PEDAGOGO #29 – MARIA GRZEGORZEWSKA

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Chaque lundi, nous vous proposons de voyager dans l’Histoire de la pédagogie, à travers les portraits des plus grands pédagogues et théoriciens qui ont influencé nos modèles contemporains.
 

Grzegorzewska, c’est qui ?!


 
Née 18 avril 1888 à Wolucza, petit village polonais à la frontière avec la Lituanie, Maria Grzegorzewska est à la fois une travailleuse sociale, une des fondatrices du système éducatif polonais moderne et une scientifique reconnue (mais aussi une résistante à l’occupation nazie !).

Maria Grzegorzewska a grandi dans une exploitation agricole dirigée par son père. Celui-ci a toujours lutté pour un traitement plus humain des travailleurs agricoles que ce soit dans son exploitation ou dans celles alentour, ce qui marque durablement Maria Grzegorzewska. Celle-ci est aussi fortement influencée par la manière dont sa mère est impliquée dans des projets sociaux à destination des habitants de leur village. Les besoins des autres sont ainsi au centre de ses préoccupations dès son plus jeune âge.

Très tôt, pendant ses études à Varsovie, elle s’implique socialement et politiquement en fournissant notamment une éducation aux ouvriers. Malheureusement, ses activités amènent la police militaire à évacuer Maria Grzegorzewska de l’actuelle capitale polonaise. Elle voyage alors énormément pour poursuivre ses études (Lituanie, Cracovie, Bruxelles, Londres, Paris, etc.).

C’est au cours de ses études à la Sorbonne, et à la suite d’une visite à l’hôpital de Bicêtre où sont soignées des personnes dites alors « arriérées », que Maria Grzegorzewska décide de dédier sa vie à une catégorie particulière de personnes dans le besoin et fortement ostracisée : les enfants handicapés.

En 1919, elle revient dans la toute nouvelle République polonaise pour créer, et diriger jusqu’à sa mort en 1967, un système national d’institutions destinées aux handicapés à partir des idées qu’elle avait commencé à exposer dans son article « De la nécessité d’organiser une éducation spéciale pour les enfants handicapés ».

Son objectif était de répondre aux besoins des personnes handicapées mais aussi et surtout de permettre à ces derniers de jouer un rôle utile dans la société et d’être considérés comme les autres.
 

Et Grzegorzewska ça donne quoi aujourd’hui ?

 
Pour elle, l’approche pour éduquer les personnes handicapées et ainsi aider à leur insertion sociale et professionnelle – approche qu’elle s’efforcera d’appliquer dans le cadre de l’Institut d’État d’éducation spéciale qu’elle crée en 1922 – devait être holistique :
 
• S’il est nécessaire dans le cadre de l’éducation spéciale d’étudier les déficiences de l’enfant handicapé, il faut aussi identifier les éléments dits « sains », éléments qui doivent être développés et utilisés pour combler ses déficiences. Ainsi, l’évaluation des enfants handicapés doit être globale mais le suivi doit être individualisé pour mieux répondre aux besoins de chacun ;
 
• Si l’éducation spéciale a pour vocation d’éduquer les individus en situation de handicap, elle doit aussi avoir comme objectif de permettre la réadaptation sociale de ceux-ci. Ainsi Maria Grzegorzewska expliquait-elle : « l’objectif ultime […] est de donner autant que possible aux handicapés le sentiment d’être normaux, de les former, de leur inculquer les connaissances et les compétences nécessaires pour qu’ils puissent faire un travail utile à la société » ;
 
Il faut associer l’environnement et faire participer la personne en situation de handicap à la vie du milieu qui l’entoure, en mêlant activités intellectuelles et physiques, mais aussi sensibiliser ce milieu, notamment la famille, pour créer des conditions favorables à l’adaptation sociale ;
 
Les éducateurs voués à s’occuper des personnes en situation de handicap doivent être formés spécifiquement à l’accompagnement de ce public particulier.
 
Maria Grzegorzewska a ainsi laissé un important legs à la pédagogie : elle est considérée comme la fondatrice d’une toute nouvelle branche de l’éducation, l’éducation spéciale.

Mais Maria Grzegorzewska est aussi connue et reconnue pour ses recherches et son travail sur la formation des enseignants, et notamment dans ses différentes « Lettres pour un jeune professeur ». Pour elle, un enseignant doit être profondément bon et moral, mu par une volonté de servir la société. L’enseignant forme les humains, et ce que deviendra un individu dépend parfois fortement des enseignements qu’il recevra.

Ainsi, il doit être sans arrêt à l’écoute de ses élèves mais aussi se renouveler. En effet, l’enseignement ne peut être routinier, l’enseignant ne peut se reposer sur ses acquis, il doit se former tous les jours, être ouvert sur le monde et créatif, et doit constamment lier recherche et enseignement.

C’est cette croyance qui pousse Maria Grzegorzewska à créer l’Institut des enseignants de l’État en 1930, voué à faire monter en compétences les enseignants via la formation continue.

 

Quelques ouvrages de Maria Grzegorzewska à consulter :

Prise en charge éducative des enfants aveugles et sourds
• Lettres pour un jeune professeur
(24 lettres regroupées en 3 volumes)
Le phénomène de compensation chez les aveugles et les sourds
• Analyse des cas de compensation chez les personnes atteintes de surdité et chez les personnes muettes

 
 


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Aymeric Debrun

  • Diplômé de Sciences Po Lyon – Master Coopération internationale et aide au développement

Découvrir un domaine inconnu, une nouvelle idée, une information ignorée. Se mettre à lire, étudier, analyser, comprendre. Puis approfondir, creuser, se passionner. Et enfin intriguer, intéresser, expliquer, transmettre. Et recommencer.

Un chemin maintes et maintes fois parcouru aussi bien dans ma vie personnelle qu’étudiante. Chez Sydo, j’ai trouvé un travail pour continuer à l’arpenter et faire de ce chemin… un schéma pédagogique.

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