Expérience pédagogique : animer un amphi de 200 étudiants

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Mercredi 16 octobre, Régis Goujet m’a proposé un défi assez terrible : animer un cours de finance entrepreneuriale dans un amphi de 200 étudiants en 1ère année à l’EM. Cela représente quelques difficultés, comme intéresser des étudiants en tronc commun à un sujet qui n’est pas passionnant, et comme faire participer tout un amphi à un cours un peu interactif.

Pour changer de ma routine traditionnelle, je me suis lancé dans une expérimentation pédagogique en 4 temps :
– Demander aux étudiants de préparer le cours via un exercice assez complexe ;
Les faire participer grâce à un Tweet Live (utilisation de Twitter en direct) ;
– Leur proposer de prendre des notes en mode collaboratif ;
Les faire voter et participer collectivement.

Lorsque je suis arrivé dans l’amphi, l’effet d’annonce de ces expérimentations a été très bien accueilli. J’ai aussi indiqué que les étudiants qui le souhaitaient n’étaient pas obligés de rester en cours. Le fait de me rendre leur devoir faisait « acte de présence ». Du coup, les étudiants étaient dans de bonnes conditions mentales pour démarrer le cours.

Tout le monde n’avait pas de compte Twitter mais les étudiants ont bien pris en main l’outil. Je les avais tout de même avertis de ses spécificités (profil public, tweets conservés…).

Rapidement, nous avons commencé à corriger le devoir que j’avais demandé. Et comme d’habitude, les étudiants n’ont pas su répondre correctement à la 1ère question. Pour calculer le chiffre d’affaires d’une petite entreprise, ils ont tous (sauf un) oublié d’enlever la TVA.

L’outil de vote (Socrative) m’a permis de tester les différents résultats proposés et d’échanger avec tout le groupe. Un étudiant qui avait donné une réponse farfelue m’a expliqué qu’il avait répondu au hasard… Par contre, il a bien suivi la correction car il voulait comprendre pourquoi il n’avait pas eu juste ! Sur 200 étudiants, 155 ont participé au 1er vote. Ce chiffre a décru au fur et à mesure que la séance avançait. Je croyais que c’était dû à la motivation… Mais j’ai compris dans les évaluations que c’était sûrement dû aux soucis de batteries d’ordinateurs !

Après la pause, tous les étudiants sont revenus ! C’est que le cours n’était pas si affreux.

Pourtant, je commençais à ressentir la fatigue d’une courte nuit à préparer ce cours mais aussi des jongles intellectuelles incessantes entre mon support d’animation, le tweetlive et les résultats des votes. Sans compter que le micro ne marchait pas très bien et m’obligeait à répéter très souvent.

Au final, en tant que formateur, je suis très content de l’expérience. Je me suis même éclaté ! Et j’espère avoir transmis un peu de ma passion des chiffres aux étudiants…

Avantages

Apprentissage par l’erreur : je suis sûr qu’ils retiendront l’histoire de la TVA par exemple.

Responsabilisation : les étudiants choisissaient (ou non) de rester en cours.

Interactivité : les échanges par Twitter m’ont permis de faire quelques courtes pauses mais aussi de mieux ressentir la salle.

Rythme : entrecouper le cours par des votes permet de se poser un peu et de valider que les notions sont bien comprises.

Prise de notes : mon cours a été écrit (je ne l’avais jamais fait) par les étudiants.

Motivation : la mienne tout du moins. Je me suis éclaté à animer ce cours !

Ecueils

– Il n’y avait pas de prises électriques pour brancher les ordinateurs. Compliqué de prendre des notes pendant 3 heures si la batterie ne tient pas la route…

– Il n’y avait qu’un écran (sur lequel j’affichais le TweetLive). J’aurais aimé pouvoir afficher mon support d’animation pour les étudiants qui n’avaient pas leurs ordis (pour voir les docs sur Google Drive).

– Il y a toujours des bugs techniques… Et je n’ai pas réussi à lancer des questions préparées sur Socrative. Donc je me suis rabattu sur les questions à choix multiples et j’indiquais les réponses au tableau.

– Je n’ai pas su modérer le TweetLive durant la dernière partie de la journée. Le TweetLive a été détourné par quelques étudiants très drôles… mais qui ne tweetaient plus sur le cours !

– 3 innovations pédagogiques, ça fait beaucoup, surtout pour une première !

Outils 

Twijector pour le TweetLive : il permet d’afficher les tweets avec le hashtag spécifié du plus récent au plus ancien ;

Google Drive pour la prise de notes collaborative : il permet de charger vos supports d’animation sur la plateforme et de l’ouvrir spécifiquement aux étudiants de la salle grâce à un lien (à envoyer par mail aux étudiants) ;

Socrative pour les votes : très simple à utiliser, il permet de poser des questions en direct et de recueillir les votes des apprenants gratuitement et sans inscription. Il suffit d’avoir Internet (sur ordi ou Smartphone).


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Marine Troadec

  • Ingénieure pédagogique

Si je devais donner un secret de l’apprentissage, je dirais la pluridisciplinarité ! Ma passion pour la pédagogie m’est apparu bien avant mon cursus en sciences cognitives, elle a continué à m’animer en classe et en dehors. Aujourd’hui, alternante ingénieure pédagogique j’ai la chance de pouvoir continuer ma passion de transmettre par la rédaction de ces articles.
 

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 4 commentaires


  • jbplantin

    Bonjour, 
    Merci pour ce partage d’expériences. C’est enrichissant et cela montre qu’on peut bouger les lignes de l’apprentissage. 
    Vous n’avez pas eu de problèmes d’utilisations de Socrative ? Après un essai, cela s’avère lent et impossible de pouvoir ré-ouvrir la page de gestion des Quizz créés …. (?) 

    Répondre

    • Sylvain Tillon

      Bonjour,

      Lors de cette expérience, je n’ai pas utilisé de quiz pré-créés (qui ne fonctionnaient pas bien lors de mes tests).
      Je me suis servi uniquement de l’option « Single Question Activities » et tout s’était bien déroulé !
      De son côté, mon collègue, Thomas, n’avait pas eu de souci avec les quiz pré-créés.

      Socrative est une application en phase bêta (et gratuite). Il peut donc y avoir quelques bugs !

      Sylvain

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  • Anne Onyme

    Bonjour, merci également pour ce retour. Mais le gros écueil, me semble-t-il, est qu’il fait que les étudiants possèdent un ordinateur portable ! Ce n’est malheureusement pas encore le cas de tous. Quelle égalité de traitement dans ce cas ? Que faire pour celles et ceux qui n’en possèdent pas ? Cela a un coût (très élevés pour certains étudiants, boursiers notamment). 

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    • Sylvain Tillon

      Pour faire des sondages « live » sans technologie, je vous conseille Plickers !
      Pour échanger et partager sur Twitter, un smartphone avec de la 3G ou du Wifi suffit (le taux d’équipement est très élevé).

      Néanmoins, je note bien cet écueil supplémentaire.

      Répondre

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