Vidéo, accessibilité et surdité

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Les déficiences auditives touchent une part importante et en constante augmentation de la population : toutes les personnes qui produisent des contenus de formation (surtout pour le distanciel) doivent être sensibilisées aux problématiques de l’accessibilité des contenus aux personnes sourdes et malentendantes.

Quelques chiffres

Les chiffres de la surdité en France sont assez compliqués à évaluer et il n’existe pas de données officielles. Certaines estimations parlent de 400 000 personnes sourdes profondes, auxquelles viendraient s’ajouter environ 5 millions de personnes souffrant de déficience auditive légère ou sévère.

Le sous-titrage, une solution simple et efficace

Pour rendre une vidéo accessible, la première et la plus simple des idées est d’ajouter des sous-titres. Le principal avantage est qu’il s’agit d’une solution relativement facile et peu chère à mettre en place (au moins dans sa forme la plus simple) et qui remplit sa fonction d’assurer l’accessibilité du contenu sans passer par le canal audio.

Aujourd’hui, beaucoup d’outils de lecture de vidéo en ligne permettent d’intégrer facilement des sous-titres. C’est le cas notamment de YouTube qui supporte un grand nombre de formats de sous-titres et dispose même d’un outil de création en ligne.

Les sous-titres présentent également l’avantage de pouvoir être masqués par les personnes qui n’en ont pas besoin, évitant ainsi de modifier inutilement leur expérience.Mais dans le cas d’une vidéo pédagogique, telle que celles que nous produisons, les sous-titres peuvent constituer une gêne à la compréhension. En effet, le but d’une vidéo dessinée est d’associer le son et l’image.

Lorsque des sous-titres sont présents sur la vidéo, le spectateur a tendance à concentrer son attention sur les sous-titres et à faire des allers-retours avec l’image lorsqu’il a le temps. Ainsi il ne peut pas se concentrer uniquement sur l’image et, à cause de tous ces mouvements, son œil fatigue, ce qui engendre une baisse de l’attention.
Même si ces problèmes sont malheureusement inévitables, leurs effets peuvent être limités en respectant certaines bonnes pratiques. Celles-ci sont fixées par les normes en vigueur dans le cinéma et à la télévision.

Leur but est de faciliter au maximum la lecture du spectateur :

  • Un code six couleurs existe pour différencier les propos à l’écran, des propos hors-champ ou encore de la voix-off,
  • Le nombre de caractères par seconde ne doit pas être trop important (pas plus de 15),
  • Une ligne ne doit pas comporter plus de 35 caractères. Cela peut parfois demander d’adapter légèrement le texte pour le rendre plus lisible,
  • Un intervalle d’au moins 4 images doit être laissé entre deux sous-titres.

Pour des informations plus complètes sur les normes de sous-titrage, vous pouvez consulter cet article.

La surdité : une barrière auditive, mais aussi culturelle

Le monde de la surdité profonde est un monde souvent méconnu des entendants. C’est notamment un monde disposant de sa propre culture et de sa propre langue, la Langue des Signes Française (LSF).
Les sourds étant généralement mis à la marge des programmes scolaires, assez peu de dispositifs adaptés étant mis en place, l’illettrisme y est très fort (cette tendance semble néanmoins en recul chez les jeunes générations). Ainsi, pour ces personnes, la langue naturelle est souvent la LSF et le français est une langue secondaire.

De manière générale, l’art de la traduction n’est pas celui du mot à mot, mais celui du monde à monde ; et dans le cas de la LSF c’est particulièrement vrai. La LSF est une langue très visuelle avec une syntaxe, une construction de phrases et des expressions complètement différentes (voir cette vidéo pour quelques exemples).

Ainsi, pour ces personnes, les sous-titres français seraient l’équivalent pour le grand public d’un film sous-titré en anglais ou en espagnol. Autant dire que le temps de lire la phrase, de la décortiquer et d’en analyser le sens, la vidéo a déjà bien trop avancé et l’apprentissage est presque impossible dans ces conditions.

 

La solution la plus accessible serait donc de proposer une version intégrant une interprétation LSF. En plus de permettre la compréhension du sens, l’autre avantage serait que, la LSF étant une langue très visuelle, elle pourrait s’appuyer très facilement sur l’image de la vidéo, la compléter et réintégrer les idées exprimées par le dessin, et elle offrirait ainsi de très bonnes conditions d’apprentissage.
Bien évidemment, cette solution a un coût. Le prix de l’intervention d’un interprète LSF varie entre 70 et 200€ par heure, auxquels s’ajoute tout le travail en interne d’adaptation de la vidéo (prise en compte de l’interprète dans la vidéo, adaptation du rythme et du contenu, etc.).

Conclusion

Parler de rendre un contenu accessible « aux sourds et malentendants » est très réducteur. Au même titre que le handicap physique ou visuel, le handicap auditif possède de nombreuses facettes.
Dans la majorité des cas, les sous-titres seront suffisants. Ils permettent de rendre des contenus accessibles à beaucoup pour un effort relativement faible. Ils tendent à être de plus en plus répandus et devraient être systématiques chez tous ceux qui réalisent des vidéos grand public.
Pour les autres, la solution idéale est de faire appel à un interprète LSF. Cette solution est de loin la plus efficace pour faciliter l’accessibilité, mais elle engendre un coût important, tant en termes d’argent que de temps.

 

Sources

 


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