Peut-on se former sans formateur ? Episode 2

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Suite de notre mini-série sur l’autoformation : au menu aujourd’hui, définition, avantages et inconvénients !

L’autoformation, c’est quoi ?

On l’a vu dans l’article précédent, apprendre sans formateur, c’est donc possible. Et inutile de se placer dans des conditions aussi extrêmes que celles des expériences de Sugata Mitra pour le faire ! Vous comme moi, nous pouvons décider de nous former nous-mêmes, chez nous ou en rejoignant un groupe social sur le web. Car s’auto-former ne veut pas dire se former en ermite, en rejetant tout cadre et tout contact avec d’autres… mais bien décider seul d’apprendre dans un cadre que l’on s’est soi‑même fixé. On parle d’autoapprentissage dès lors qu’un apprenant gère individuellement les paramètres de son propre apprentissage (emploi du temps, lieu(x) de formation, etc.), en recherchant lui-même ses sources et en construisant ses outils d’apprentissage et ses savoirs.

Attention toutefois à bien faire la distinction entre formation et information… Le fait d’avoir accès à une grande quantité de données (notamment grâce au développement d’Internet) et de lire des tas de documents sur un sujet donné ne signifie pas pour autant qu’on a véritablement appris ! Lorsque nous lisons un article ou un livre pour nous informer, nous accumulons de l’information brute. Mais même si nous comprenons mieux le sujet dont il est question suite à ces lectures, nous ne prenons pas nécessairement le temps d’assimiler ces nouvelles données, et nous les oublierons rapidement car elles n’ont pas fait l’objet d’un vrai apprentissage. L’acte d’apprendre va en effet plus loin que la « simple » compréhension : c’est un acte volontaire qui modifie en profondeur nos perceptions, s’inscrit dans la durée et suppose un minimum d’efforts et de répétitions. Apprendre, c’est vouloir donner un sens durable à l’information pour pouvoir ensuite agir concrètement grâce aux nouvelles connaissances acquises.

Pour que l’apprentissage ait lieu, il nous faut donc lire et relire, croiser différentes informations, faire des liens entre elles, les reformuler, et bien sûr mettre nos nouvelles connaissances en pratique pour les ancrer… autant de choses qu’un enseignant ou un formateur nous incitent normalement à faire. La difficulté de l’autoformation par rapport à une formation classique réside donc dans le fait que l’apprenant doit lui-même se prendre en charge et s’obliger à passer de l’accumulation d’informations à l’assimilation d’informations.

Pourquoi se former seul ? Avantages et difficultés

Si se former sans formateur n’est pas évident, pourquoi choisir cette méthode ? La démocratisation d’Internet facilite bien sûr l’essor de l’autoformation, mais ce n’est pas la seule raison. Parfois, nous n’avons tout simplement pas accès à d’autres modes de formation plus classiques faute de structures éducatives à proximité, de temps (emploi du temps incompatible, vie professionnelle à mener de front) ou d’argent (une formation, a fortiori présentielle, coûte souvent cher). On peut aussi ne pas avoir les connaissances requises pour intégrer une formation donnée, être incapable de se déplacer… ou bien simplement vouloir se lancer un défi personnel. Bref, les raisons qui nous poussent à nous lancer dans l’autoformation peuvent être diverses.

Se former seul(e) présente en tout cas un certain nombre d’avantages : souplesse dans l’organisation et les choix de contenus ou d’outils, liberté dans la planification des apprentissages, dans la gestion du temps et de l’espace… Comme la formation n’est pas imposée de l’extérieur, l’intention d’apprendre et la motivation sont souvent fortes. L’apprenant peut aussi adapter facilement ses objectifs en fonction de ses besoins et/ou de ses centres d’intérêt personnels.

« Ce que l’on apprend le plus solidement et ce que l’on retient le mieux, c’est ce que l’on apprend en quelque sorte par soi-même » – Kant (1803) – Traité de Pédagogie.

Mais aussi attirante qu’elle soit, cette liberté d’organisation peut se révéler à double tranchant !  Se former seul nécessite de savoir planifier son apprentissage, gérer efficacement son temps et sa progression… En l’absence des repères habituels (horaires fixes, espace distinct dédié à la formation comme une salle de classe par exemple, présence d’un encadrant qui récompense ou sanctionne, suscitant motivation ou peur de l’échec), l’apprenant peut rapidement perdre le rythme ou se démobiliser.

Alors à quoi faut-il faire attention avant de vous lancer dans une formation sans formateur ? Retrouvez notre dernier épisode la semaine prochaine pour avoir la réponse à cette question 😉


Emmanuelle Veron

  • Master 2 en Sciences du Langage, spécialité Didactique du FLE – UGA et CNED
  • Diplômée de Sciences Po – Master Affaires Internationales

Depuis toute petite, j’adore découvrir et apprendre de nouvelles choses. De l’actualité à la grammaire d’une langue étrangère en passant par les neurosciences, tout m’intéresse (ou presque) ! Je suis aussi fascinée par le langage sous toutes ses formes : les livres, les langues, les images ou la musique sont pour moi autant de moyens complémentaires de transmettre des connaissances et des émotions.
Comprendre, expliquer, donner envie d’apprendre grâce à des supports ludiques et innovants : autant de missions qui me passionnent et qui sont au cœur du travail chez Sydo.

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 Un commentaire


  • Evan

    Bonjour Emmanuelle

    Je vous remercie pour votre article.

    Je vous rejoins, apprendre est vraiment plus simple quand on est seul à apprendre.
    Mais, comme vous le dites, il est plus difficile d’être rigoureux dans l’apprentissage, de se motiver, même dans les périodes où l’on ne progresse pas.

    Déjà en ayant un but, une envie profonde, plus grande que le simple de se former, va nous porter, nous transporter pour apprendre.

    Au plaisir
    Evan

    Répondre

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