Article rédigé par Fabrice Cohen de Woonoz, à qui nous souhaitons la bienvenue parmi les contributeurs de Sydologie !
Frédéric Alexandre travaille à l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) et effectue des recherches sur la cognition et le comportement. Il a récemment participé à Bordeaux à une conférence au cours de laquelle il a abordé la notion d’apprentissage. La compréhension de ce mécanisme l’intéresse tout particulièrement, puisque cela amène l’espoir de pouvoir le modéliser et l’exploiter en robotique et en intelligence artificielle.
Son intervention nous éclaire également sur la manière dont nous fonctionnons tous en situation d’apprentissage et peut fournir des pistes de réflexion intéressantes.
Mais, en premier lieu, en quoi consiste l’apprentissage ? Frédéric Alexandre explique qu’il a pour but de permettre à des individus d’extraire des invariants dans un monde multimodal et multisensoriel. Dit plus simplement, cela signifie qu’apprendre consiste à être capable de reconnaître des situations : si je vois un chien aboyer ou si je l’entends aboyer, je sais que j’ai affaire au même phénomène, bien que les modes de perception soient différents. L’apprentissage, c’est aussi adapter cette connaissance à un principe de changement : on reconnaît un autre chien qui aboie, on adapte des comportements sur les types d’aboiements, etc.
Face à un trop grand nombre d’informations qui nous parviennent en permanence, le cerveau met en place trois types de stratégies pour y voir plus clair et faciliter l’apprentissage :
- il commence par ne pas tenir compte d’un certain nombre de données ;
- il simplifie ensuite ces exemples pour ne conserver que l’essence du phénomène (deux tables de couleurs différentes sont quand même deux tables) ;
- enfin, le cerveau utilise également la notion d’émotion. Même si cela peut paraître étonnant a priori, on comprend finalement assez vite que l’on aura tendance à mieux intégrer des choses plaisantes que des phénomènes dérangeants. L’émotion est ainsi une information simple qui va jouer un rôle sous la forme de récompense à l’apprentissage.
Frédéric Alexandre termine en abordant la notion de motivation. Complémentaire de l’émotion, elle donne également une valeur à la notion d’apprentissage, mais en définissant un rôle actif : « Je veux… ». De fait, agir sur les émotions et les motivations a un impact clair sur le processus d’apprentissage.
Mais les choses se complexifient encore avec la notion de mémoire. En effet, il existe différents types de mémoire. Il y a ainsi la mémoire déclarative (celle permettant de déclarer sa connaissance : « Les feuilles de cet arbre sont vertes ») et la mémoire non déclarative, qui permet par exemple de se souvenir comment on fait du vélo. Toutes deux sont des mémoires à long terme. La mémoire à court terme, quant à elle, permet de se souvenir du but (de la motivation) que notre cerveau a associé à un apprentissage.
Prendre conscience de ces différentes mémoires, du fait qu’elles ont un impact important sur le principe d’apprentissage, nous permettra de mieux comprendre comment fonctionnent les apprenants et pourquoi certains sont « sérieux » dans leur apprentissage et avancent vite de manière naturelle, là où d’autres ont besoin de bachoter davantage pour avancer. De la même manière, c’est en tenant compte du principe d’émotion (cela me fait du bien) et de motivation (pourquoi il est important pour moi d’apprendre) que l’on permettra à ces apprenants de mieux avancer.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l’article que Le Monde a écrit à la suite de la conférence de Frédéric Alexandre et qui s’intitule : « Apprentissage, motivation, émotion : comment apprenons-nous ? ».
Source de l’image à la Une : Pixabay
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2 commentaires
bravo les sydologues,
c’est génial d’apprendre avec plaisir!
Bravo à vous,
cela fait longtemps que la qualité de contenu d’un site ne m’a autant enthousiasmé !
Longue vie aux sydologues 🙂 !