Votre N+1 vous a expressément commandé une présentation PowerPoint sur la nouvelle organisation du service que vous avez proposée. C’est une occasion unique de briller et de voir sur les visages de vos collaborateurs l’admiration, voire la dévotion. La suite, on la connaît : proposition d’évolution professionnelle, augmentation, responsabilités, etc. Le problème, c’est que vous êtes parfaitement bien là où vous êtes. Vous n’avez aucune velléité de pouvoir. Tout ce que vous souhaitez, c’est continuer à regarder des vidéos de chatons sur Internet. Seule solution envisageable : projeter un PPT complètement nul, qui ferait bailler d’ennui le plus fayot de vos collègues… Voici nos 11 conseils pour vous planter superbement.
- Utilisez un support unique
Celui-ci, projeté, servira à la fois de support de présentation et, imprimé, de mémo pour les apprenants. Pourquoi s’embêter à faire deux supports ? Faites-en seulement un, qui contient toutes les infos nécessaires. Et distribuez-le dès le début de la session. Les participants ne vous écouteront plus du tout, rassurés par le fait de disposer du support. Et ceux, rares, qui suivent, liront le ppt projeté pendant que vous parlerez et n’écouteront rien de ce que vous direz. D’ailleurs dites tout ce qui vous passe par la tête, tout le monde s’en fout on a dit.
- Chargez les slides au maximum
L’objectif : rentabiliser chaque slide utilisée. Si cela vous aide, vous n’avez qu’à imaginer que chaque slide en plus est facturée par l’éditeur. Vous allez donc écrire le plus de mots possible. Il ne faut pas qu’il y ait trop d’espaces blancs où l’œil pourrait éventuellement se reposer.
- Lisez ce que vous projetez.
Comme tout est écrit sur le support ppt, vous n’avez qu’à le lire. D’une voix monocorde si possible. Et surtout, lisez tout : les titres, les schémas, les éventuelles références de bas de page. Aucun besoin donc de préparer votre intervention. Le support ppt est votre script. Alors, évidemment, pour le lire, vous tournerez le dos aux apprenants : ils ne devraient pas vous en tenir rigueur.
- Multipliez les animations
Explorez les possibilités méconnues de PowerPoint en utilisant le maximum d’animations différentes. Vous veillerez particulièrement à ne jamais utiliser la même deux fois de suite. Tourbillon infernal, chassé-croisé élégant, apparition mystérieuse, rien n’est trop beau pour votre présentation. Vos apprenants, bien qu’impressionnés par votre maestria, risquent vite de se sentir mal. Prévoyez les sacs à vomi pour assurer l’intégrité de la salle de formation.
- Osez les images
Truffez votre support d’images, c’est moderne et tendance. Mais surtout n’oubliez pas de prendre votre apprenant à rebrousse-poil. Je m’explique : vous devez utiliser à chaque fois une image qui n’a rien à voir avec la thématique abordée.
Exemple : vous devez présenter les nouvelles tâches de chaque collaborateur. Dans ce cas, une illustration type soleil couchant ou animal mignon convient parfaitement. Evitez simplement d’utiliser des blaireaux, ils risqueraient de ne pas apprécier votre association d’idées et pourraient devenir agressifs.
Le petit plus qui fera la différence : des images récupérées sur Google Images, de préférence pixélisées et déformées.
- Déstructurez le contenu
Surprenez votre auditoire, en passant d’un sujet à l’autre, sans transition, tel un cabri possédé. Commencez par aborder un contenu puis expliquez-en un autre, et enfin reparlez du premier sujet. Surtout ne suivez pas de fil logique, de complexification progressive. Mélangez tout !
- Frustrez vos apprenants
Vous concevrez le même support pour tous les publics, tous les contextes. En fonction des situations, vous serez donc amené à passer des slides extrêmement vite, en disant d’un air condescendant : « ça, c’est pas pour vous ». Les apprenants se sentiront floués et rabaissés. Il y a de grandes chances qu’ils fulminent et n’écoutent plus rien de ce que vous direz ensuite.
- Utilisez des fonds / masques pops et colorés
Pour habiller votre présentation, utilisez un motif chargé en tant qu’image de fond et/ou un cadre aux couleurs de votre entreprise occupant la majeure partie du slide. Comme cela, vous créerez une récurrence, l’impression d’une continuité, d’un flot, d’un univers rassurant, … bref, vous endormirez tout le monde.
- Utilisez le maximum de polices différentes
N’essayez pas d’instaurer une hiérarchie entre les informations. Utilisez les différentes polices pour égayer votre document ; pas pour mettre en valeur un certain type d’informations.
Pour une petite touche « fait maison » : favorisez les polices manuscrites, parfaitement illisibles.
- Ne donnez aucune indication sur votre progression
Ce qui est angoissant en formation, c’est de ne pas savoir où on est, et quand cela va s’arrêter. Pour maintenir vos apprenants dans ce brouillard pénible et éprouvant, surtout n’annoncez pas de plan et ne placez pas de repères sur le support, qui permettraient de connaître le nombre de slides qui restent à faire défiler. Maintenez donc le suspens et la tension, au détriment du bien-être de votre auditoire.
- Pour finir en apothéose, utilisez mal le vidéo-projecteur !
Il vous suffit simplement de prévoir une cale branlante, qui fera pencher l’image projetée. Vous pouvez également mal régler le focus et faire subir à vos apprenants une image floue, ne permettant pas de conserver les yeux sur l’écran plus de 2 minutes.
Et pour les plus audacieux d’entre vous, nous proposons le nec plus ultra de la formation ratée : le coup de la panne ! Dans ce mode expert, vous tripoterez l’appareil durant 15 minutes en lâchant de temps à autre des jurons fleuris. Puis, la mine défaite, vous annoncerez à votre auditoire déconfit que la formation est annulée car que vous ne pouvez rien présenter sans support. Du grand art !
* Bien sûr, si vous souhaitez accéder à la gloire et à la promotion salariale, faites l’inverse de ce qui est écrit au-dessus (mais ne venez pas vous plaindre ensuite du fait que vous êtes à la ramasse question chatons, nous ne vous manifesterons aucune forme de pitié).
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Et aussi :
Ne vous relisez surtout pas ! C’est une perte de temps. Votre auditoire est suffisamment intelligent pour corriger les fautes d’accord ou comprendre une phrase dans laquelle il manque un mot.
La seconde, l’individualisation à visée autonomisante, par contre, est plus flexible et prend en charge les dynamiques individuelles et singulières de l’apprenant sur sa formation et ses apprentissages. On s’inscrit ici dans une démarche centrée non plus sur l’activité de l’institution de formation mais sur l’activité de l’apprenant avec une redistribution et un partage des temps de formation. L’apprenant ici est co-constructeur de son parcours et situation d’apprentissage. Le degré de liberté de choix ouvert à l’apprenant constitue donc la différence fondamentale entre une individualisation de type institutionnel et celle à visée autonomisante. Une formation individualisée est donc celle-là qui est flexible, reconnaît et prend en compte cette singularité du sujet apprenant. C’est le degré de libertés de choix ouvert à l’apprenant qui constitue le véritable enjeu de la recherche de flexibilité en formation (Jézégou, 2002). Ces libertés se définissent au terme d’une négociation entre l’institution éducative et l’apprenant, chacun disposant de ses propres ressources et contraintes (Jézégou, 2005). La souplesse du cadre organisationnel du parcours de formation et des environnements d’apprentissage permet d’optimiser les possibilités de choix auprès de l’apprenant.
On sent le fan de power point 🙂
Dommage de citer le blaireau et d’oublier le petit marcassin…
Excellent article, bourré de bonnes astuces ! J’ai bien ri, belle écriture !
Excellent !!!
J’ajouterais : Si vous avez un micro, éteignez le et rangez le afin que les personnes du fond de la salle ne vous entendent pas et puissent vaquer à d’autres choses sans être dérangées !
Déjà vu IRL !