu’elle procure, sans récompense externe.
 
Pour aller plus loin sur le sujet de la ludification et des motivations intrinsèque et extrinsèque, je vous invite à lire cet article d’Elisabeth Lavoué pour le Réseau Canopée.
 
Par ailleurs, produire un jeu pédagogique n’est pas simple. Voici quelques pièges à éviter :
 
L’absence d’objectif clair : un jeu mal pensé, sans objectif pédagogique clairement défini, peut vite devenir une distraction (potentiellement pas top) au lieu d’un outil d’apprentissage.
 
Un jeu pédagogique déséquilibré : si créer un jeu est de nature complexe, concevoir un jeu pédagogique efficace et ludique est une véritable gageure. Le nécessaire équilibre entre jeu et apprentissage est très dur à trouver. S’il y a trop de contenu, le formé ne joue plus, et son attention peut s’envoler. Si le jeu prend trop le pas sur les connaissances, autant jouer à un jeu de société classique, vos formés ne ressortiront de toute façon pas avec grand chose.
 
La fatigue ludique : trop de jeu peut engendrer une lassitude chez les participants, surtout s’ils enchaînent des activités ludiques répétitives ou inadaptées à leurs attentes.
 
Le jeu est un outil, pas une finalité. Il doit être utilisé avec parcimonie pour maximiser son impact, tout en restant pertinent.
 

Quand utiliser le jeu ? Pour quels objectifs pédagogiques ?

 
Le jeu en pédagogie, à l’instar de l’humour par exemple, doit être utilisé avec intelligence, justesse, parcimonie et surtout au bon moment et avec un objectif en tête. Il peut être utilisé à plusieurs moments d’une formation pour atteindre des objectifs variés :
 
Apporter des contenus. Le jeu peut permettre d’introduire de nouveaux concepts et ce, de manière ludique et détournée, cassant par la même le stress inhérent à certains sujets. Ainsi, le jeu peut ainsi pousser les apprenants à manipuler et expérimenter des notions complexes à travers des scénarios interactifs.
 
C’est notamment ce que nous avons tâché de faire en concevant et réalisant des jeux interactifs en 3D pour RTE : dans ces maquettes, les joueurs doivent répondre à des situations critiques en manipulant divers éléments du décor afin de faire découvrir les principales caractéristiques des lignes électriques à courant continu.
 
Mémoriser de nouveaux concepts et renforcer des connaissances, via des répétitions engageantes facilitant ainsi l’ancrage profond.
 
C’est notamment le cas d’un jeu que nous avons réalisé pour Lyon Métropole Habitat, Quizo, sur les bonnes pratiques à appliquer pour respecter la norme ISO 50001, norme qui porte sur la réduction de la consommation d’énergie par la mise en œuvre d’un système de management de l’énergie.
 
Appliquer de nouvelles connaissances, via la mise en pratique de concepts théoriques dans un contexte ludique ET sécurisant.
 
Nous avons conçu un jeu pour répondre à cet objectif pédagogique pour Sorbonne Université sur le sujet de l’écriture égalitaire : suite à la présentation de différentes règles, nous proposons aux formés des outils afin d’appliquer celles-ci de manière ludique.
 
Évaluer, afin de vérifier la compréhension de concepts et contenus déjà vus en temps réel via des jeux de type trivia (Trivial Pursuit par exemple) ou encore dans des serious game ou des escape games.
 
Nous avons conçu un jeu pour Fnac Darty visant à évaluer les connaissances des formés à la fin d’une formation portant sur la durabilité en s’inspirant de la fameuse épreuve du 4 à la suite dans le jeu télévisé Questions pour un Champion.
 
– Enfin, le jeu permet de développer des compétences transversales comme l’intelligence sociale, la communication, la gestion du temps, la prise de décision sous contrainte ou encore la négociation.
 
Le jeu s’adapte ainsi à de nombreux contextes pédagogiques, avec l’avantage de mêler apprentissage sérieux et plaisir.
 

Et sinon, comment concevoir un bon jeu pédagogique ?

 
Nous avons abordé assez de questions pour aujourd’hui. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour discuter des trois niveaux de ludification, de player agency (ou vous expliquera plus tard), de scénarisation ou encore d’avatar.
 
Vous verrez, il n’y a rien de plus sérieux que de créer un jeu.
 
 
 
 
 
 
Illustration réalisée via ChatGPT.
 
 


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Aymeric Debrun

  • Diplômé de Sciences Po Lyon – Master Coopération internationale et aide au développement

Découvrir un domaine inconnu, une nouvelle idée, une information ignorée. Se mettre à lire, étudier, analyser, comprendre. Puis approfondir, creuser, se passionner. Et enfin intriguer, intéresser, expliquer, transmettre. Et recommencer.

Un chemin maintes et maintes fois parcouru aussi bien dans ma vie personnelle qu’étudiante. Chez Sydo, j’ai trouvé un travail pour continuer à l’arpenter et faire de ce chemin… un schéma pédagogique.

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