Aller à l’école est-il indispensable pour apprendre ?

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Non, répond Céline, mère de 3 enfants qui ne vont plus à l’école. J’ai eu le plaisir d’interviewer cette maman qui, avec son mari, a choisi de s’écarter de la voie « normale » et de partager son expérience d’Instruction En Famille (IEF pour les intimes) sur un blog qui bouscule les idées reçues.

Pourquoi avoir choisi l’IEF ?

Le système éducatif est souvent décrié mais reste encore aujourd’hui considéré comme un passage obligé. L’Instruction En Famille apparaît comme une voie marginale, voire dangereuse pour les enfants. Pour sauter le pas, il faut faire preuve d’une réelle « désécolisation »[1]. Initialement, l’idée de retirer ses enfants de l’école a fait peur à Céline. C’est une rencontre qui a eu raison de ses réticences :

« Mon époux me parlait depuis toujours de l’instruction en famille. Il y a 30 ans, il avait fréquenté en Australie une famille dont aucun des enfants n’est jamais allé à l’école. J’ai rencontré la plus jeune il y a 3 ans (elle avait 36 ans). Son épanouissement, sa liberté de décision, sa capacité à agir et non subir ont été le déclic nécessaire pour prendre la décision. »[2]

Peu après, Céline a retiré son fils et sa première fille de l’école primaire, et la petite dernière de la maternelle. Bien entendu, ce choix impacte le mode de vie de toute la famille : Céline et son mari travaillent désormais tous les deux en tant qu’indépendants pour avoir la flexibilité horaire nécessaire pour s’occuper de l’instruction de leurs enfants.

Comment ça fonctionne concrètement l’IEF ?

En général, les parents adaptent la méthode d’instruction petit à petit. « Au départ, on a fait l’école à la maison, avec des manuels, des exercices à faire… mais je me suis rendue compte que les enfants expédiaient ça pour pouvoir aller jouer. Un peu comme avaler une cuillère d’huile de foie de morue ! Ils ne retenaient rien. »

Aujourd’hui chez Céline, il n’y a pas de leçons, pas de programmes à suivre, pas d’évaluations… Ses enfants suivent ce que l’on appelle un apprentissage « auto-guidé », c’est-à-dire qu’ils construisent eux-mêmes leur programme d’apprentissage au fil de leurs questions et réflexions.

Néanmoins cela ne signifie pas que « les enfants qui apprennent par eux-mêmes sont des enfants livrés à eux mêmes. Ce sont des enfants auxquels on demande d’être acteurs et même metteur en scène de leurs apprentissages au lieu d’être simples consommateurs ».

Ainsi, après avoir regardé un documentaire, fait une recherche internet, lu un article, joué à un jeu vidéo ou tout simplement discuté avec un ami, les enfants de Céline notent leurs interrogations ou leurs envies dans un cahier : par exemple, « comment calculer la monnaie que l’on doit me rendre quand j’achète le pain ? ». Céline met ensuite à leur disposition les supports et outils nécessaires pour qu’ils puissent trouver la réponse à leur questionnement. L’objectif est qu’ils apprennent à apprendre de façon autonome plutôt qu’ils apprennent un maximum de choses dont la plupart n’auront jamais d’utilité dans leur vie « réelle ».

L’apprentissage auto-guidé, c’est aussi s’adapter au profil d’apprentissage de chacun :

« Pour que cela fonctionne, je vous conseillerais de mettre à la disposition de votre enfant les supports qui lui conviennent. Pas la peine de donner à une kinesthésique un ouvrage de 600 pages écrites tout petit, même sur un sujet qui l’intéresse. Aujourd’hui, la panoplie de supports est telle qu’il est compliqué de ne pas trouver son bonheur : il y a des livres dans les bibliothèques municipales, mais aussi des e-books sur Internet ; des documentaires sur YouTube ; des MOOC, avec forums et communautés d’apprentissage ; des plateformes pour créer ses propres communautés d’apprentissage ; des sites de révision en ligne ; des sites de bricolages ou d’expériences sur à peu près tous les thèmes. »

Quels sont les bénéfices de l’IEF ?

« Permettre à ses enfants de diriger ses apprentissages apporte des bénéfices immédiats, comme le maintien de la curiosité, la créativité, la capacité d’apprendre par soi-même dans la liberté et la joie et le respect de ses rythmes personnels. (…) Ça développe pour le long terme la confiance en soi : un enfant qui dirige ses apprentissages dans un environnement adéquat et avec les supports adéquats apprend et prend conscience de ses progrès et avancées. Il n’est pas pressé ni ralenti par le rythme des autres, il n’est pas sanctionné les jours de rêverie. Il se contente d’avancer, d’engranger des connaissances et le plus souvent de les utiliser car souvent, les apprentissages autonomes sont contextualisés et vécus comme les outils au service d’un objectif plus large (on apprend à lire pour pouvoir lire, pas parce qu’on vous a dit qu’il fallait savoir lire). »

Vous souhaitez en savoir plus à propos de l’IEF ?

Que cet article vous ait intrigué ou au contraire ne vous ait pas convaincu du tout, je vous invite :

–       à consulter cette page du blog de Céline qui répond de façon très claire et argumentée à toutes les idées reçues à propos de l’IEF, notamment sur la socialisation des enfants : http://apprendrealairlibre.com/idees-recues/

–       à lire ce livre conseillé par Céline : « Don’t Go Back to School », de Kio Stark.


[1] Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce terme un peu barbare (on les pardonne facilement !), il s’agit d’une « prise de recul considérable sur le rôle et l’impact que l’école doit jouer dans l’éducation et l’instruction ».

[2] Les citations rapportées dans cet article proviennent à la fois de l’interview et du blog de Céline.

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