Si vous nous suivez régulièrement (déjà merci), vous devez commencer à nous connaître. Entre tests d’outils et dossiers de fond, on a rarement le temps de sortir la tête du clavier. Et pourtant, aujourd’hui c’est hors de notre scope habituel que nous vous proposons de vous plonger.
Parce que savoir comment nous imaginons la pédagogie, c’est bien. Mais savoir comment nos clients voient notre métier, c’est pas mieux, mais c’est au moins aussi bien.
Nous avons donc contacté consultants, formateurs, directeurs pédagogiques, enseignants ou encore communicants, avec qui nous avons eu la chance de travailler, pour tenter de comprendre comment leur métier les faisait vibrer et quel regard ils portaient sur la pédagogie.
Après une trentaine d’interviews il se distingue un certain nombre d’enseignements. 5, pour être précis.
I – Savoir précisément qui l’on forme
Voilà sans doute le principal retour d’expérience qui nous a été fait. Apprendre à connaître son public avant même de songer à un outil. Et s’il nous paraît pourtant évident qu’on ne peut pas aborder un sujet de la même manière avec un enfant de 5 ans qu’avec un enfant de 60, il n’en demeure pas moins que le manque d’empathie pour le public à former se révèle être l’un des principaux facteurs d’échec d’un dispositif de formation.
Mais alors comment une porte pourtant déjà bien ouverte peut-elle être la cause d’un si gros problème ? Comme bien souvent pour un problème simple, la solution ne l’est pas tant que ça.
Premièrement, il s’agit souvent d’un problème de moyens. Si l’on remonte le fil de notre objectif, il n’est pas difficile de comprendre que si l’on voulait former le plus efficacement possible, il faudrait tendre vers l’hyper-personnalisation. Chose faisable pour un groupe de 1 personne, face auquel il est assez simple de cerner le doute dans un regard, de questionner, de répondre à des questions, de s’adapter… Mais l’exercice devient beaucoup plus long (et donc beaucoup plus cher) lorsqu’il s’agit de former 2000 personnes dans 12 langues et à distance.
Ensuite, pour certaines personnes interrogées, il s’agit parfois d’un problème de certitude. Les certitudes sont souvent dangereuses, car celui qui ne doute pas ne questionne pas. Pour le sujet qui nous anime, il est certes plus confortable de construire une formation pour un public dont on imagine tout connaître, plutôt que d’aller l’interroger, mais il n’est pas rare qu’un lien trop distendu entre service formation et terrain donne lieu à des incompréhensions du public visé.
Pour nos interrogés, la connaissance du public est donc une donnée très importante, et nous ne pouvons qu’abonder dans leur sens.
Voici 8 actions simples à mettre en place pour prendre en compte les apprenant dans une formation présentielle et distancielle :
Pour le présentiel :
- Faites des interviews avec les futurs apprenants avant de vous lancer tête baissée dans la conception de la formation. S’il s’agit d’une refonte de formation, réalisez des interviews avec des personnes déjà formées.
- Prévoyez dans votre déroulé pédagogique plusieurs activités différentes pour la même notion, pour pouvoir en temps réel adapter le déroulé de la formation à votre public.
- Faites passer un questionnaire de recueil des besoins avant la formation au groupe d’apprenants – si possible, faites-le même quelques jours ou une semaine avant la formation, pour avoir le temps de faire les modifications qui s’imposent.
- Soyez à l’écoute de toutes les questions pendant la formation, et faites attention aux petits signes qui montrent que la formation ne passe pas.
Pour le distanciel :
- Comme pour le présentiel, faites des interviews avec de futurs apprenants ou des personnes qui ont déjà suivi la formation pour prendre en compte leurs retours dans la conception de votre module.
- Donnez de l’autonomie à l’apprenant : au lieu d’avoir un déroulé linéaire, proposez un ensemble de ressources organisées dans des thèmes, et laissez les apprenants parcourir librement ces thèmes.
- Faites un quiz de positionnement au départ de votre dispositif, et prévoyez un parcours arborescent.
- Suivez les évolutions de l’adaptive learning.
Lire les autres articles de la série :
– #2 – Un savoir n’a aucune valeur si il ne peut être utilisable à l’issue de la formation
– #3 – À la course au digital, nous pourrions tous arriver perdants
– #4 – Ne pas sous-estimer le contexte de la formation
– #5 – De la formation à l’information, il n’y a qu’un pas