Vous pensez que le rap, c’est vulgaire et violent ? Que cela contribue à la décadence actuelle de la jeunesse ? Que c’est un massacre à la tronçonneuse de la grammaire, du vocabulaire, de la syntaxe… de tout ce qui fait la beauté d’une langue ? Et bien, oubliez vos préjugés ! Le rap c’est aussi de la poésie. De la poésie urbaine en lien avec son temps, qui parle de la société, de l’actualité et surtout, qui parle aux jeunes.
C’est cette conviction qui a poussé des étudiants de Sciences Po Paris et de la Sorbonne à créer en 2012 l’association « One, Two, Three…RAP ! » que nous a présentée Hatoumata Magassa, la Secrétaire générale. Cette association a pour objectif d’utiliser le rap pour enseigner l’anglais, matière qui rencontre généralement un succès très relatif auprès des petits Français…
L’association s’est en fait inspirée des États-Unis où le rap, et plus largement la culture hip-hop, est de plus en plus utilisé pour l’apprentissage de matières diverses et constitue un cursus universitaire à part entière dans les écoles les plus prestigieuses comme Harvard, Columbia ou l’Université de New York. Le Président des États-Unis assiste lui-même chaque année à un concours du meilleur rap d’une formule mathématique !
Le succès de l’apprentissage par le biais de la culture hip-hop s’explique simplement : cela suscite l’intérêt des jeunes car c’est la musique qu’ils écoutent, les stars qu’ils admirent. Et le résultat est là : les élèves qui viennent aux ateliers (4 ateliers d’environ deux heures sont organisés chaque semaine à la Courneuve, à Saint-Ouen, à Saint-Denis et dans le 18e arrondissement de Paris de One, Two, Three, RAP) progressent rapidement et gagnent plusieurs points de moyenne sur l’année !
Leur méthode ?
Réunir des élèves de tout niveau et de tout âge (de 12 à 23 ans cette année) pour favoriser les échanges et l’entraide, créer un environnement convivial (avec des petits gâteaux !), ne parler qu’en anglais et de façon décontractée, étudier les textes de chansons qui ont un sens, qui apportent une vision sur la société, solliciter la créativité des jeunes en leur faisant écrire des paroles par exemple, et surtout leur redonner confiance en eux et du plaisir à apprendre l’anglais. Cela passe notamment par l’organisation d’un « cypher » (les élèves rappent en anglais les uns après les autres) à chaque fin d’atelier.
Un peu redouté par les plus timides au départ, ce cypher est à la fin de l’année un vrai show ! Les jeunes font d’ailleurs plusieurs concerts pendant l’année, ont enregistré un album avec le célèbre rappeur américain Raashan Ahmad et ont même réalisé un clip ! Mais l’association ne souhaite pas se reposer sur ses lauriers et a déjà de nombreux projets pour l’année à venir : développer un MOOC, récolter des fonds pour organiser un voyage, rencontrer des associations partenaires à l’étranger. Le rêve restant évidemment de pouvoir emmener les jeunes sur la terre du hip-hop, les « States » !
Voilà le secret pour motiver 80 élèves à revenir chaque semaine après l’école ou le samedi pour apprendre l’anglais !
Le succès de l’association ne passe d’ailleurs pas inaperçu : un partenariat est en cours de mise en place avec l’Ambassade américaine et de plus en plus de profs de l’Éducation Nationale demandent à ce que des bénévoles de One, Two, Three, RAP interviennent dans leur classe pour remotiver leurs élèves.
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Source de l’image à la Une : onetwothreerap.com
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