Méthodes d’apprentissage : dépassons les mythes

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Méthodes d'apprentissage

Lorsqu’il s’agit d’apprendre et de mémoriser des contenus, nous avons tous nos habitudes. Certains ne jurent que par les fiches bristol pendant que d’autres usent et abusent du stabilo, transformant leur document en un patchwork fluo qui pique les yeux. Mais ces méthodes d’apprentissage sont-elles efficaces ? Ont-elles d’ailleurs fait l’objet d’une évaluation scientifique ? Eh bien oui, notamment dans un article scientifique que nous vous proposons de résumer et vulgariser afin d’être mieux à même de vous retrouver dans la jungle des approches éducatives et pédagogiques et choisir enfin celles qui ont prouvé leur pertinence.
 

Méthodes d’apprentissage : une recherche scientifique peu utilisée par les acteurs de l’éducation

 
Malgré l’existence d’une vaste base de connaissances accumulées par les psychologues et les chercheurs de disciplines connexes, les pratiques éducatives, et notamment les méthodes d’apprentissage et de mémorisation, ont été peu influencées par les travaux de recherche. Contrairement aux domaines de la médecine ou de l’ingénierie qui évoluent au rythme des découvertes scientifiques, les savoirs liés à l’apprentissage ont trouvé peu d’échos dans les communautés éducatives et ne se sont pas traduits par une évolution des pratiques.
 
Résultat : les méthodes d’apprentissage utilisées reposent parfois sur des théories séduisantes, des modes passagères, des initiatives commerciales voire des neuromythes et sont souvent peu efficaces voire “dangereuses”.
 
Citons par exemple la théorie de la discipline formelle qui soutient qu’entraîner certaines compétences cognitives, comme la mémoire, permet d’améliorer celles-ci et que cette amélioration se généralise à d’autres domaines. Par exemple, la mémorisation de poèmes est censée renforcer la mémoire, ce qui aiderait ensuite à apprendre des contenus dans d’autres matières. Cette théorie pourtant largement répandue a été invalidée selon l’article précédemment cité faisant l’état de l’art de la recherche en matière de méthodes d’apprentissage et de mémorisation.
 

Quelques méthodes d’apprentissage évaluées par la science et par moi-même !

 
1. Pratique espacée : cette technique implique de répartir les séances de travail sur un sujet complexe sur le temps plutôt que de les regrouper en une seule session. L’idée est d’étudier le même contenu à plusieurs reprises sur une période plus longue pour éviter l’effet bourrage de crâne, améliorer la mémorisation, grâce à la répétition, et laisser du temps au cerveau d’assimiler les concepts nouveaux. Cette pratique épouse bien le fonctionnement du cerveau ;
 
→ Elle est hautement efficace et bien documentée, améliorant significativement la mémorisation à long terme.
 
Mon regard de pro : pas simple à mettre en place dans les entreprises pour des raisons pratiques (notamment en présentiel), mais à privilégier lorsque c’est possible.
 
2. Pratique de récupération : cette pratique enjoint à s’entraîner en faisant des tests ou des quiz pour revoir le contenu préalablement abordé, ce qui permettrait d’améliorer l’apprentissage.
 
→ C’est une technique très efficace, car la pratique de récupération active et renforce la mémoire.
 
Mon regard de pro : mobiliser le contenu déjà vu lors de tests réguliers est un indispensable de la formation. A utiliser sans modération, en présentiel et à distance, à froid ou à chaud. Vous pouvez lire notre article sur le quiz dans les e-learning ici.
 
3. Interrogation élaborative : cette méthode implique de demander aux apprenants de poser des questions détaillées sur un sujet afin d’encourager une réflexion approfondie et une compréhension plus riche et notamment d’explorer et d’expliquer pourquoi et comment les choses se produisent, plutôt que de se contenter de faits ou de définitions simples.
 
→ Elle est efficace et favorise une meilleure mémorisation et compréhension, surtout pour les matières qui requièrent une compréhension approfondie. Cette technique permet de forger des liens plus solides entre les nouvelles informations et les connaissances déjà acquises, facilitant le travail de mémoire à long terme mais aussi l’application des connaissances dans des contextes variées dans un but d’apprentissage global.
 
Mon regard de pro : cette méthode doit être mobilisée sur des sujets complexes qui doivent être véritablement pris en main par les apprenants et appliqués de manière différenciée, suivant le contexte. Elle est cependant moins utile pour les formations sur des sujets à appliquer “tels quels”, par exemple la sécurité au travail.
 
4. Résumé : Il s’agit de demander aux apprenants de produire des résumés sur les contenus étudiés à la fin de la formation/de la classe.
 
→ Bien que couramment utilisée, cette technique n’a pas montré une grande efficacité générale d’après l’étude citée en introduction, peut-être en raison des compétences variables des apprenants en résumé.
 
Mon regard de pro : cette technique peut être utilisée pour valider la compréhension des apprenants mais pas comme outil efficace dans le cadre d’une stratégie d’ancrage mémoriel.
 
5. Surlignage et soulignage : le principe est de souligner ce qui est à retenir ou ce qui présente un intérêt pour la compréhension.
 
→ Très populaire parmi les étudiants, cette technique est l’une des moins efficaces. Cela peut aider à identifier et mémoriser des concepts clés mais ne facilite pas la compréhension et la mémorisation en profondeur.
 
Mon regard de pro : une technique has-been qui rend illisible les supports de formation. Surtout qu’on ne va pas se mentir, vous stabilotez ¾ des documents. Poubelle, donc !
 
 
 
En matière d’apprentissage, comme dans d’autres domaines, il est utile de s’appuyer sur la science et d’interroger ses pratiques, pour éviter d’utiliser par habitude des techniques peu efficaces. Méfiez-vous des “On a toujours fait comme ça” ! Le bon sens n’est pas toujours synonyme d’efficacité 🙂
 
 
 


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Raphaëlle Guy

  • Diplômée d’un master 2 « communication des organisations » spécialité « gestion de l’information » – Lyon 2

Chiffres, équations, éprouvettes, … J’ai beau souvent ne rien y comprendre, les sciences me fascinent. Au cours de mon parcours, j’ai eu l’occasion de travailler avec de brillants scientifiques qui m’ont permis d’éclaircir certains mystères. Je me suis intéressée à la vulgarisation scientifique, à la médiation culturelle des sciences et à tous les outils innovants qui permettent d’expliquer la science au plus grand nombre.

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