Article rédigé par Fabrice Cohen de Woonoz, à qui nous souhaitons la bienvenue parmi les contributeurs de Sydologie !
Notre champ visuel est constamment sollicité. Il est donc parfois difficile de se concentrer, de rechercher ou d’assimiler de nouvelles informations. Et pourtant, savez-vous que notre cerveau possède un mécanisme anti-distraction ? Publiée dans The Journal of Neuroscience, cette découverte apporte également un nouvel éclairage sur le trouble de déficit de l’attention et sur l’hyperactivité.
John McDonald, professeur de psychologie à l’Université Simon Fraser au Canada et son étudiant John Gaspar ont mené des recherches et découvert qu’en pleine concentration, le cerveau était capable de nous faire occulter les objets insignifiants. Grâce à plusieurs expériences menées sur 47 étudiants, leurs travaux démontrent que les éléments distrayants sont supprimés, y compris s’ils se trouvent dans le même champ visuel que l’objet de notre attention.
Il s’agit d’une découverte d’importance, car, jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que le cerveau fonctionnait uniquement en se focalisant sur les objets utiles lorsque ceux-ci se trouvent parmi d’autres. Un mode de fonctionnement qui aurait ainsi pu se rapprocher de celui du jeu « Mais où est Charlie ? ». McDonald et Fraser viennent de démontrer que ce mécanisme est toujours valable mais qu’il est complété par celui de l’effacement afin de maximiser nos performances.
Pour optimiser notre concentration, le cerveau parvient donc à sélectionner les données pertinentes et à dissimuler le superflu. Neuroscientifiques et psychologues pensent déjà aux applications potentielles liées à cette découverte pour parvenir à traiter les personnes souffrant d’hyperactivité, de déficit de l’attention ou même de schizophrénie.
Par ailleurs, les chercheurs estiment que leur découverte a d’autant plus d’importance qu’à notre époque les objets électroniques communicants sont de plus en plus présents dans nos vies. Jeux vidéo, sources d’informations, réseaux sociaux… Nous sommes aujourd’hui confrontés en permanence à ces nouveaux outils qui monopolisent beaucoup de notre attention. Ils créent d’ailleurs chez certains un phénomène de dépendance rendant difficile l’idée de les laisser de côté et de stopper leur activité en ligne.
Ces travaux ouvrent également de nouvelles pistes aux chercheurs. Il reste en effet à découvrir comment les éléments jugés inutiles sont repérés puis supprimés pour éviter de perturber notre champ de vision. Les personnes sont plus ou moins sensibles au phénomène de la distraction. Cela reste pourtant la principale cause des accidents et des blessures.
Plusieurs voies sont proposées pour déterminer l’origine de cette faculté que certains ont et d’autres moins. Cependant, aucune d’entre elles n’a pour l’instant été confirmée. Entre l’acquis social et la génétique, nous restons encore dans le flou.
Pour optimiser la concentration dans les méthodes d’apprentissage, sachez que notre capacité de concentration et notre faculté à faire face aux distractions peuvent se travailler et s’améliorer. Une bonne nouvelle pour les distraits et autres rêveurs !
Pour avoir plus de détails sur ces recherches, rendez-vous sur The Journal of Neuroscience.
Source image à la Une : Flickr/Simon Fraser-University Communications
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