Et toi, comment t’enseignes ? – La classe autonome

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Classe autonome

Introduction à la classe autonome

 
Depuis six ans, Juline Anquetin Rault, professeure d’histoire-géographie-EMC, formatrice et dirigeante d’une agence de soutien scolaire, expérimente une nouvelle méthode pédagogique dans les centres de formation d’apprentis (CFA), les lycées professionnels mais aussi les lycées de filière générale (des professeurs d’établissement supérieur ont même été formés et l’utilisent régulièrement) : la classe autonome.
 
Cette approche cherche à répondre aux défis posés par l’hétérogénéité des profils des élèves dans ces lieux éducatifs (élèves avec des facilités scolaires, personnes en reconversion, multi-dys, personnes en difficulté avec les apprentissages traditionnels, individus maîtrisant difficilement le français, élèves passionnés par leur futur métier, etc.).
 
L’objectif de cette méthode est simple : rendre les élèves acteurs de leur propre apprentissage tout en prenant en compte leurs particularités.
 
Ce système, qui se veut modulable et adapté à chaque groupe, repose sur une pédagogie active et inclusive, et rencontre un succès grandissant auprès des enseignants et des élèves.
 

La classe autonome : un enseignement qui s’adapte à l’hétérogénéité

 
Face à l’hétérogénéité des profils, les cours magistraux traditionnels peuvent rapidement devenir inadaptés. Les cours d’histoire-géographie (1h40 en moyenne pour le cas de Juline), par exemple, se révèlent souvent trop longs pour des élèves qui préfèrent, pour une grande majorité, être debout dans un atelier que derrière un bureau.
 
La classe autonome répond à ce défi et part du postulat que les élèves apprennent mieux en étant actifs et en s’appropriant rapidement les savoirs. Aussi, la classe autonome permet de rendre les apprentissages plus interactifs, en encourageant l’autonomie et en donnant la possibilité aux élèves de s’investir à leur rythme.
 

La structure de la classe autonome

 
Le fonctionnement de la classe autonome repose sur une alternance de temps collectifs, avec professeur, et en autonomie :
 
1. Phase descendante (25%) : un cours magistral bref et ciblé permet d’introduire les notions essentielles. Ce moment reste indispensable pour donner un cadre et des repères aux élèves.
 
2. Quiz rapide (15%) : pour s’assurer de la compréhension immédiate, les élèves réalisent un quiz. Cet exercice rapide permet de vérifier que les bases ont été assimilées avant de passer à l’étape suivante.
 
3. Ateliers en autonomie (50%) : les élèves sont ensuite invités à travailler sur différents ateliers. Ils peuvent choisir librement l’ordre dans lequel ils effectuent leurs tâches, travailler seuls ou en groupe, et gérer leur temps. Tout le matériel est autocorrectif et il existe une grande diversité de supports : vidéos, flashcards, exercices oraux ou écrits, etc.
 
4. Temps informel (10%) : ce moment est réservé aux échanges spontanés entre élèves, permettant de consolider leurs apprentissages dans un cadre plus détendu.
 
Ce système permet non seulement de varier les formats d’apprentissage, mais aussi de donner aux élèves une plus grande liberté dans la gestion de leur travail. Résultat : moins de problèmes de discipline, car les élèves sont constamment en activité, plus heureux et engagés.
 

L’apprentissage par le numérique et le matériel interactif

 
Un autre atout de la classe autonome est l’intégration du numérique et des outils innovants. Les élèves utilisent régulièrement des quiz en ligne, des vidéos pédagogiques ou encore des applications interactives comme LearningApps ou Canva pour travailler des compétences spécifiques.
 
La réalité virtuelle (VR) peut aussi offrir des perspectives incroyables : les élèves peuvent, par exemple, explorer virtuellement les grandes aires urbaines mondiales ou même revivre des moments historiques (Juline fait notamment revivre dans ses classes la bataille de Waterloo). En histoire-géographie, ce matériel immersif permet aux élèves de s’approprier des concepts abstraits de manière concrète.
 
Par ailleurs, des outils plus tangibles comme des maquettes du corps humain ou des objets inspirés de la pédagogie Montessori sont également utilisés, particulièrement adaptés pour les élèves en difficulté ou ayant des troubles d’apprentissage.
 

Un cadre qui soutient les enseignants

 
La classe autonome n’est pas seulement bénéfique pour les élèves, elle représente aussi une bouffée d’air frais pour les enseignants. Loin des méthodes traditionnelles où l’enseignant doit constamment superviser et faire respecter l’autorité, ce système leur permet de jouer un rôle de guide et de facilitateur.
 
Les élèves, grâce à leur autonomie, apprennent à collaborer et à s’organiser, ce qui laisse plus de liberté à l’enseignant pour soutenir individuellement ceux qui en ont besoin.
 

Une communauté grandissante

 
L’une des forces de la classe autonome réside également dans la communauté qui s’est formée autour de cette méthode. Avec près de 15 000 membres sur une plateforme Facebook dédiée, les enseignants partagent leurs expériences, échangent des ressources et s’entraident dans la mise en place de leurs propres ateliers.
 
Cette dynamique collaborative permet à la méthode de se diffuser rapidement, touchant désormais plusieurs centaines de professeurs en France et à l’international. Le succès de cette méthode a même conduit à la création de formations spécifiques pour les enseignants souhaitant l’adopter. En deux jours, ils apprennent à concevoir et structurer leurs propres classes autonomes, à partir d’une base de plus de 60 ateliers modélisés pour divers matières et niveaux.
 

Et maintenant ?

 
Le succès de sa méthode a permis à Juline d’être sélectionnée parmi les dix finalistes d’un mondial des enseignants en 2021, le Global Teacher Prize, considéré par certains comme le prix Nobel de l’éducation.
 
Elle a créé cette année l’Institut Pédagogique Anquetin Rault à Rouen. Cet institut propose de nombreux services et outils :
 
– des cours de soutien scolaire ;
– des ateliers dans les établissements à destination des élèves ;
– des weekends révisions ;
– des nouvelles vidéos de méthodologie sur Youtube ;
– des nouveaux outils en ligne pour la méthodologie.
 

Conclusion

 
La classe autonome s’impose aujourd’hui comme une méthode novatrice, à la fois flexible et efficace, capable de transformer les pratiques pédagogiques dans les CFA et au-delà.
 
En rendant les élèves responsables de leur propre apprentissage, tout en soutenant activement les enseignants, cette approche répond aux défis de l’attention, de l’hétérogénéité et des difficultés d’apprentissage, tout en insufflant un nouveau souffle à l’éducation professionnelle.
 
Pour de nombreux enseignants et élèves, elle représente une véritable petite révolution éducative qui, comme en témoigne le nombre croissant de ses adeptes, semble promise à un bel avenir.
 
Si vous voulez en savoir plus, nous vous invitons à consulter les différents livres qu’elle a rédigés, à vous rendre sur son site ou sur celui de sa méthode ou encore sur la page Facebook dédiée.
 
 
 
Pour découvrir les autres articles de la série :
La méthode réconciliations
 
 


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Aymeric Debrun

  • Diplômé de Sciences Po Lyon – Master Coopération internationale et aide au développement

Découvrir un domaine inconnu, une nouvelle idée, une information ignorée. Se mettre à lire, étudier, analyser, comprendre. Puis approfondir, creuser, se passionner. Et enfin intriguer, intéresser, expliquer, transmettre. Et recommencer.

Un chemin maintes et maintes fois parcouru aussi bien dans ma vie personnelle qu’étudiante. Chez Sydo, j’ai trouvé un travail pour continuer à l’arpenter et faire de ce chemin… un schéma pédagogique.

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