Pourquoi la formation en présentiel a encore de beaux jours…

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Pourquoi la formation en présentiel a encore de beaux jours

Dans le monde de la formation professionnelle, l’expression « e-learning » sert très souvent à désigner tout et n’importe quoi (voir à ce sujet le journal du formateur), mais allume toujours dans les yeux de ceux qui se l’échangent un scintillement témoignant d’une excitation, voire d’une fascination surprenantes. L’e-learning est devenu l’alpha et l’oméga de la formation, la solution à tous les problèmes et, par-dessus tout, une dimension incontournable pour toute entreprise digne de ce nom : tout le monde veut son LMS, ses modules scormés, son dispositif multi-device adaptatif et pédagogico-ludique. L’e-learning est désormais à la formation professionnelle ce que PowerPoint est devenu à tout rassemblement de collaborateurs, que ce soit pour parler des résultats de la boîte, des projets à venir, de l’expansion du bâtiment G12 ou du cadeau d’anniversaire du consultant de l’année : obligatoire. Et la formation en présentiel, dans tout ça ?

Il ne paraît donc pas inutile de passer en revue quelques-uns des nombreux avantages de la formation en présentiel afin de contrebalancer, s’il est encore possible, cet engouement général et surfait pour un outil à double tranchant, et qui tranche, avouons-le, souvent à revers. En effet, le présentiel demeure à bien des égards le vecteur incontournable de la transmission du savoir.

Formation en présentiel : s’adapter en temps réel

Premièrement, lorsqu’il est en contact direct avec ses apprenants, en chair et en os, le formateur peut prendre en temps réel la température. On sait tout de suite, quand on est face à un groupe de 10 ou 20 personnes, qui a décroché ou qui ne comprend pas, rien qu’en observant l’attitude des personnes présentes. Celles-ci ont par ailleurs la possibilité de poser directement leurs questions ou d’interrompre le formateur s’ils ont besoin d’éclaircissements afin qu’il répète ou formule son explication d’une autre manière.

En fonction des réactions et des doutes, verbalisés ou non, le formateur peut moduler son discours et infléchir le cours de la formation en choisissant par exemple de passer rapidement sur des éléments qui apparaissent comme connus ou d’approfondir au contraire les notions qu’il pensait être maîtrisées. La formation en présentiel est ainsi garante d’une adaptation totale aux formés et se caractérise par sa plasticité. Devant les apprenants, le formateur est en permanence en train de recomposer le discours qu’il tient et les activités qu’il donne à réaliser, en piochant au fil des réactions et de l’avancée de la session dans toute l’étendue de ses connaissances – censées être bien plus large que le champ précis sur lequel il intervient. Voilà, entre autres, à quoi les formateurs ont été eux-mêmes formés.

Formation en présentiel : capter l’attention

En présentiel, le formateur peut stimuler en temps réel les apprenants qu’il a en face de lui, capter leur attention et entretenir leur curiosité. Il a de multiples moyens de faire en sorte que les formés le suivent : varier les activités, faire une digression, proposer une pause, montrer une courte vidéo, proposer un mini-jeu, etc. À distance, l’apprenant est seul face à son écran et, même si les concepteurs de l’e-learning ont pensé à mettre en œuvre les moyens de capter son attention, cela n’est jamais aussi efficace que l’intervention d’un esprit humain capable de s’adapter parfaitement à son auditoire.

Personnaliser la formation

Ensuite, la formation en présentiel permet à l’apprenant de bénéficier d’un accompagnement sur mesure : le formateur peut passer du temps avec un formé ou un groupe de formés qui ne comprend pas une notion abordée pendant que les autres font une activité adaptée à leur niveau de leur côté. Comme nous n’apprenons pas tous à la même vitesse, ni selon le même mode d’apprentissage, le principe de la pédagogie différenciée permet ainsi à chacun de trouver son compte dans la formation et d’aller à son rythme, tout en étant intégré au sein d’une formation collective.

 

Mettre en situation

Le présentiel se révèle incontournable lorsqu’il s’agit de faire évoluer un savoir-être, par exemple la conduite à adopter lorsqu’on rencontre un client pour la première fois : rien de mieux qu’une mise en situation. En présentiel, il est possible de mettre en place de réels jeux de rôles pour que les apprenants puissent s’entraîner, mais également se mettre à la place de leurs interlocuteurs. D’autre part, pour évaluer de telles compétences liées au savoir-être, le présentiel est une modalité incontournable.

Faire naître une émulation

Par ailleurs, la formation en présentiel est le lieu par excellence de l’émulation, de l’entraide et du travail collectif. Les questions et les remarques des uns peuvent profiter aux autres et, si l’on peut envisager de faire collaborer des apprenants à distance, il n’est jamais plus facile de travailler ensemble que lorsque l’on se trouve dans la même pièce. La dynamique de groupe est particulièrement propice à la construction d’un savoir par la collaboration ou, pourquoi pas, la compétition.

Créer un lien humain

Enfin, le présentiel permet au formateur de créer un véritable lien :

  • Entre les participants et le formateur : on sait que l’apprentissage passe par les émotions, qu’on se souviendra facilement de ce qui a été abordé avec humour ou d’une manière un peu originale. Par ailleurs, la confiance et la motivation naissent de la présence.
  • Entre les apprenants, qui tireront profit des rencontres qui auront été faites.

S’il est évidemment possible d’organiser des visio-conférences, la présence physique est irremplaçable pour créer des liens humains, d’autant qu’elle laisse la place à l’improvisation : on rencontre son formateur et ses pairs également à la pause-café, au cours d’un trajet ou d’un repas partagé. A distance, ces temps d’échanges informels sont tout simplement réduits à néant.

 

Thuriféraires du tout-distanciel, vous faites fausse route : si l’e-learning peut être un outil très utile pour compléter la formation en présentiel, il n’a pas vocation, loin s’en faut, à la remplacer.


 

Aurélien Dorvaux

  • Master « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » – Certifié de lettres modernes

Après huit années passées à réfléchir aux meilleurs moyens d’enseigner le français à des collégiens et des lycéens, j’ai eu envie d’utiliser mes savoir-faire et de prolonger mes réflexions sur la pédagogie dans un autre contexte. J’aime m’interroger sur les mécanismes qui conduisent à la compréhension et sur l’apprentissage. Et comme tous les sujets m’intéressent, je trouve chaque jour chez Sydo de quoi satisfaire ma curiosité !

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 21 commentaires


  • Jeannard

    Pas mal de vérités mais très caricatural. La première qualité de la formation à distance est de permettre à des personnes de bénéficier de formations dont elles auraient été privées. La formation à distance, ce n’est pas seulement le MOOC impersonnel, c’est aussi la correction personnalisée d’un écrit transmiss par la poste ou par internet, une conversation téléphonique ou vidéo. Et la formation en présentiel est rarement l’idéal interactionnel décrit. « Et pourquoi pas la compétition? » dit subrepticement ce pamphlet. Tout simplement parce que la compétition humilie et détruit des personnes.

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  • Montesquieu

    Tout à fait juste. La formation n’est pas uniquement la délivrance d’une recette par le biais d’une vidéo.
    La formation en présentiel est la meilleure façon d’apprendre à cuisiner, avec talent des recettes qui fonctionnent et qui ont du succès et surtout de comprendre que cuisiner est aussi un art !

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  • Camille

    Très juste. Mais là où j’habite, soit je cherche des formations en ligne, soit je passe 3 heures par jour dans les transports pour me rendre dans un organisme de formation…. Le choix est vite fait.

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    • Karine

      Bonjour,
      Pas nécessairement madame, responsable d’un organisme de formation, j’aime à rechercher des formateurs de qualité au plus près de mes clients qu’ils soient en entreprise ou à domicile afin que ceux-ci n’aient justement pas ce transport à effectuer et qu’ils puissent bénéficier de formations en présentiel, souvent complétées par de l’e-learning eu égard aux budgets toujours moins importants dégagés pour la formation professionnelle continue pour adultes, tendance à la baisse qui va d’ailleurs encore s’accentuer et de manière importante avec la nouvelle réforme. Mais c’est un autre sujet.
      La complémentarité des deux types d’enseignement est assez intéressante et souple également. Le Mooc est intéressant mais ne permet pas une personnalisation du niveau car il s’adresse à plusieurs quant au téléphone, il ne faut pas être débutant et 30-45 mn, cela passe très vite.
      Sans doute l’idéal, serait un mélange de tout : le blended-learning.

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      • Meryem

        Je trouve que en elearning c’est un peu compliqué. Moi je préfère par correspondance.

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      • Hercot

        Absolument ok avec vous concernant le blended-learning.
        Formateur depuis 25 ans en technique de vente dans les réseaux (Tryba, Deceuninck, Schüco, Veranco, Art & fenêtres …, je pense que le mixte est parfait. Néanmoins, le partage en présentiel est pour moi, une clé indispensable pour faire évoluer tout un chacun. Concernant l’esprit de compétition, il est plus que souhaité dans ce type de formation car il est le reflet du terrain où les apprenants seront confrontés face à la concurrence (Avec les notions de Sur-Mesure concurrentiel). Alors, pas d’angélisme, on est ici pour progresser et se « tromper », être corrigé et accepter de changer ses méthodes. « Sans concurrence, il n’y a pas de progression ». Etre capable de se remettre en question pour un commercial est indispensable pour sa progression dans son environnement.

        « Guy Hercot de Pragmaconseil »

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    • raphael

      je vous invite a visiter notre site.
      http://www.normaform.fr

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  • Cédric Copy

    Il est certain qu’à l’heure actuelle – la formation présentielle apporte beaucoup de choses que la formation en ligne ne peut apporter. Il me semble qu’il est surtout intéressant d’en souligner la complémentarité.

    Les formations dont on repart le crane pleins de plusieurs jours d’affilés et sans la possibilité de pratiquer ni de garder un lien d’échange avec le formateur présentent aussi de grosses limitations.

    J’opte personnellement pour une approche mixte qui favorise l’intégration et l’accompagnement dans la durée – ce qui est beaucoup plus abordable en ligne.

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  • ludovic ledo

    En effet, n’opposons pas formation en présentiel et à distance multi-modale :
    elles s’articulent ensemble et permettent d’adapter « ou pas » au mieux en fonction de la situation de chaque apprenant un parcours de formation différencié et individualisé ;
    la finalité restant essentiellement et surtout l’atteinte des objectifs fixés et contractualisés par les différentes parties

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  • modeste mous

    La formation présentielle à bien sur conservé tout ses atouts… elle peut être individuelle, personnalisée, adaptée a de petits groupes, et perds son efficacité quand le nombre d’élève augmente…

    La formation à distance apporte d’autres avantages, mais, effectivement, sans reprendre les qualités des cours « avec » le coach.

    Maintenant, soyons un peu honnête, pourquoi cette évolution ? La qualité n’est pas le critère qui prévaut ici.
    De la même façon qu’un groupe de 10 personne formées en une cession rapporte plus, une vidéo bien réalisée, une fois, qui sera vendue sans frais supplémentaire (et sans charge de personnel) à des centaines de personne, c’est très rentable dès lors qu’on sait la vendre.

    Voila pourquoi on nous vante sans cesses les Moocs et autres méthodes nouvelles.

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  • walk the line

    Bien vu « Modeste mou »,
    Le « distantiel », sous toutes ses formes (E.learning, rapid learning, classes virtuelles…) a fait apparaitre toute une série de nouveaux acteurs dans le champs de la formation.
    Peu de ces acteurs sont originaires de la formation ou du « geste pédagogique ». Par contre, ils y ont vu un secteur prometteur, financièrement parlant, peu aguérri aux technologies de l’information, relativement imperméable aux approches marketing et donc…juteux.
    Les promesses faites sur les bénéfices de la « digitalisation de la formation » n’ayant tenu qu’un Eté, ces mêmes acteurs ont juré, la main sur le coeur, que l’avenir était au « blended learning », difficile, en effet, de justifier de la pauvreté des résultats (tx d’abandon considérable, coûts faramineux des programmes « sur mesure », absence d’interaction ou de médiation dont se plaignent les apprenants).
    Pour avoir testé, dans diverses circonstances, le caractère indigeste et la pauvreté des formules pré-citées, je pense que le mouvement de balancier va bénéficier à nouveau au présentiel.

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  • Bruchet

    Je suis mal placé pour offrir des généralités, je me contenterai donc d’un témoignage personnel en comparant ce que j’ai ressenti à de nombreuses reprises en suivant des MOOC ou en suivant un séminaire de formation en groupe. La formation en groupe introduit pour moi une stimulation liée aux interactions et aux comportements toujours imprévisibles des autres participants.Moi qui ne suis pourtant pas du tout compétitif je suis stimule dans les efforts et ma concentration par ce que font les autres. JE ne l’ai jamais vécu avec un MOOC. Par ailleurs je crois être une confirmation vivante de l’adage selon lequel on apprend en corrigeant ses erreurs. EN présentiel la boucle de rétroaction est rapide et en plus’ en toute camaraderie on peut aussi apprendre des erreurs ou tâtonnements des autres. AU formateur le rôle de maintenir un esprit de tolérance et d’entraide et d epzrtzge entre les participants: ne pas juger mais montrer les options. Jp bruchet

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  • Martine Guérin

    La technologie est un support,comme le tableau de papier !
    Ne confondons pas une fois encore les outils utilisés par le formateur et l’objectif pédagogique 😁

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  • JLM Consultant

    « Vieux formateur » que je suis, j’ai vécu l’arrivée de la FOAD (Formation Ouverte et A Distance) et du E-Learning avec beaucoup de réserve ! 20 ans après, je reste convaincu que la formation en présentiel a encore de beaux jours 🙂

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  • Chantal

    j’avais l’habitude de réussir mes recettes telles qu’elles sont données directement par un chef.
    On ne sait pas si ce sera toujours le cas avec http://recettes-faciles.site (en ligne bien sûr)

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  • au

    Google a raison d’insister sur des actions de référencement naturel. C’est parce qu’il constate que les humains sont capables de réfléchir, d’improviser s’il le faut même devant des actions répétitives et fastidieuses. Jusqu’ici et on y croit fort bien que nul ne pourra remplacer la présence humaine notamment dans le domaine de la formation. Si les distanciels ont été prouvés efficaces dans tous les plans, il n’y aurait plus aucun centre de formation, ni même une université physique. Dans le secteur industriel où l’automatisation constitue la majeur partie des activités, la présence humaine peut ne pas être nécessaire seulement dans certaines chaînes. Aujourd’hui, au lieu d’encourager les salariés à se former sur Internet, la plupart des entreprises restent encore fidèles à la formation continue intra entreprise selon ce qui est développé dans cet article: https://www.aprentiv.com/formation-continue-intra-entreprise

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  • Olivier Notheaux

    Pourquoi opposer les deux modes ? Ils sont complémentaires. Pour les utiliser, en dosant bien, cela fonctionne.
    Mais attention, le distanciel ne permet pas des cours longs. L’attention se perd très vite.
    Et puis, une autre notion est à prendre : en France, nous sommes très attachés à l’humain contrairement à d’autres sociétés plus individualistes.

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  • Johan

    la comparaison présentiel et e Learning ( ead , foad,etc) est une erreur à mon sens .La complémentarité serait plus judicieuse, l’EAD est un outil intéressant sur des apports de connaissances didactiques nécessitant la prise de connaissance théorique , prise de connaissance évaluée à travers QCM, QROC afin de connaître l’assimilation de ces nouvelles connaissances théoriques. Notamment en début de stage ou en pré requis d ‘une formation. Cela permet effectivement peut-être de raccourcir le volume horaire. mais ensuite sur de l apprentissage pur et de la réelle évaluation , le présentiel est incontournable.

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  • Thierry

    Bonjour,

    Oui ces deux modes sont complémentaires.
    Et à l’avenir le formateur indépendant a vraiment intérêt à passer au numérique.
    https://marketing-bienveillant.com/formateur-professionnel-en-presentiel/

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  • Emilie

    Il faut effectivement les 2. La formation en classe ou encore mieux, en cours particulier est plus simple pour l’apprentissage et plus motivante (à condition d’avoir un bon prof).
    Mais c’est vraiment compliqué passé un certain âge de passer 3 mois à temps plein sur une formation à moins d’être rémunéré.
    Il reste alors la formation sur Internet qui personnellement m’a beaucoup appris.

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  • Anglais in France

    Tout à fait d’accord avec vous. Le présentiel est un atout certain pour les formations des professionnels. Notre organisme forme à l’anglais en immersion en France. Les stagiaires progressent au contact de leur formateur natif mais aussi le soir lorsqu’ils interagissent avec la famille anglaise qui les accueille.
    On voit souvent des gens stressés arriver au centre de formation situé en pleine campagne mais qui repartent requinqués en fin de stage.
    Tout le monde n’aime pas le présentiel mais il serait dommage que digitaliser toute la formation. On aurait plus à y perdre qu’à y gagner…

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