À la découverte de l’Alter École

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En cette période de rentrée scolaire, nous partons à la découverte de l’Alter École qui fête cette année ses 10 ans d’existence. Depuis 2012, ce lycée, situé à Clavier dans la province de Liège, mise sur l’autogestion et l’autonomie pour redonner aux élèves l’envie d’apprendre. Rencontre avec Justine Gérard, une des coordinatrices de l’école, également professeur de sciences sociales.
 
 
 
• Pouvez-vous nous présenter le projet de l’Alter École en quelques mots ?
 
Justine Gérard : L’Alter École est une école alternative qui dispense des enseignements classiques, tout en proposant une expérience pédagogique différente de l’école traditionnelle. C’est un projet pilote, intégré au réseau organisé par la fédération Wallonie Bruxelles Enseignement. Pilote, car son organisation, son fonctionnement, ses méthodes d’enseignement… permettent de questionner le système scolaire classique et de fixer un cadre institutionnel pour d’autres initiatives alternatives.
 
 
• Comment l’école est-elle financée ?
 
J.G : Nous sommes une école publique, il n’y a donc pas de frais d’inscription. La fédération Wallonie-Bruxelles Enseignement nous verse chaque année des subventions et met à notre disposition des bâtiments.
 
 
• Parlez-nous de vos élèves…
 
J.G : Le lycée accueille une soixantaine d’élèves âgés de 13 à 22 ans, de la 3e à la 6e année de l’enseignement secondaire belge. En France, cela équivaut aux classes de la 3e à la terminale. Certains élèves intègrent l’Alter École, car ils veulent apprendre autrement, dans un cadre différent, d’autres viennent, car ils ne trouvent pas leur place dans le système scolaire classique et ils ont perdu le goût d’apprendre (redoublement, décrochage, phobie scolaire, etc.).
 
 
• Comment les sélectionnez-vous ?
 
J.G : Il n’y a pas de sélection : chaque année, nous organisons une journée portes ouvertes, les élèves intéressés peuvent se pré-inscrire et même venir passer 3 jours à l’école pour s’imprégner. L’école fait face à une demande importante de la part d’élèves : quand nous avons trop de demandes par rapport au nombre de places disponibles, nous procédons à un tirage au sort.
 
 
• Comment se compose l’équipe éducative ?
 
J.G : Nous sommes une équipe de 12 personnes, 11 enseignants dont 2 coordinateurs, et un éducateur. En tant que coordinatrice, mon rôle est multiple : gestion de l’équipe éducative, formation, organisation du quotidien, suivi des élèves en difficultés…
 
 
• Quelle est la particularité du projet pédagogique de l’Alter École par rapport à une école traditionnelle ?
 
J.G : Notre projet pédagogique repose sur différents piliers, comme :
L’interdisciplinarité, avec la mise en place d’ateliers associant généralement 2 matières et réunissant des élèves de tous niveaux. Leur cadre est différent des cours « classiques » avec des interventions de personnes extérieures, des rencontres avec des experts, des moments de travail en autonomie en alternance avec des moments collectifs… Leur objectif est de donner du sens aux apprentissages en partant de la réalité des jeunes. Par exemple, le professeur d’histoire géographie et le professeur de sciences ont abordé ensemble la problématique des inondations qui ont eu lieu à Liège en juillet 2021.
 
Des apprentissages personnalisés, chaque élève est encadré par un professeur et a des objectifs d’apprentissage individualisés. Il y a également un système de tutorat entre les élèves.

La coopération, avec la mise en place de temps projets extrascolaires sur des thématiques comme le théâtre, la musique, la réalisation de courts-métrages, le sport, la construction d’équipements pour l’école… Les élèves ont ainsi la possibilité de s’épanouir au sein de l’école autrement que par leurs résultats scolaires.

L’école hors les murs : le contact avec la nature favorise le développement cognitif des élèves, c’est la raison pour laquelle nous profitons du grand terrain qui est mis à la disposition de l’école pour mener des projets autour de la mare, des arbres fruitiers, du potager, de la permaculture… Nous avons aussi un poulailler et des ruches.
 
 
• Votre fonctionnement a l’air aussi très atypique, dites-nous en plus !
 
J.G : D’abord, l’école est gérée conjointement par les membres de l’équipe éducative et les élèves : des groupes s’occupent ainsi de la cuisine, de l’entretien des bâtiments, du jardin, du potager, des tâches administratives… Les élèves peuvent également prendre toutes sortes de responsabilités, comme faire partie de la cellule médiation pour résoudre les conflits. Enfin, ils font l’apprentissage de la citoyenneté car, deux fois par mois, nous organisons une réunion appelée « agora » pour traiter des problèmes rencontrés par le groupe, réfléchir à de nouveaux projets, organiser des évènements…
 
 
• Quelles sont les perspectives de l’école ?
 
J.G : Nous avons le projet d’ouvrir pour la rentrée 2023 une première et une deuxième année secondaire générale, ce qui impliquerait d’accueillir une trentaine d’élèves en plus. Pour le moment, nous avons mis en place un sondage sur notre site internet pour évaluer combien de familles seraient intéressées pour inscrire leurs enfants.

Il y a actuellement une véritable dynamique d’ouverture d’écoles à pédagogies actives et alternatives en Belgique, nous souhaitons que l’école profite de cet essor et c’est déjà le cas, car des professeurs demandent à venir visiter l’école pour voir comment on y enseigne.
 
 
 
Nous remercions Justine Gérard de nous avoir accordé de son temps pour répondre à nos questions. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’Alter École, voici quelques liens utiles :

Site internet

Podcast de 2010 « L’école pirate », un documentaire de Christophe Rault & Fabienne Laumonier

– Revue Focale – Alter École le savoir par l’action de mars 2015 
 
 


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