Il n’y a rien de plus difficile que de parvenir à synthétiser suffisamment son propos afin qu’il soit facilement compréhensible, sans dénaturer ce que l’on est en train d’expliquer. Cela revient à donner suffisamment d’explications pour montrer l’objet d’apprentissage sous un angle simple, direct, presque immédiat. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la simplicité suppose un travail du contenu pour trouver les bons mots afin d’exprimer simplement les choses. La simplicité est, en définitive, très complexe.
Souvent les formateurs confondent simplicité et spontanéité ; ils se font confiance (à raison) concernant la maîtrise du contenu de leur formation, pour trouver, spontanément, les bons mots. Or, ces bons mots, s’ils n’ont pas été préparés au préalable, ont parfois du mal à sortir. Ces “bons mots” doivent être simples. Ils synthétisent les idées principales, ils portent le sens, ils ont une valeur.
Ces “bons mots” traduisent la simplicité du propos au sens de Victor Hugo : “Donner à chaque chose la quantité d’espace qui lui convient, ni plus, ni moins, c’est là la simplicité”. À chaque chose, sa quantité d’espace… La simplicité du propos permet au formateur d’être juste, précis. De ne pas trop en dire parce que ce qu’il dit contient déjà tout ce qu’il y a à dire.
La simplicité, c’est faire le deuil de ce que l’on sait, pour laisser l’apprenant construire lui-même les connaissances à partir de l’idée simple qu’on lui transmet. Comme pour la création d’un diamant de synthèse à partir d’un fragment minuscule de diamant, on ”fait grandir” le diamant dans un réacteur à plasma en y injectant du gaz ionisé (ou plasma).
Si les diamants de synthèse sont aussi précieux que les diamants “naturels”, il faut nécessairement pour les produire un fragment initial extérieur. Il en est de même pour l’apprenant, il fait siennes les nouvelles connaissances en construisant autour d’une idée simple qui lui est extérieure.
La simplicité n’est pas une réduction du propos, c’est une synthèse, une amélioration. On travaille suffisamment son discours pour construire les bonnes formules, utiliser les bons mots au bon moment afin que “chaque chose mise à sa place et dite avec son mot” (Victor Hugo, William Shakespeare, 1864).
Lire les autres articles de la série :
– Episode 1 : Le principe d’affûtage
– Episode 2 : Le principe de spontanéité
– Episode 3 : Le principe de brièveté
La rhétorique du formateur – Episode 4 : Le principe de simplicité (ou de l’art de dire juste ce qu’il faut)
8 septembre, 2022 | Laissez vos commentaires
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