Les MOOC en question !

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Les MOOC débarquent en France, c’est acté et décidé. Mais cela pose des questions ! Dans deux articles du Monde, on s’interroge sur les modalités et les conséquences de cette apparition. Comment les faire ? Avec quels outils ? Et pour quels objectifs ? Quelques questions que nous allons vous exposer dès à présent, sur Sydologie.

1] Quelle plate-forme ?

Dans un article du 16 Octobre, Le Monde s’interroge sur la pertinence de la plateforme utilisée pour les MOOC à la française. Il faut savoir que le Ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur a lancé FUN, pour France Université Numérique, une interface sur laquelle les étudiants pourront recevoir des cours en ligne. Ce site sera opérationnel début 2014. Il utilise la technologie OpenedX, un système open-source, dont les données sont hébergées par l’INRIA, et les vidéos sur Dailymotion.

Le problème qui se pose aux acteurs de l’enseignement en ligne français, c’est la provenance de ces technologies. OpenedX a été développé conjointement par Harvard, Standford et le MIT (entre autres), mais Google y a investi ses billes depuis peu. Et Google, ces derniers temps, c’est le Mal. Le moteur de recherche historique, qui contrôle et utilise les données personnelles de ses utilisateurs, est très mal vu en France, depuis son implication dans le programme PRISM de la NSA. Des voix s’élèvent donc contre l’implication du géant d’Internet dans la plate-forme qui va supporter l’ensemble des cours en ligne du pays.

D’un autre côté, OpenedX fournit une solution fiable, éprouvée et efficace pour mettre en oeuvre des MOOC. Le véritable problème, c’est le manque criant de solutions disponibles en France. Pour un déploiement en quelques mois, il n’existe pas pour le moment de système suffisamment intéressant pour le ministère. De plus, OpenedX est un projet open-source, c’est à dire que ses utilisateurs institutionnels pourront se l’approprier et le modeler à volonté.  Il est donc à espérer que l’influence de l’Etat sera plus importante que celle de Google.

2] Pourquoi faire des MOOC ?

Un deuxième article pose cette question. Les MOOC sont des outils formidables : les étudiants peuvent adapter leurs horaires de travail, les enseignants peuvent disséminer leurs connaissances à plus de monde, la correction est allégée par l’évaluation par les pairs. Ils offrent donc des possibilités dont les enseignants du siècle dernier ne pouvaient que rêver, et auxquelles nous allons devoir nous adapter tôt ou tard. Le problème, c’est la volonté politique des décideurs et des maîtres d’oeuvre :

  • On peut imaginer que les MOOC viendront compléter l’apport de connaissance du cours. Les enseignants pourront mettre en ligne des supports d’initiation, des enseignements connexes, pour permettre aux absents et aux curieux de se familiariser avec la matière. Les thématiques pourront être élargies et approfondies, avec la flexibilité nécessaire pour que les étudiants potentiels puissent s’approprier les savoirs. Ça, c’est le bon scénario.
  • En étant pessimiste, on peut imaginer que les cours en ligne remplaceront les cours physiques. C’est à dire que, puisque les étudiants pourront suivre les cours en ligne, il n’y aura plus intérêt à les doubler par des rencontres à l’université. L’idée est alléchante, elle limiterait les heures de présence à payer, l’occupation des locaux et les risques inhérents à l’interaction entre des élèves et leurs enseignants (ces prétextes sont des exemples possibles). Mais cette évolution se ferait au détriment du lien social, qui peut conditionner la réussite ou l’échec d’un apprentissage.

Selon Guillaume Miquelard-Garnier, maître de conférence au CNAM, c’est un choix que nous aurons très vite à faire. Et ce choix conditionnera la manière dont les prochaines générations seront instruites et formées. Il convient donc de se poser ces questions le plus tôt possible. Autant dire, maintenant.


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Marine Troadec

  • Ingénieure pédagogique

Si je devais donner un secret de l’apprentissage, je dirais la pluridisciplinarité ! Ma passion pour la pédagogie m’est apparu bien avant mon cursus en sciences cognitives, elle a continué à m’animer en classe et en dehors. Aujourd’hui, alternante ingénieure pédagogique j’ai la chance de pouvoir continuer ma passion de transmettre par la rédaction de ces articles.
 

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