L’e-learning, du rêve à la réalité

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Le monde de la pédagogie et de la formation a régulièrement de nouvelles lubies : e-learning, serious games, MOOCs, tableaux virtuels ou encore m-learning (mobile learning). Lorsqu’elles apparaissent, ces nouvelles technologies déclenchent un intérêt que l’on pourrait presque qualifier d’hystérique. Cette nouvelle série d’articles propose d’appréhender les nouveautés pédagogiques avec un œil neuf, pour évaluer les forces et les faiblesses de chaque outil. Aujourd’hui, intéressons-nous à l’e-learning.

Né dans les années 90, l’e-learning laissait entrevoir une révolution dans la manière de transmettre du savoir et de former à de nouvelles pratiques professionnelles. On se prenait à rêver d’un monde où nous pourrions tout apprendre devant notre ordinateur, de la manière de faire les meilleurs macarons à la nouvelle règlementation sur l’usage de la poudre d’amande en pâtisserie. Mais les choses ne se sont pas passées tout à fait comme prévues. Récit d’une désillusion.

L’eldorado de la formation

Au départ, on concevait l’e-learning comme une simple digitalisation des formations présentielles. Ainsi, le contenu délivré habituellement par le formateur a été transposé sur un écran, sous forme de blocs de texte, dans des slides. Les exercices ont souvent été réduits à de simples quiz. Les entreprises se frottaient alors les mains : on allait former des centaines de personnes, à moindre frais, étant donné qu’il suffisait de rendre accessible une formation standardisée à tous les collaborateurs (l’ordinateur était déjà implanté dans les entreprises). Par rapport à la formation présentielle, l’e-learning était en effet clairement plus avantageux sur le plan économique puisqu’on pouvait éviter le coût du formateur et la logistique associée.

L’ordinateur, ce sauveur 

À l’époque des premiers e-learning, l’ordinateur était vu comme un formidable outil, qui allait résoudre toutes les problématiques d’apprentissage. Fasciné par l’écran et les multiples possibilités qu’il offre (intégration du texte et du son, liens hypertextes…), l’apprenant allait être en quelque sorte hypnotisé et apprendrait plus facilement. Or, il apparaît qu’on lit difficilement des textes longs sur un écran d’ordinateur (à cause du retro-éclairage notamment) et que l’attention est limitée, lorsqu’on regarde une vidéo, à 3 min environ, alors imaginez du simple texte…

Aujourd’hui, avec la grande mode des MOOCs, on se dit même que si on filme le formateur / enseignant et qu’on met en ligne sa vidéo accompagnée de quelques quiz, les gens vont pouvoir s’auto-former de façon miraculeuse. Il n’est pourtant pas toujours aisé de suivre le monologue d’un enseignant en présentiel sans s’endormir, alors, lorsque cette bonne parole est transmise derrière un écran,  il n’en reste plus beaucoup capables de rester éveillés.

Une approche pédagogique inchangée

L’approche traditionnelle de l’e-learning suppose que le formé soit naturellement motivé pour apprendre et fasse des efforts pour rester concentré pendant une durée significative. Nous restons donc dans la posture habituelle, héritée de l’école classique. Or, nous l’avons vu, ce type d’approche fonctionne encore moins bien devant un écran, sans la parole du formateur qui peut remotiver les troupes lorsque l’attention des formés se dissipe. De plus, le fait d’être seul peut entraîner une certaine monotonie, alors que le fait d’échanger avec les autres est souvent stimulant.

Finalement, apprendre sur un ordinateur peut s’avérer compliqué. Il est donc important de garder en tête les spécificités des usages numériques lorsqu’on conçoit une formation en ligne (temps de concentration réduit par exemple), en diminuant notamment la masse d’informations à transmettre. Il ne faut pas non plus hésiter à mixer un module e-learning avec d’autres outils de formation tels que des livrets pédagogiques ou encore les formations présentielles.

Source de l’image à la Une : Flickr (Ragnvald)


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 3 commentaires


  • Louis Brunier

    Votre article propose un aperçu du e-Learning des années 90. À cette époque, il n’y avait pas de conception pédagogique multimédia, le métier n’existait pas. La progression d’un module était, effectivement, brutale. On ne faisait pas appel à des graphistes ou des ergonomes pour mettre en forme le contenu. Cependant, depuis quelques années maintenant, les e-Learning ont évolué. Le contenu est scénarisé par exemple. Nous pouvons proposer des expériences immersives qui favorisent l’apprentissage. Nous pouvons également utiliser des jauges de score pour qu’un apprenant voit en direct l’impact de ses décisions. Ce ne sont que des exemples des multiples possibilités de conception. 

    Je suis d’accord avec vous, les Serious Game, Les MOOC, le mobile Learning ne sont que des buzzwords qui défilent. Et vous avez raison, il faut garder un œil critique sur le réel apport pédagogique de ces prétendus « révolutions ». Mais il y a dans chacun de ces mouvements de bonnes idées pour améliorer la manière d’apprendre devant un écran. 

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    • Sylvain Tillon

      Tout à fait d’accord avec vous !
      Il est possible de faire des e-learning de qualité. Encore faut-il faire appel à des ingénieurs pédago, et/ou des scénaristes pédago, et/ou des ergonomes… Les solutions sont nombreuses pour améliorer l’expérience des apprenants !

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  • Philippe Lépinard

    Bonjour,

    Pour information, une discussion s’est ouverte suite à ce billet de blog. Elle se situe dans le groupe LinkedIn Association des ingénieurs pédagogiques et experts elearning (AFIM) et porte le nom “Une insulte à la communauté“. Toutefois, malgré ce titre plutôt négatif, les échanges sont très rapidement apparus particulièrement intéressants et constructifs.

    Bonne journée et bonnes fêtes.
    Philippe

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