Le sentiment de présence… sans la présence : le défi des robots de télé-présence

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Aujourd’hui, les robots de télé-présence mobiles les plus utilisés dans les secteurs de la santé, de l’éducation ou de l’entreprise sont bien éloignés des technologies visibles dans le film Star Trek. Il s’agit d’un écran monté sur roues, pouvant être commandé à distance, depuis un ordinateur ou un smartphone. Une application de commande permet de faire bouger le robot, comme on le ferait avec un personnage de jeu vidéo : une webcam est fixée sur le poste de commande et une autre sur le robot.

 

 

Une société lyonnaise de robotique, Awabot, distribue des robots de télé-présence conçus par l’entreprise américaine Suitable Technologies, fonctionnant avec l’application de pilotage BEAM. Elle propose différents modèles : alors que le modèle le plus cher coûte 17 000 euros et mesure 1m60, le modèle intermédiaire est plus accessible – il coûte 6 000 euros, mesure 1m40 et possède jusqu’à 8h d’autonomie. C’est ce modèle intermédiaire qui est principalement utilisé dans le domaine de la formation et de l’éducation.

Il a d’ailleurs été utilisé dans le cadre d’un projet[1] piloté par le conseil régional Rhône-Alpes : en 2014, trois lycées pilotes de la région lyonnaise ont été dotés pour une période de 2 ans et demi d’un robot de télé-présence. L’objectif était d’aider des élèves n’ayant pas la possibilité de se déplacer pour des raisons médicales. Cette expérimentation a permis aux élèves concernés d’une part d’écouter les cours et de répondre aux questions, mais aussi de se déplacer dans l’espace grâce au robot, et donc de se rapprocher des autres pour un travail en groupe, de participer aux récréations ou d’accompagner leurs copains à la cantine par exemple.

Le robot de télé-présence ne permet pas seulement de suivre les cours, mais aussi de bavarder dans le fond de la classe à l’intercours… C’est bien l’atout indéniable de la télé-présence, et c’est d’ailleurs la clé du discours commercial d’un des principaux fabricants, BEAM : le robot de télé-présence encouragerait les rapports informels, la convivialité, le sentiment de présence, beaucoup moins encouragés par la simple visio-conférence.

A l’Institut Français de l’Education, j’ai eu l’occasion de participer à des réunions en présence d’un collègue télé-présent, et c’était très drôle de se promener dans le couloir avec lui avant et après la réunion : « attends je vais passer dire bonjour à Isabelle ». Parfois on tombait même sur des collègues par hasard : « Oh tiens Aristide ! Justement, je voulais te parler de ça… ».

Aujourd’hui, pour des questions de prix, ce type de robot n’est pas très répandu : pour la télé-présence en entreprise ou dans le monde éducatif, on a encore tendance à favoriser les visio-conférences, via Skype ou Google Hangouts par exemple. Cependant, si les prix deviennent plus accessibles, le monde de la formation et de l’éducation s’emparera peut-être un peu plus de cet outil : en regardant une vidéo de l’Université de Laval, au Québec, on comprend bien l’éventail des possibilités pédagogiques de l’utilisation d’un robot de télé-présence dans un cadre universitaire.

[1] Pour en savoir plus sur cette expérimentation, un bilan d’expérimentation a été mis à disposition sur le site de l’Institut Français de l’Education.

On vous en dit plus sur les robots de télé-présence pour la formation (et sur bien d’autres outils et modèles pédagogiques) dans notre nouveau livre : « Comment formerez-vous demain ? » 


Lena Le Goff

  • Chef de projet – Ingénieure en pédagogie
  • Diplômée de Sciences Po – Master de recherche en histoire.

Les petites satisfactions font les grands plaisirs : finir un livre, monter un meuble, retenir une date, écouter Yelle, et comprendre une notion complexe en font partie. Chez Sydo, le tout n’est pas de comprendre, c’est de savoir expliquer, et ça, pour moi, c’est un vrai défi que je me plais à relever tous les jours.

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