C’est sûr, la classe inversée interroge. Elle est souvent critiquée, soit pour l’absence d’études qui prouvent sa pertinence, soit parce qu’elle est adulée et mise en œuvre de manière partielle ou impropre… Mais il n’en reste pas moins que la démarche recèle de nombreux points intéressants, en lien notamment avec les méthodes actives et l’apprentissage expérientiel.
La classe inversée, c’est quoi au juste ?
Introduite il y a une dizaine d’années, la classe inversée vient de l’anglais « flipped classroom », expression de deux professeurs de chimie dans le Colorado, Jon Bergmann et Aaron Sams. Cette méthode a été plus connue à partir de 2012, date à laquelle ils ont publié leur livre « Flip your classroom ».
Le principe de la classe inversée ? Profiter du temps de classe pour laisser les élèves interagir entre eux et avec le professeur. Les notions sont donc apprises en amont en dehors de la classe grâce à des livres ou des vidéos. Elles sont ensuite éclaircies et approfondies pendant le cours présentiel. Plutôt que la connaissance pré-faite du professeur, ce sont désormais les besoins des élèves qui se retrouvent au centre de l’attention, du moins en théorie…
Pourquoi donc la classe inversée est-elle critiquée ?
D’emblée, le nom donné à cette nouvelle pédagogie met la classe « inversée » en opposition à la classe dite « traditionnelle ». D’ailleurs, ses promoteurs redoublent d’arguments contre le système traditionnel mais ceux-ci sont parfois inexacts, voire caricaturaux. Comme s’il allait de soi que le système traditionnel portait toutes les tares qu’on voulait lui coller. L’exemple de la transmission du savoir de manière descendante n’est, en soi, pas une hérésie. Bien au contraire, la démonstration que fait le formateur devant ses apprenants est avantageuse à plusieurs égards ! Par conséquent, les défenseurs de la classe inversée décrédibilisent leur démarche en dressant un portrait au vitriol du système traditionnel, alors même que la classe inversée n’a jamais prouvé ses supposés bienfaits…
En effet, la mise en œuvre de la classe inversée transpose souvent les problèmes de l’enseignement traditionnel dans un nouveau contexte. Par exemple, au lieu que l’apprenant se sente démuni chez lui devant les exercices d’application du cours, il se retrouve systématiquement seul devant une masse d’informations théoriques et non contextualisées à assimiler, ce qui est bien plus dangereux, car la défaillance réside encore plus en amont. Résultat : la réappropriation du savoir se fait douloureusement… ou ne se fait pas, nombre d’apprenants arrivant en classe sans le travail préalable demandé. Le formateur est alors obligé de compenser par… un cours magistral. On revient donc fatalement au point de départ !
Des pistes pour améliorer la classe inversée
Selon Marcel Lebrun et Gemma Serrano, il existe deux types de classes inversées : une classe inversée initiale où l’élève apprend à la maison et approfondit en classe (type 1) ; une classe inversée plus poussée où l’élève recherche à la maison des informations pour préparer des projets ou des débats, ou construit lui-même le cours pour ses camarades (type 2).
Lebrun et Serrano ne parlent ainsi plus de la classe inversée mais des classes inversées (au pluriel). En combinant les différentes pratiques du type 1 et du type 2 dans une forme originale, on crée le type 3.
Grâce au type 3, on reforme le cycle de Kolb ! Le stagiaire s’approprie ainsi le savoir par une démarche qui engage une réflexion personnelle, guidée par le formateur. Il passe par les phases de contextualisation, de décontextualisation puis de recontextualisation. C’est un cadre qui permet d’apporter du sens, de favoriser la réappropriation du savoir et de stimuler l’envie d’apprendre.
Cet article vous a été proposé par Soufiane !