Ce titre peut sembler saugrenu au premier abord. Et sulfureux. Pourtant, loin de moi l’idée de déclencher une avalanche de clics : le sujet est finalement très peu sexy. Point de gif coquin, et encore moins de vidéo tendancieuse. Il sera ici question de l’influence de l’industrie pornographique sur les nouvelles technologies. Rien de très affriolant ! Mais dans le doute, vous pouvez toujours lire l’article jusqu’à la fin…
Quand le X dicte sa loi
Avant la profusion de contenus à caractère pornographique sur Internet, mais après l’époque où la grivoiserie sur écrans était réservée à des petites salles de cinéma dans des ruelles un peu glauques, il a existé une courte période où l’on regardait des films X à la télévision, via un support loué discrètement dans un vidéo club ou acheté chez son marchand de journaux. Ce support était choisi par l’industrie du X. En effet, dans les années 90, deux formats se tirent la bourre : la VHS et le BetaMax. Les grands studios X décident de tout miser sur la VHS, qui devient alors le standard de référence. Finalement, le BetaMax disparaît dans l’oubli : l’industrie du porno a gagné, c’est le support qu’elle prônait qui a eu le dessus.
Aujourd’hui on peut se poser la question de l’importance de l’influence du X dans le développement d’Internet. D’autant que l’on estime que 30 % de l’ensemble du trafic web concerne des contenus adultes (Etude Extremtech – 2012). Certaines technologies qui ont facilité l’expérience de l’internaute (les algorithmes de compression des vidéos qui permettent d’y accéder plus facilement par exemple) ont directement été créées pour la diffusion de films pornographiques. Le porno entend bien conserver son rôle de précurseur ; Dorcel (le fleuron français en la matière) a lancé en 2017 son incubateur, le Dorcel Lab, destiné à soutenir des projets innovants, dans le secteur des SexTech.
Et dans les tuyaux ?
La prochaine révolution portée par le X semble être le développement de la réalité virtuelle. Le site de vidéos amateur Jacquie et Michel, poids lourd de l’offre française de contenus pornographiques, a lancé Immersion, un site web proposant des vidéos en réalité virtuelle (VR). Pour l’instant, tout le monde ne possède pas (encore ?) l’équipement adéquat, et filmer des scènes avec cette technologie coûte jusqu’à 5 fois plus cher. Cependant, l’entreprise française a fait le pari que la réalité virtuelle allait bientôt s’imposer dans les foyers. Si c’est le cas, et puisque le porno se trompe rarement, on peut parier sur une baisse du prix des équipements et un développement de l’offre de contenus. Un développement qui devrait logiquement toucher le domaine de la formation. La prochaine fois que vous serez en formation, en train d’opérer virtuellement un patient grâce à votre casque VR, ne vous demandez pas « Merci qui ? » car vous avez la réponse.
La VR, prochain eldorado de la formation ?
Permettant une réelle implication de l’apprenant, la VR suscite de grands espoirs dans le monde la formation. Pour s’imposer, elle devra pourtant apporter un réel plus par rapport aux technologies existantes (en plus de l’effet « Wahou ! C’est moderne ! »). Parce que si l’on imagine aisément l’intérêt de pouvoir changer d’angle et de voir à 360 ° pour le porno (et vous aussi, bande de fripons), pour la formation, les choses sont moins évidentes. Nous avons identifié plusieurs situations pour lesquelles la VR serait un atout :
– Lorsqu’on cherche à amener l’apprenant sur le terrain des émotions. L’aspect immersif de la VR est un atout pour faire apprendre des contenus qui nécessitent de ressentir des émotions : « comment se comporter en cas d’attaque terroriste » par exemple.
– Lorsqu’on cherche à ce que l’apprenant tente de nouvelles choses. Dans le monde virtuel, on peut ainsi tester des actions qu’on n’oserait pas faire dans la vie réelle. On peut prendre des risques, tout en sachant que c’est pour de faux, et voir ainsi les suites de son action, sans que cela ait des conséquences : « comment opérer un patient » par exemple.
Pour plus d’informations, vous pouvez regarder la vidéo de notre collègue Sydologue Adrien Damond qui a réalisé une présentation sur ce thème (la VR, pas le porno).