L’ennui à l’école

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L’ennui à l’école : un problème insoluble et continuellement d’actualité, d’autant plus lorsque la ministre de l’Education Nationale met les pieds dans le plat.

Un problème qui nous concerne toutes et tous

J’ai été prof de français pendant presque dix ans, alors l’ennui à l’école, je m’y connais un peu. Dans mes cours ou dans ceux de mes collègues, j’ai vu des élèves s’ennuyer pour des tas de raisons et j’ai souffert pour eux. Je me suis ennuyé moi aussi parfois, quand ça n’avançait pas comme je voulais, quand les élèves étaient trop dissipés ou simplement quand je n’étais pas d’humeur.

Pour faire le point aujourd’hui, j’ai mis mes collègues à contribution en leur posant quelques questions, et j’ai aussi songé à ma propre expérience d’élève. Ma question initiale était sans détour : « est-ce que tu t’es ennuyé.e à l’école ? » Primaire, collège, lycée… apparemment, ils avaient pu s’ennuyer un peu partout. Tout le monde s’est senti concerné, avait quelque chose à dire et, surtout, tout le monde a trouvé la question légitime, ce qui était déjà un élément de réponse.

Je m’ennuie, tu t’ennuies, il s’ennuie, elle s’ennuie…

Rien qu’ici, chez Sydo, j’ai identifié quatre raisons pour lesquelles on peut s’ennuyer à l’école.

  • « Trop facile ! »

Certains d’entre nous se sont ennuyés parce que ce qu’on leur demandait de faire était trop simple pour eux. Ils avaient terminé les exercices en cinq secondes avec l’impression que tout était évident. Ils s’ennuyaient chaque fois que le professeur réexpliquait quelque chose à un autre élève qui l’avait mal compris. On s’ennuie quand ça ne va pas assez vite et quand c’est trop facile.

  • « Laisse tomber c’est du chinois. »

Mais on peut aussi au contraire s’ennuyer quand c’est trop compliqué. On a parfois lutté avec certaines matières pendant des années : les langues, la géographie, les maths… chacun sa bête noire. Qu’on se soit accroché un temps ou qu’on ait rapidement baissé les bras, quand le retard accumulé était trop grand, plus moyen de comprendre… Alors les heures passaient lentement. Très lentement.

  • « T’as du mal à dormir ? Passe une heure avec M. Bidule. »

Indépendamment de la matière, on peut aussi s’ennuyer parce que le prof est soporifique. Parlons franchement, on en a tous eu, de ces profs, qui devaient s’ennuyer eux aussi et qui ne parvenaient pas à mettre leurs cours en couleurs. Ton monocorde, activités répétitives voire inexistantes, nous en avons des exemples à la pelle. C’est une constante et une réalité : ce n’est pas parce qu’on maîtrise un domaine qu’on est capable d’y intéresser des élèves.

  • « Je veux pas y alleeeeeeeeer ! »

Et puis quand on est enfant ou ado, on a vite fait de laisser tomber une matière parce que la tête du prof ne nous revient pas. L’affect a un rôle prépondérant dans l’apprentissage. Nous avons détesté certains profs, eu peur d’autres, et nous nous sommes donc beaucoup ennuyés pendant leurs cours. Et c’est bien humain : qui peut faire l’unanimité dans une classe, qui plus est tout au long d’une carrière d’enseignant ?

L’ennui à l’école : un problème ?

Quand j’ai posé la question à un de mes collègues, appelons-le Seb, il m’a répondu presque instantanément : « Non, moi je ne me suis jamais ennuyé. Parce que je dessinais pendant les cours. » Il n’avait pas été intéressé par toutes les matières, loin de là, et n’était pas non plus toujours allé plus ou moins vite que les autres. Il avait simplement profité des longues plages de vide qui découlaient de son manque d’intérêt temporaire pour se livrer à une activité créative. En un sens, l’ennui lui était utile. On n’ira pas jusqu’à dire que c’est parce qu’il s’est ennuyé à l’école qu’il a développé un talent pour le dessin, mais la stratégie qu’il a mise en place tout naturellement pour meubler l’ennui a transfiguré celui-ci en moment privilégié d’invention.
Alors, l’ennui est-il exclusivement négatif ? Les psychologues semblent s’accorder à dire que dans des proportions raisonnables, c’est-à-dire si cela ne tourne pas à la neurasthénie, l’ennui est nécessaire au développement des adolescents, pour être soi-même, penser, faire face à ses angoisses et ses désirs. L’état d’un ado qui s’ennuie beaucoup n’est pas forcément plus préoccupant que celui d’un hyperactif.

Les enfants s’ennuient à l’école : il faut prendre en compte cette réalité pour construire des activités qui les occupent le plus possible, et en majorité. Mais peut-être ne faut-il pas non plus dramatiser le phénomène.

Source de l’image : pratique.fr


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