Tout le monde a entendu parler des écoles Montessori (il en existe plus de 22 000 partout dans le monde !), mais peu de gens connaissent la vie fascinante de la femme qui en est à l’origine : Maria Montessori. Grande pédagogue dont l’influence perdure encore aujourd’hui, son parcours permet de comprendre comment elle a peu à peu construit ses théories en matière de pédagogie. Rencontre.
NB : cette interview est fictive (ce ne sont pas des paroles rapportées de Maria par d’honorables ancêtres Sydologues) mais les informations sont, elles, exactes.
Vous qui avez travaillé toute votre vie pour l’éducation des enfants, quelle enfance avez-vous eue ?
Je suis née en 1870 dans un petit village italien. Mon père était un militaire assez autoritaire et me destinait à une carrière d’enseignante. C’était un métier honorable pour les femmes qui souhaitaient travailler à l’époque. Mais moi ce qui m’attirait, c’était les mathématiques ! Heureusement, j’ai bénéficié du soutien de ma mère et à 13 ans, je suis entrée dans une école technique pour garçons. Une fois diplômée, j’ai décidé de devenir médecin en dépit de ce que pouvait en penser mon père ou la bonne société. Mon entêtement a fini par être récompensé car j’ai été l’une des premières femmes à recevoir le titre de docteur en médecine en Italie !
Avec un diplôme de médecine en poche, comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser à la pédagogie ?
J’ai commencé à m’interroger sur les pratiques pédagogiques lors de mon travail auprès d’enfants déficients mentaux à la clinique psychiatrique de l’université de Rome. Ils n’avaient aucun jeu pour les aider à progresser alors qu’ils en avaient tellement besoin ! C’est aussi à cette époque, que j’ai découvert les travaux des médecins français Jean Itard (célèbre pour ses essais en matière de pédagogie avec Victor, un enfant sauvage trouvé dans la forêt à l’âge de dix ans) et Edouard Seguin (élève de Jean Itard, connu pour avoir démontré l’importance de la stimulation sensorielle des enfants déficients). Ils m’ont beaucoup inspirée pour aider les enfants dont je m’occupais. Convaincue que leurs troubles étaient davantage d’ordre pédagogique que médical, j’ai décidé de me consacrer entièrement à la pédagogie.
Est-ce à ce moment que vous avez ouvert la première « Maison des enfants » ?
J’ai ouvert la première Casa dei Bambini en 1907 dans un quartier populaire de la banlieue de Rome. C’était en fait un local pour accueillir des enfants défavorisés afin qu’ils ne trainent pas dehors et ne sèment pas le désordre. C’est là que j’ai mis au point ma méthode pédagogique : à force d’observations et d’essais, j’ai appris à connaître, à respecter et à faire confiance aux enfants.
En quoi consiste cette méthode précisément ?
J’aime la résumer par la formule : « aide moi à faire seul ». L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir ! Même les plus petits sont capables d’apprendre par eux-mêmes, de s’auto-discipliner. Il suffit de les laisser LIBRES. Libres de choisir les activités qu’ils souhaitent faire, libres d’y consacrer le temps qu’ils veulent et d’avancer à leur rythme, libres de laisser exprimer leur personnalité et leurs besoins, libres de discuter et de se déplacer. Mais attention, cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune règle en classe ou que l’enfant est roi ! Il peut choisir ses activités mais parmi celles proposées et à condition de les avoir déjà vues avec l’éducateur. De même, il peut parler mais à voix basse et bouger à condition de respecter l’ambiance de travail.
Je pense aussi que le rôle de l’éducateur est d’amener l’élève à être actif dans son apprentissage. Par exemple, il doit le laisser rechercher par lui-même ses erreurs plutôt que de lui donner les bonnes réponses. De plus, il doit agir sur l’environnement plutôt que sur l’enfant lui-même : il peut par exemple chuchoter pour inciter l’enfant à parler moins fort ou mettre à sa disposition un meuble à chaussures pour qu’il les range spontanément au lieu de lui ordonner de le faire.
Comment avez-vous fait connaître vos principes en matière de pédagogie ?
Comme j’ai obtenu de très bons résultats avec les enfants de la Casa dei Bambini, j’ai publié « La pédagogie scientifique » pour expliquer ma méthode et ses origines. Les écoles Montessori se sont alors multipliées, notamment en Amérique du Nord : je formais des enseignants à ma méthode et donnais de nombreuses conférences partout dans le monde. En 1929, j’ai créé l’Association Montessori Internationale pour préserver et promouvoir mes principes pédagogiques. C’était la belle époque… mais dans les années 30 Mussolini a fait fermer toutes les écoles Montessori et j’ai du quitter l’Italie.
Où êtes-vous partie ?
Je suis d’abord allée en Espagne mais à l’arrivée de Franco je suis partie en Angleterre puis aux Pays-Bas avant de m’installer en Inde. J’étais là-bas quand la guerre de 39 a éclaté… Assignée à résidence, j’ai formé des centaines d’enseignants indiens à ma méthode et j’ai eu la chance de rencontrer Gandhi. Après la guerre, je suis retournée m’installer aux Pays-Bas. Marquée par la philosophie hindoue, j’ai décrit mon approche spirituelle de l’enfant dans « L’esprit absorbant de l’enfant » que j’ai publié en 1949, trois ans avant de passer le flambeau à mon fils Mario.
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